Pourquoi et comment aller au Yukon ?

Quand je parle de Yukon, beaucoup d’amis, de collègues et de lecteurs me posent deux questions, qui reviennent presque inlassablement: “Pourquoi es-tu allé là-bas ?” et “Comment y es-tu allé ?”. Afin de répondre au mieux à ces biens légitimes interrogations, je vous propose donc un petit récapitulatif pratique, en espérant que cela vous aidera, vous aussi, à franchir le pas et à vous lancer dans l’aventure d’une vie, souvenir exceptionnel que vous chérirez longtemps !

Frontière entre le Yukon et les TNO sous le soleil de minuit

Pourquoi et comment aller au Yukon ?

Pourquoi partir se paumer là-bas ?

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, le Yukon est l’un des trois territoires du Canada (avec le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest). Situé au nord-ouest du pays, il est frontalier avec l’Alaska (ouest), la Colombie-britannique (sud) et les TNO (est et nord). D’une superficie de 480 000 km² (comme l’Espagne ou la Suède), peuplé par environ 34 000 personnes (densité: 0.07 hab/km²) dont 23 000 pour la capitale, Whitehorse. Le Yukon est fameux pour sa nature protégée, ses parcs nationaux, sa faune et sa flore et pour son Histoire, qui tourne principalement autour de la Gold Rush.

Mon statut vis à vis du Yukon est aussi ambivalent que particulier. De par la durée de mon séjour là-bas (7 mois), mon statut particulier (PVTiste, autrement dit, avec un permis de travail aussi légal qu’ouvert) et mon ressenti final, je n’ai strictement aucune chance d’être objectif dans les lignes qui suivent. Cependant, je ne pense pas me tromper beaucoup quand je dis que vous allez aimer le Yukon si…

– Vous recherchez un endroit où faire 500 kilomètres sans croiser personne.
– Vous aimez les ours, les coyotes et les aigles.
– Vous avez toujours rêvé de gravir le Chilkoot Trail.
– Picsou est votre idole depuis toujours.
– Vous n’avez pas peur de conduire sur de la glace (ou du gravier).
– Les aurores boréales et le soleil de minuit vous font fantasmer.
– Vous rêvez de baptiser des montagnes de votre nom.
– Jack London est votre écrivain favori.

En bref, s’offrir un voyage au Yukon, c’est se donner la possibilité d’aller dans l’un des derniers territoires (presque) vierges d’Amérique du Nord. C’est la perspective de parcourir des lieux incroyables, des parcs nationaux d’une beauté indicible (Kluane, Tombstone) et de se perdre, simplement, dans ce que la Nature a de plus beau à offrir. C’est également la chance de pouvoir rencontrer des personnages venus d’un autre temps, émigrés d’une nuit devenus résidents d’une vie, vieux chercheurs d’or décatis, chefs de tribus, ermites des forêts, trappeurs et solitaires, géologues et personnel minier: la population regorge de characters aussi fous que délicieux, ayant parfois la main lourde sur la bouteille mais dont le vécu est un périple incroyable à écouter.

Tout cela, et bien plus encore, c’est ce qui vous attend là-haut et ce qui constituerait un tableau magnifique si tout était absolument parfait. Cependant, le revers de la médaille existe bel et bien (et Dieu seul sait ce qu’il m’en coûte d’écrire ces mots). Il vous faudra prévoir un budget suffisamment conséquent car la vie a tendance a ne pas être spécialement donnée. Il vous faudra également préparer soigneusement votre voyage car, bien souvent, de petites erreurs banales peuvent devenir source de gros ennuis. Vous aurez de même à prendre en compte les spécificités locales en terme de comportement routier (boites automatiques à 99%, phares allumés H24), animalier (les ours existent pour de vrai et ils adorent la nourriture non protégée) ou même simplement humain (la rudesse du Grand Nord est comme la solidarité: elle est réelle et souvent inattendue).

