Quand la WAW emprunte les Scenic Road.

It’s WAW time.

Là où tout a commencé.

Entre moi et la WAW (initiales de Wild Atlantic Way), tout a commencé un soir d’avril, dans un pub parisien. Invité par Jef à son Apéro du Jeudi, sur la thématique de l’Irlande, je décide de mettre à profit la soirée pour tracer les grandes lignes d’un futur voyage, aux contours encore bien incertains. Je sais que je veux retourner, une fois de plus, en Irlande. Je sais que, cette fois-ci, je veux aller là-haut, tout au nord, dans cette région que l’on appelle le Donegal. Seul souci : je ne sais rien d’autre.

© Apéro du Jeudi

Très vite, je me rends compte que si je veux aller dans le Donegal en famille, il me faudra être véhiculé. De longs échanges avec les copains de Tourisme Irlandais – présents sur place – confirment vite cette idée. Il me faudra une voiture, un itinéraire et un fil rouge. Tout doucement, quelque chose se dégage tandis que j’étudie la carte, quelque chose qui tient du rêve longtemps convoité et qui commence à apparaître, là-bas, dans le lointain : un (nouveau) roadtrip irlandais en suivant la côté locale, le long de la mythique Wild Atlantic Way.

La Wild Atlantic Way, kesaco ?

Pour faire court, la Wild Atlantic Way est une route côtière située sur la façade ouest de l’Irlande. Elle relie relie Malin Head, point le plus septentrional de l’île d’Irlande, au port de Kinsale au sud-ouest de l’île. Elle est longue d’environ 2500 kilomètres et peut être parcourue indifféremment dans les deux sens. Le tracé originel a été découpé en six grandes zones : les Promontoires du Nord, la Côte du Surf, la Côte des Baies, la Côte des Falaises, les Péninsules du Sud et la Côte des Havres.

La WAW au Donegal

Le temps a passé, le voyage a été organisé, les billets achetés, les réservations effectués. Un court séjour à Dublin, quelques heures de train et une soirée à Sligo plus tard, nous voila donc en possession de notre bolide local. Une #DeT au volant, les enfants solidement arrimés à l’arrière, le GPS activé et nous fonçons là-haut, vers le nord, vers cette Terra Incognita que constitue le Donegal avec ce chiffon rouge agité en permanence devant nos yeux : trouver la WAW, trouver la WAW !

Un panneau indicateur. Le genre à ne pas rater.

Dans l’absolu le plus absolu, il serait facile de considérer que la Wild Atlantic Way est une route longiligne, unique et ne présentant aucune difficulté à être repérée et empruntée. Or, il se trouve que la vérité du terrain se trouve parfois à des années-lumières de la Terre, dans une galaxie lointaine, très lointaine. En effet, bien que la signalisation WAWienne soit des plus des simples à assimiler (des panneaux bleus avec des vagues, une lettre N pour North et S pour South), il arrive qu’il soit un tantinet compliqué de ne pas rater LE croisement, LE carrefour ou LE tournant décisif, au risque de se retrouver enfoncé dans un dédale en gaélique comme seuls mes irlandais préférés savent le faire.

Si je n’avais donc qu’un seul conseil à vous donner concernant la conduite dans le Donegal et sur la Wild Atlantic Way, ce serait de prendre votre temps. Ici, nul besoin de tenter de battre des records de vitesse. Nul besoin de faire rugir votre moteur (sachant que vous ne ferez que faire fuir les moutons, ce qui est un crime en Irlande) ou de tenter de jouer aux Usain Bolt de l’asphalte. Savourez tranquillement les kilomètres, arrêtez-vous où bon vous semble, sur l’un des nombreux arrêts prévus à cette effet, sautez donc de baies en baies et de plages en plages en oubliant toute notion de vitesse moyenne, de distance à parcourir. Ce serait un sacrilège que de vouloir boucler, de vouloir “faire” la Wild Atlantic Way en un temps record. Vous passeriez à côté des mille et une surprises qui parsèment cette route et qui en font le sucre, le goût, la légende.

Une boite à livres en bordure de plage.

D’autre part, vous découvrirez très vite que vitesse et conduite ne vont pas du tout ensemble sur les routes du Donegal (et en particulier sur les routes côtières). Petites, sinueuses et étroites, elles obligent à la vigilance et à la lenteur. Encadrées tantôt par des murets de pierre ou des fossés boueux, elles finiront, tôt ou tard, par envoyer bouler dans le décor le conducteur impétueux. De surcroît, le trafic automobile existe bel et bien sur ces petites routes désertes. Laisser passer le véhicule arrivant en face devient donc une obligation et demande une manœuvre où se mêlent freinage, décalage et sourires de bon aloi, le tout bouclé par un petit salut désinvolte de la main.

Oui, les routes sont étroites. Très étroites.

Parfois, il arrive que l’envie d’infidélités se présente. Vouloir quitter, le temps d’une escapade, l’itinéraire pour explorer cette Scenic Road, ce Point of View ou ce petit chemin qui s’enfonce, là-bas, vers la montagne. En ce cas, n’hésitez pas. Soyez trompeurs, charlatans, manipulateurs. Bifurquez, tournez, lâchez-tout. Nul se sait ce que vous pourriez trouver si, comme nous, vous décidez de laisser primer vos envies par-dessus tout. Si nous avions respectés au kilomètre près ce que nous avions prévus, nous n’aurions pas trouvé le paradis de Luke Bridge, nous serions passés à côté des plages cachées d’Inishowen ou de la beauté brute de Mukcross Bay. Alors quand vous serez à votre tour au confluent des routes, au croisement des sentiments, laissez-donc traîner une oreille discrète pour écouter l’instinct et l’envie : ils sont, des fois, les meilleurs copilotes du Monde.

