La rivière qui coule au pied des tours. Là où Jacques fut.

Operation Pêchistan

Il était une idée

Au départ, il n’y avait rien, ou presque. Juste une idée. Rien de plus qu’une idée. En fait, un tout petit plus qu’une idée : un projet. A la limite, une volonté. Celle de réunir, le temps d’un week-end, un groupe de copains 2.0 et d’aller quelque part, ensemble. Passer du virtuel au réel quoi. Permettre la rencontre concrète de personnes qui échangent au quotidien, depuis quelques années mais qui ne se voient, pour de vrai, qu’une poignée de jours par an. Petit à petit, cette volonté a pris de la substance. Elle a grandi, nourrie par nos aspirations communes. Elle est passée du stade embryonnaire au stade larvaire avant de devenir réalité. Trimbalée un peu partout sur la carte de France, elle s’est baladée au gré des échanges, des discussions, des envies. Et puis, un beau jour, elle a pris définitivement forme, sous nos yeux attendris. Tendrement couvée, tendrement cajolée, tendrement attendue, l’idée est venue toquer à notre porte et nous a dit ceci, avec sa petite voix fluette. 

Coucou, je suis un week-end de pêche dans la Corrèze qui aura lieu du vendredi 4 au dimanche 6 mai. Vous êtes priés de vous libérer et sachez qu’aucune excuse ne sera tolérée parce que votre présence, encore plus que requise, est ardemment souhaitée.

Le week-end #Pechistan

Alors, j’ai pris mes cliques, mes claques, rempli mon gros sac à dos ras la gueule et je suis parti, sur les rails de Navarre, vers Brive, là-bas, au sud. J’suis descendu du train, j’ai descendu un escalier, monté et un autre et je les ai vu. Ils étaient là, riants, goguenards, avec un sourire vissé aux lèvres et les yeux pétillants. Mitchka, Jacques, Laurent et Solène. Des potes, des amies, des copains. Une belle brochette d’humanité dont la chaleur a suffit à me réchauffer, dans le vent d’un vendredi soir corrézien, au crépuscule d’un jour et à l’aube d’un nouveau séjour.

[Interlude N°1 : les pêcheurs]

Le décor étant planté, je pense qu’il est temps de présenter les protagonistes du #Pechistan. Puisqu’il faut rendre à César ce qui lui appartient, sachez donc que rien n’aurait été possible sans la motivation et l’activité frénétique d’un couple de blogueurs aguedois. Elle, le sourire éclatant sponsorisé par toutes les marques de dentifrice du monde, c’est Mitchka. Une boule d’énergie et de vie haute comme quatre pommes, que ses filles appellent Maman et qui a endossé le rôle d’Organisatrice, avec autant de brio que de patience. Lui, le regard perdu dans le lointain et le cheveux grisonnant, c’est la caution PERTINENCE du groupe. Pêcheur devant l’Éternel, conducteur émérite et fournisseur officiel d’Armagnac, c’est également le mari de Mitchka : Jacques. Ils forment à eux deux le redoutable duo qui sévit derrière Fish and Child. A côté de Jacques, un grand bonhomme planqué derrière des lunettes et dont le seul nom fait dresser l’oreille. Il est connu pour ses légendaires voyages sans aller, pour ses histoires infinies où s’entremêlent trucs en STAN, épopées ferroviaires, trips en cargo ou encore trafics divers et variés dans de sombres régions du monde. Si Laurent est son prénom, son nom réel claque dans le vent comme un burnou dans le désert : One Chaï, l’Homme qui boit du Thé au Kiffistan, qui casse les Internet à chaque article et dont les discussions sont parsemées de digressions exotiques qui fleurent bon l’Orient lointain, le Chaï sous les pyramides et les RRRR roulés d’un russe alcoolisé dans une auberge au fin fond de la Géorgie. Enfin, la grande blonde au sourire radieux, c’est Madame “Je fais des photos de dos et j’aime ça”. Connue sous le nom de Solcitron (“Un zeste de voyage dans votre vie”), elle se décrit elle-même comme un être hybride, journaliste le jour et blogueuse la nuit. Nos routes se croisent à de rares intervalles mais elle supporte avec une patience infinie d’être ma cible préférée à chaque #BattlePhoto. Solène, de son vrai nom, membre importée du Gang des Bordelais et antépénultième participante de notre voyage au Péchistan, auquel il ne manque d’ailleurs que ma description.

Sous vos applaudissements // © Mitchka de Fish and Child

Pêcher dans la Dordogne

La Dordogne est une rivière assez technique, habituellement assez peu réservée aux débutants. Cependant, pas d’inquiétude, tout va bien se passer.

