Sur les traces de Jacques Londres – Part 1 –

Vendredi soir. 22.30

Le Gang est en train de préparer son nouveau projet hautement malsain et moralement indéfendable: aller passer 3 jours dans le (très grand) Nord afin de profiter au maximum des plus longues journées de l’année, dues au solstice ( je vous renvoie à l’article de ma colloc’ historique sur son blog, précisement ici ou encore l’explication plus scientifique de Wikipedia ). Dans un coin du salon, un jeune homme aux cheveux longs nommé Julien observe la scène d’un air détaché. Ses dents claquent cependant et il passe inlassablement la main sur sa tête, comme pour vérifier qu’il a choisi d’être là. Il faut dire que le bougre a eu le courage de canoter avec ma colloc’ alsacienne pendant tout un week end. On ne sait pas trop ce qu’il s’est passé mais depuis, dès qu’il la voit, il se réfugie dans un coin en poussant de petits cris aigus. Etrange.

Bref. Nous sommes donc 6 humains (Moi, NicolasDory.com, Alex la Suisse, Mél’i, Pascalougarou et Julien) et 3 canidés (Adack le beaugosse, Youska la coprophage et un tripode paumé se nommant Alpine) a partir dans ce trip déjà historique en direction de Dawson City, ville champignon éphèmere du temps de la Gold Rush désormais destination attitrée d’allemands en manque d’exotisme et point de passage de la Yukon Quest.  Deux voitures sont réquisitionnées et youpla, on y va.

Samedi matin, 2.00 Am

La troupe au grand complet est rassemblée quelque part sur les hauteurs de Carmacks. Les tentes sont plantées et les places définies. Mel et Scalpel dans le Van nicolesque. Moi et Julien (qui a failli s’arracher les cheveux quand il a su qu’il pouvait dormir avec…) dans une tente. ND et Alex’ dans l’autre. La soleil éclaire d’une lueur blafarde l’espèce de pré où nous nous sommes installés. Nous repensons chacun à ce que nous avons vécu en venant ici et nous nous demandons déjà si nous resortirons en vie de ce week-end dantesque.

– “Si tu me chopes le bigorneau, je te dénoyaute l’abricot, espèce d’affreux Jojo”. Cette phrase est un extrait de ce que nous a fait écouter ND.com pendant 150 kilomètres. Et le monsieur rigolait comme un bossu et hurlait comme un dément en tapant frénétiquement le rythme sur son volant pendant que Mélémoi lancions des regards attérés en direction de l’autre voiture.

– Une piste d’atterrisage paumée le long de la Klondike Highway, exactement en face du Braeburn Lodge, un espèce de restaurant où sont servis les meilleurs Cinnamon Buns du monde entier. A part ça et selon un informateur privé, ce serait la plaque tournante du traffic de drogue yukonnais et un rendez-vous de motard tout de cuir vétu. N’empêche que le M’sieur qui tient la boutique a l’air tout à fait capable de vous vendre son arrière petit fille pour peu que vous le lui demandiez gentiment.

Nous finissons par nous coucher pour un sommeil sans rêves et une odeur bizarre (en fait les chaussures de Julien qui sont une arme chimique qui devrait être interdite par la Convention de Genève).

Samedi matin 9.30 Am

Les corps émergent des tentes et des coffres et tout le monde se rassemble pour un petit déjeuner amplement attendu. Le Nutella et les baguettes finissent leur existence dans nos estomacs ravis. Et nous repartons guillerets pour notre destination finale dawsonienne. Pendant ce temps-la, le tripode se fait dépouiller par tout le monde dès qu’Alex’ a le dos tourné(même les chiens s’y mettent, c’est pour vous dire).