La baie de Kinnagoe, un détour imprévu.
Quand la WAW emprunte les Scenic Road.
Wahoo ou Waw ?

Une certaine idée du Voyage.

Quitte à me répéter, je crois intiment que la Wild Atlantic Way est LA route idéale pour voyager en douceur. Dès la conception du voyage, alors que des étoiles dansaient déjà dans ses yeux, #DeT avait décidé de ne jamais trop rouler. De petites étapes, jamais éloignées de plus d’une cinquantaines de kilomètres. Une fois sur place, nous avons privilégié la lenteur de l’escargot à la fougue du guépard. Aller lentement, doucement, surement. Choisir la surprise au détriment de l’attente. Savoir où aller sans trop savoir comment y aller. Débrancher régulièrement le GPS et revenir aux cartes papier. Faire confiance aux poteaux indicateurs. Savoir accepter l’imprévu, l’erreur, le détour. Revenir, un petit peu, en avant, en arrière, à jadis et autrefois.

Quand il fait moche sur la WAW.

Voyager (en général) en Irlande et (plus particulièrement) sur la Wild Atlantic Way, c’est aussi signer un Pacte de Faust avec l’île d’Émeraude et sa météo ô combien capricieuse. Il faut savoir accepter de ne pas être le maître des éléments, savoir renoncer devant une pluie trop battante, un ciel trop nuageux, un mer trop agitée. De la pointe de Malin Head aux virages de Barnesmore Gap en passant par quelques plages, nous nous sommes fait rincés, trempés, mouillés, saucés. Quand le paysage se tinte de brouillard, que tout semble ouaté et le gris succède au gris, il n’y a rien à faire si ce n’est attendre et espérer.

Là-haut, dans le brouillard.
Jour de pluie, jour de gris.

Sur cet itinéraire où la Nature règne en maîtresse absolue, il faut absolument savoir lâcher-prise et savoir réagir en fonction des événements. La (relative) solitude des lieux et les aléas inhérents à tout voyage routier font qu’il faut tout de même prévoir un tout petit peu et repérer d’éventuels lieux de refuges, qu’ils soient à Glencolmcille, Finntown ou Malin Beagh. N’oubliez jamais que vous êtes dans le Donegal, la plus sauvage et la moins touristique de toutes les régions d’Irlande et que, même sur un itinéraire aussi réputé que la Wild Atlantic Way, les ressources logistiques peuvent venir à manquer…

Après la pluie, le beau temps.

WAW, WAW, WAW : les moments WAW !

Wahou ou Waw : c’est probablement le mot qui sera le plus souvent présent dans votre bouche pendant votre découverte de la Wild Atlantic Way dans le Donegal. Ne croyez pas ici que je tombe dans le laudatif : je suis dans le factuel. Connaissant l’Irlande et y voyageant depuis près de quinze ans, je ne croyais pas me prendre une telle claque visuelle pendant ce voyage. Pourtant, près de deux semaines après notre retour, je continue à avoir des crampes aux yeux tellement ils ont été écarquillés et ma mâchoire continue à me faire souffrir à force d’avoir été si béante. De la beauté venue de nulle part, des montagnes qui apparaissent derrière un virage et les panoramas qui se succèdent, toujours plus fous, toujours plus beaux.

Au détour d’un virage.
Cinquante nuance de vert
S’arrêter.

Les moments WAW, c’est aussi des rencontres humaines. Ce stand de café perdu au milieu de nulle part. Ces pubs essaimés dans le Donegal, où le feu de tourbe brûle dans une cheminée, même au cœur de l’été. C’est ce guide qui raconte l’histoire d’un phare, c’est ce responsable d’auberge qui passe la soirée à parler, c’est cette famille qui joue un concert privé tard, un soir. C’est le Voyage, les rencontres, c’est l’Irlande vibrante. 

Là-bas, le phare mythique.
Café et pop-corn. Le duo gagnant de la WAW.

Et puis, un jour, on franchit la ligne d’arrivée. On gravit la dernière côte, les dernières mètres. C’est Malin  Head. C’est la fin… ou le début. Question de sens, question de goûts, question d’envie. C’est la WAW, sans queue ni tête, sans réel départ ni réelle arrivée. C’est un rêve qui a pris forme, un fantasme concrétisé, une ligne rayée sur le carnet mais c’est, par-dessus tout, la promesse de futurs voyages, de futures découvertes et de nouvelles rencontres.

A bientôt, ma WAW.

Cet article fait suite au voyage #EireWeGo, organisé avec le soutien logistique de Tourisme Irlandais que je remercie fortement. Le contenu éditorial n’en reste cependant pas moins indépendant et soumis à ma seule volonté. Pour toutes les informations sur le Wild Atlantic Way, n’hésitez pas à consulter le site officiel : Wild Atlantic Way ou encore l’article dédié au secteur du Donegal “Les promontoires du Nord”.