Vincent, notre guide, lucide et prévoyant

Imaginez : un samedi matin, aux alentours de neuf heures. Trois blogueurs et deux blogueuses. Un café – Chez Maryse – et un guide, Vincent, le sourire avenant et le coffre de la voiture rempli de matériel aussi intéressant qu’inconnu à mes yeux. Quelques minutes d’introduction et d’explications et le Grand Moment arrive, celui que nous attendons tous, celui pour lequel nous sommes venus ici, en Corrèze : notre première session de pêche. Avant d’aller plus loin, il faut que je vous le dise : bien qu’ayant déjà manipulé pas mal de matériel, des rochers de Batz sur Mer aux bateaux des Lofoten en passant par les pontons de la Finlande, pêcher constitue avant tout pour moi un monstrueux point d’interrogation encadré par deux points d’exclamation. Un truc qui ressemble vaguement à ça !?!, puissance dix mille.

Allégorie de l’étonnement devant un matériel inconnu, avec l’aimable assistance de Mitchka // Fish and Child

En plus, il parait que notre session n’est pas du genre pépère, assis sur un petit tabouret en bord de rivière, à attendre que le poisson daigne venir s’accrocher à l’hameçon. Que nenni, que nenni : nous allons WADER, avec des WADERS. Autrement dit : nous allons rentrer dans la rivière, nous enfoncer en elle, faire corps avec le courant et sentir sa force liquide s’insinuer autour de nous, tout en avançant sur des rocs aussi pointus que glissants, la canne à la main et l’air confiant, fouettant et fouettant encore l’air, l’eau et le vide, d’un geste auguste et répété, appelant par de pieuses et silencieuses prières la miséricorde de la Déité locale en charge de l’attribution des prises miraculeuses aux néophytes parisiens. Puisqu’il le fallait, nous le fîmes, avec cette grâce et cette aisance qui est innée. Nous saisîmes les cannes. Nous enfilâmes les salopettes imperméables enduites de néoprène (ou les cuissardes, ça dépend) et nous marchâmes, un petit peu.

Un sans-faute vestimentaire absolu.

Arrivés en bordure de Dordogne, Vincent mis Jacques à l’écart, parce que lui SAVAIT, contrairement à nous, gros tas de béotiens. Et puis, vint le temps de fouetter, en binôme. Le poignet léger, relâché. Le bras tendu qui marque un arrêt net à 90 degrés. La canne qui plonge vers l’horizontalité et le fil qui s’envole avec au bout, tout là-bas, la mouche, qui doit se poser et se marier avec les méandres du courant de la Dordogne. Pour pouvoir paraître (et ne pas être) et ainsi être gobée par les salmonidés locaux. Et donc, puisqu’il fallait fouetter, nous fouettâmes derechef. Allègrement. Joyeusement. Encore et encore. Laurent se vit reprocher gentiment d’être à deux de tension. Je me fis féliciter, moult fois. Bons élèves, nous avions appris et nous savions faire : ce fut alors le temps de la Mise à l’Eau et de la grosse sortie de notre Zone de Confort, où certains seraient certainement restés avec envie !

Examen de passage réussi – © Solène – Solcito

Un par un, nous entrâmes dans les flots tumultueux où nageaient, le regard narquois et entre deux eaux, alligators, crocodiles et autres bêtes caïmans identiques. Au loin, un anaconda jetait un œil affamé sur un cachalot de passage. Au milieu de tout ce trafic s’avançaient quatre frêles silhouettes : c’étaient nous au milieu d’eux, c’était NOUS contre ELLE : la Dordogne. Au début, cela fut facile. Solidement arrimés sur nos jambes, à un jet de pierre du rivage, nous n’avions qu’à suivre les indications de Vincent pour savoir quoi faire, le plus grand risque étant surtout d’éborgner notre voisin d’un coup de hameçon maladroit. Il faut bien dire que la scène aurait été cocasse.

Hé Coach, j’ai une touche ! Ah oui, ça a mordu ? Oui, ça a mordu et maintenant, ça hurle, ça trépigne et ça n’a pas l’air content du tout. Tu as une grosse, grosse épuisette ? Grosse comment ? Grosse genre format One Chaï quoi

La mouche se terre – ©Mitchka de Fish and Child

Cependant, au fur et à mesure que s’accroissaient notre confiance et notre incapacité à attraper quoique ce soit, ledit Coach jugea qu’il était temps, grand temps, de passer à la seconde étape de notre initiation : la pêche à la Nymphe. Après avoir vainement tenté de faire passer pour gobable une mouche, nous allions donc sortir le Grand Jeu : la nymphe (ou la larve, de mon point de vue), un appât lesté destiné à s’enfoncer entre deux eaux et sensé provoquer une faim subite chez le poisson de passage. Las, las et encore las : malgré ses conseils, sa bonté et sa patience infinie envers nos innombrables bourdes, nous n’eûmes que notre gratitude à présenter à Vincent, entourée par nos plus confuses excuses pour les innombrables nœuds formés par la soie (véritable) et les fils de nos cannes.