Si ces (petits) détails ne vous ont pas refroidi (il neige en septembre au fait et la température peut descendre jusque -25°C sans problème) et que vous êtes décidés, il est donc temps de voir, ensemble, comment aller au Yukon !

Comment partir se paumer là-bas ?

Voyager vers une destination aussi nordique et lointaine que le Yukon est souvent synonyme d’aventure, de projets, d’épopée légendaire. C’est aussi un moment d’angoisse et d’interrogations, de questionnement sur soi-même et de remise en cause. On ne choisit pas par hasard d’entreprendre un tel périple : il est voulu, entrepris et assumé d’un bout à l’autre, de sa conception à sa réalisation…

Contrairement à ce peuvent penser beaucoup, le Yukon n’est pas du tout un endroit inaccessible, bien au contraire. Nombreuses sont les options existantes permettant de voyager (plus ou moins) en toute sérénité. A titre personnel, j’ai expérimenté la solution motorisée, en traversant le Canada depuis Montréal jusque Whitehorse, en 8 jours, sans douche (et sans wifi). D’autres ont préféré l’avion ou encore le stop.

Solution la plus logique et la plus facile, l’avion tend à démocratiser les voyages au long cours et les prix ne sont plus aussi incroyables qu’il y a quelques années. Pour le Yukon cependant, il faudra cependant bourse délier et compter environ 800€ pour un A/R depuis Paris, prix pouvant atteindre (et dépasser facilement) les 1100€ pendant les grosses périodes (été, yukon quest). Le choix des compagnies assurant des liaisons directes est assez restreint et change relativement peu, tournant principalement autour de Condor Airlines. Si vous êtes patient, vous pouvez jouer sur les correspondances via Montréal, Toronto ou Vancouver en changeant de compagnie à chaque fois. Peut-être aurez-vous une bonne surprise ?

La seconde option, beaucoup plus aléatoire et chronophage, consiste à utiliser les services de la (bien ou mal) connue compagnie Greyhound dont le service de bus dessert virtuellement tout le Canada. Les conditions de transport sont spartiates, le temps de trajet incroyablement long (de 5 à 7 jours au départ de Montréal) et il y a même des cannibales qui voyagent à bord… Cependant, le coût relativement faible du voyage – 159$ pour juin, par exemple, est un argument de poids. Le budget ainsi dégagé permet de reinvestir sur d’autres activités (et Dieu sait que le Yukon ne manque pas d’opportunités de vous faire dépenser vos précieux deniers !). Faites quand même attention si vous vous lancez avec le bus: les pertes de bagages sont nombreuses, le vol pas inexistant, le SAV quasi inexistant et les horaires sont parfois sujets à de bien étranges changements de dernière minute, qui obligent à refaire le planning dans son intégralité… Prenez aussi en compte que vous n’allez pas (ou presque) vous laver pendant 6 jours, que vous allez mal dormir, mal bouffer, boire beaucoup de café et transiter par des lieux souvent folkloriques, où une faune humaine aussi éparse qu’étrange traine ses guêtres…

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Les fanas de l’aquatique seront ravis d’apprendre qu’il est possible de relier l’Alaska depuis Vancouver moyennant quelques finances. Vous trouverez plus d’infos à ce sujet via PVTistes ! Notez aussi qu’en partant de Bellingham (pas loin de Seattle), vous pouvez aller à Skagway puis au Yukon (par la route), pour une croisière assez légendaire, froide mais propice à de belles rencontres inoubliables.

Si vous vous sentez plus rassurés en étant encadrés et accompagnés, n’hésitez pas à utiliser les solutions de voyages organisés, ce qui ne manque pas en l’état l’actuel des choses. Cependant, et afin d’éviter d’éventuelles mauvaises surprises, je vous conseille de vous adresser en priorité aux marques présentes depuis longtemps sur le marché de cette destination et dont la renommée n’est plus à faire, telle Grand Nord Grand Large et ses voyages ou encore les spécialistes directement implantés sur Whitehorse (mais dont la longévité est souvent relative et dont la qualité ne peut être mesurée qu’au fil des années !).