Premier arrêt de la journée aux Fives Fingers, qui sont en fait quatre gros rochers plantés au milieu de la Yukon River qui ont été, au temps de la Gold Rush, la fin de bien des rêves. Il faut dire que le courant est super traitre dans ce coin la. Dans tout les cas, joli panorama et prise de photo pour répondre à la nouvelle lubie alexandrienne: les photos de groupe. Mais on y reviendra. En attendant, tout le monde dans les Titines et hop, on repart. A noter que Julien sue à grosses gouttes et ne parle presque pas. Il faut dire qu’il voyage avec Qui-Vous-Savez. Le pauvre..

Second arrêt beaucoup plus tard du côté de Pelly Crossing qui, si j’ai tout bien compris, est une communauté First Nation Selkirk, composée des Clans Corbeau et Loup (Crow and Wolwes). Ils sont installés dans le coin depuis très mais alors très longtemps, ont plein de croyances super cools et étaient déjà hippies avant les hippies. La preuve: les supers panneaux “L’alcool mène à l’enfer et à la mort” bien en évidence aux alentours du village bourg hameau de l’endroit quoi (comment on appelle trois maisons autour d’un pont ?).

Donc la, le temps de visiter le Visitor Information Center, d’essayer de comprendre le système clanique local, de promener les chiens (et d’embêter le tripode pendant qu’Alex’ regarde pas) et on repart pour un autre crossing, Stewart où l’on doit s’arrêter manger.

(…)

Arrivée à Stewart Crossing. Population: 40 personnes. Un magasin général, une aire de repos et une sorte de tipi qui fait office de Tourism Center. Le long de la route, des animaux en ombre chinoise (je sais pas comment expliquer ça… des profils d’animaux peints en noir et debout sur le fossé…) égayent un décor. Sur le tipi, une inscription, “entrez, je mords pas, enfin pas encore aujourd’hui’. Donc on rentre… et on est accueilli par une espèce d’oursonne – désolé – qui me crie dessus parce que j’ai pas bien refermé la moustiquaire qui fait office de porte d’entrée. Je suis resorti aussi vite accompagné de ma Pascale Garou préférée qui a même pas essayé de grogner, c’est vous dire. Bon du coup, on a mangé de delicieux sandwichs maisons, bu une bière et repartis aussi secs vers l’infini et même au-delà.

Samedi après-midi, 16.30

Après une route sans histoires depuis Stewart Crossing, un ou deux roupillons, on arrive enfin dans la Grande Banlieue de Dawson et on décide d’aller se culturer en allant la Drague N°4 et la Concession de la Découverte, du côté de Bonanza River.

Alors pour résumer. La drague, c’est une sorte de Grue géante mixée avec un tablier qui creuse dans le sable à des profondeurs pas possibles pour trouver de l’or. C’est grand. Très grand, il y en avait plein partout et ça a fonctionné jusqu’en 1960. Par contre ça coute $ 6.50 pour la visiter, on a dit niet. A la place, Alex’ a parlé d’Adack avec la Guide (pendant qu’on embêtait le tripode dehors).

Après, nous sommes allés voir la Discovery Concession. C’est là où quatre gros malins qui s’appellaient Bob Henderson, George Carmack, Skookum Jim et Tagish Charlie ont trouvé de l’or vers le 17 août 1896 et ont ainsi lancé, à force de le gueuler partout, le plus gros bordel de la fin du XIXème siècle: la Gold Rush (ou Ruée vers l’or).  En fait, y a vraiment rien à voir à part la rivière (où des gens continuent à chercher, la preuve que la Fièvre de l’or ne guérit jamais…)  et quelques plaques commémoratives. Nous, on a mangé un Cinnamon Bun en guise d’hommage et on a couru pour éviter l’orage. Et on a voulu laisser le tripode dehors mais Alex’ nous a vu donc on a pas pu.

Une fois bien culturés, on a donc enfin été à Dawson City.

—– Interlude culturel: l’Histoire de Dawson City —-

Le site officiel

L’article Wikipedia (Fr)

Le même en anglais, plus complet (Anglais)

Une Webcam de Dawson

—- Fin de l’interlude et retour au Bordel —-

( A suivre dans la Partie 2)