Allégorie des nœuds que l’on peut trouver sur la soie d’une canne à pêche, avec le concours (in)volontaire de Solène – Solcito.

D’ailleurs, entre Mitchka et ses cuissardes, nos séances de fouettages et tous ces noeuds, j’ai cru un instant que nous tournions un remake de Fifty Shapes of Fishes (Une histoire qui se finit en Queue de Poisson) dans la Dordogne. Bref : cette première fois hexagonale avec une canne à pêche, dans nos Waders humides, fut une incontestable réussite : il ne manquait au tableau final qu’un petit, un tout petit poisson à présenter mais celui-ci nous fit cruellement défaut. Peut-être, cependant, fallait-il que cela se passe ainsi et que nous comprenions d’entrée la détresse tragique de ceux qui cherchent sans trouver, qui tentent sans conclure, qui appâtent sans attraper.

Ceux qui savent.

[Interlude N°2 : Instantanés]

Les rires dans la voiture et la concentration de Jacques. Le silence de Laurent qui se brise tout d’un coup en mille et un morceaux, fracassé par une anecdote venue du fin fond des Âges. Le dos de Solène devant le Café de Bordeaux. Le regard dépité, par la vitre de ce même café, d’un client hirsute et barbu. Les sourires éternels de Mitchka, qu’il vente, pleuve ou neige. Un GPS qui ne veut pas marcher et des détours qui se transforment en épopée, jusqu’à une Via Ferrata perdue dans le Middle of Nowhere. Les digressions rigolotes de Germain, qui passe du coq à l’âne via le Brontosaure et l’ornithorynque. Solène qui tombe amoureuse d’Akito, l’alpaga local tandis que Laurent se retrouve attaqué par une horde de moutons affamés. Des chauve-souris qui tournoient au crépuscule et passe trop près de nos têtes. Des lampes roses qui transforment ma chambre en lupanar, sous le regard coquin d’un Pierrot dépressif. Un martèlement matinal signé Mitchka, contre ma porte, qui me fait croire que le SWAT a débarqué. Une bouteille d’Armagnac entamée en fin de repas et qui nous tient compagnie, sous les étoiles à 3 heures du matin, alors que nous jouons aux adolescents sous un ciel d’une pureté improbable, transpercé de temps à autres par une étoile très filante. La tentation de rester à Saint Privat pour profiter du Bal Disco animé par DJ Manu à 22 heures. Les grognements rauques de notre conducteur en constatant que tous les parkings du coin sont payants. L’échappée laide de Collonges vers Montecure (ou comment passer de l’enfer au paradis). Une partie de pétanque héroïque sur un terrain biscornu où les talents conjugués d’une équipe de rêve se retrouvent confrontés à la chance insolente du redoutable binôme Solcichaï. Cette nuit sous les étoiles, encore elle.

Errer dans la Corrèze

C’est quoi le programme ? On pêche samedi matin. OK, et à part ça ? On pêche samedi matin. D’accord, et le reste du temps ? On pêche. Samedi matin.

Mitchka, maîtresse de cérémonie

L’avantage de partir entre potes tous – plus ou moins – sur la même longueur d’ondes, c’est que l’on peut ériger l’imprévu en mode de vie majuscule. Avec un programme quasiment aussi vide que le Désert de Gobi à l’heure de pointe, il n’était pas compliqué de réussir à faire rentrer les attentes de chacun dedans, sachant d’autre part que lesdites attentes avaient l’incomparable bon goût d’être presque identiques : on voulait voir du pays, écluser quelques rades, goûter quelques spécialités et surtout, surtout, surtout : écouter nos envies. Du coup, après de longues discussions argumentées, sourcées, objectives et cordiales, on a décidé de faire confiance aux locaux et, surtout à Germain, notre hôte régional. Il nous a dit deux choses auxquelles nous n’avons pas fait spécialement attention au premier abord mais qui se sont avérées redoutablement véridiques.

Collonges ? Oui, c’est beau mais c’est super touristique. Si vous voulez être tranquilles, je vous recommande franchement d’aller à Curemonte. C’est pas loin et vous serez tranquilles. Vraiment tranquilles. Parce que Collonges, voilà, c’est Collonges. Enfin, je vous dis ça mais vous faites ce que vous voulez hein.