 Conclusion

Cela fait désormais longtemps que le Yukon n’est plus une Terra Incognita destinée à un Eldorado de voyageurs riches. Cette destination, aussi lointaine et inaccessible soit-elle, est désormais à portée de toutes les bourses et gagne à être découverte. Cependant, il ne faut pas y partir le cœur en bandoulière et les folles espérances dans la poche mais bel et bien dans un état d’esprit préparé, humble et ouvert. Tous les ans, de nombreux accidents ont lieu, dus à la stupidité affolante d’égarés, pensant que les ours sont de vrais peluches ou croyant que le Magic Bus se trouve en une heure à pied sur un sentier balisé. Soyez avisés, réfléchis et profitez plus que jamais de chacune de vos minutes là-bas, qui constitueront le meilleur souvenir de votre expérience de voyageur !

  1. Et bien tes collègues et amis sont plus doués en géographie que moi, car la première question quand j’ai lu le nom de ton blog, il y a de ça quelque temps maintenant, c’était “,mais c’est où le Yukon” !
    J’aime les longs voyages en train, en bus un peu moins, mais laisser de côté le coté un peu trop facile de l’avion m’attire toujours. Il va d’où à où le bus pour mettre 7 jours ?

  2. Alors moi, le bus il mettait 4 jours et 4 nuits (seulement…).
    Sinon, le ponton qui accueille les ferry à Skagway a coulé il y a quelques jours. Du coup, je sais pas quand le service va reprendre.

      1. Si ça peut te consoler, j’ai eu droit à la nana droguée qui fume son herbe au fond du bus et réveille les voisins au milieu de la nuit en étant en train de ramper sous leur siège.
        Pis j’ai aussi pris le bus juste quelques jours après le coupeur de tête/cannibale, sur le même trajet 😀

  3. Bonjour. Je suis avec un ami québécois. nous voudrions partir de vancouver jusqu’au yukon (vers le parc kuane) en stop afin de faire du wwoofing. j’ai plusieurs interrogations : cette route est-elle beaucoup fréquentée ? y a-t-il beaucoup de villes pour dormir en route et comment sont elles fréquentés ?
    Louis

    1. Hello Louis,

      Rejoindre le Yukon depuis Vancouver en stop doit être faisable sans trop de soucis… jusque Dawson Creek (et le début de l’Alaska Highway).

      Entre Dawson et Whitehorse, les villes deviennent virtuellement absente et les rares lieux de logement sont plus des hôtels/motels situés en bord de route (à l’exception notable de Watson Lake… et encore !).

      Autre option: la Cassiar Highway (300 kilomètres de différence en terme de distance), avec aussi peu de villes.

      Le plus simple, je pense: prendre le Greyhound pour les 3 jours de voyage et dormir dedans, ce qui vous fera payer moins cher au final qu’en enchainant stop ET hébergement pour dormir 🙂

    2. Pour ajouter un peu à ce que t’a répondu Cédric, je te suggère également d’emporter de quoi camper. Les plus susceptibles de te prendre en stop sont des camping-cariste et des routiers. Les premiers dormiront dans leur maison roulante et les second dans la cabine de leur camion. Dans tous les cas, il peuvent s’arrêter au milieu de nulle part où tu serais bien avisé d’avoir également un toit. Et puis, dans ces coins du pays, tu peux camper à peu près partout hors des parcs et quasiment uniquement dans les camping dans les parcs. Attention toutefois, où que tu dormes, à bien respecter les règles de sécurité vis à vis des ours, mais dont ton ami québécois doit être familier.

    1. Bonjour Chantal,

      Quelques stations parsèment le territoire, principalement dans les grandes viles mais il est très fortement recommandé d’avoir un bidon de secours (plein !) dans le coffre entre deux remplissages de réservoirs…

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