Germain, hôte chic et choc

Armés de ces précieux renseignements, que croyez-vous que nous fîmes, en ce dimanche brûlant de mai où le thermomètre atteignait des sommets imprévus, où l’asphalte gondolait et où même l’ombre elle-même s’en allait en hurlant chercher sa propre compagnie ? Et bien, vous la mettez dans le mille : nous allâmes à Collonges-la-Rouge, Collonges-la Belle, Collonges-la-Douce, avec ses 400 habitants, son parking payant obligatoire, son magasin de braseros mexicains avec jardin privatif (dans lequel il ne faut surtout pas passer), ses échoppes divers et variées et ses flots touristiques. Nous y sommes restés environ deux heures, le temps de manger vite dans le seul restaurant du coin où il était possible de se nourrir sans débourser un rein, tout en observant le serveur tenter de capter le signal Bluetooth de sa machine à CB. Du village, nous vîmes quelques artères, beaucoup de rouge – autant sur les murs que sur les peaux – avant de déclarer forfait et de nous décider à écouter la Voix de notre Maître et de nous enfuir vers Curemonte, au nom délicieusement propice aux calembours de toute sorte.

Le village aux trois châteaux

Curemonte donc, délicieux petit village de 200 âmes, doté de trois châteaux et trois églises, où passe le 45ème parallèle, où l’on trouve un jardin contemporain, de splendides ruelles désertes, un café-bar-tabac-restaurant du meilleur goût, un spécimen de Grand Paon de Nuit accroché aux grilles d’une maison, un parking payant situé à l’entrée du village, une boutique de produits régionaux, une brasserie qui produit une bière merveilleuse, une spécialité d’alcool à base de fleurs de pissenlit et, surtout et par-dessus tout, une solitude plus que bienvenue pour nous tous. J’ai pris un plaisir fou à déambuler très lentement, sautant de zone d’ombre en zone d’ombre, dans les artères piétonnes et dénuées de toute présence humaine (en faisant fi des collègues, bien sur). J’ai même eu l’impression d’être rentré dans un espace-temps différent, où toute activité humaine serait indexée sur l’activité calorifique et où tout mouvement serait interdit au-delà d’un certain stade de chaleur. Ce sentiment d’être dans cette carte postale chantée par Francis Cabrel : un véritable bonheur trouvé par hasard quelque part, au fin fond d’une France méconnue, ce genre de petit bonheur délicat, que tu savoures à toutes petites bouchées, en gardant dans un coin de tête qu’il se doit d’être éphémère pour être beau et que c’est pour ça que tu dois en profiter au maximum, là, tout de suite.

La fabuleuse production locale
Le plus grand papillon d’Europe, tout simplement.
Encore lui !

Pourtant, nos pas ne nous menèrent pas seulement dans des charmantes bourgades corréziennes. S’il est vrai que nous passâmes une belle partie de notre samedi après-midi à Argentat, à tenter de nous remettre de nos émotions matinales, que nous avons beaucoup aimé notre pause en bord de Dordogne, à nous promener sur les Quais et à regarder les (trop) jolies maisons et que nous y sommes repassés un peu plus tard, cela ne fut pourtant pas notre seule occupation samedinicale. Soit dit en passant, si d’aventure vous y passiez aussi, sachez que les gens de l’OT sont trilingues, charmants, qu’Henri IV vous a devancé, qu’on trouve une Rue Doudou et qu’il y a de belles boutiques de pêche où acheter plein d’hameçons bizarres.

La Dordogne coulant à Argentat
J’ai prévu de lancer un crowdfunding pour l’acheter.
Mitchka de Fish and Child en plein boulot

Bon, elles sont où ces * de Tours de Merle ? Le GPS a planté et je crois qu’il fallait tourner à gauche tantôt (…) Quoi ? Cinq bornes ? Comment ça, CINQ BORNES ? (…) DIX BORNES ? MAIS C’EST QUOI CE FOUTOIR ? Je vous jure, si au prochain croisement, on n’y est pas, on rentre au gîte, c’est juste pas possible.”

Jacques, Maitre Jedi de la conduite en Corrèze avec un GPS planté

Ce fut probablement la seule décision commune prise à l’unanimité, d’une seule et même voix, en amont du séjour : aller visiter un truc dans la région samedi après-midi, de préférence en ruine, paumé dans la forêt et difficilement accessible. Ce truc en question, c’est en réalité un nom qui fait penser à des piafs chantants et tournicotants à n’en plus finir. C’est la promesse rare d’une découverte à des années-lumières des attentes les plus folles. Ce truc, c’est un donjon, un château, des tours, des ruines, des vestiges. Ce truc, c’est Les Tours de Merle, un ensemble de maisons fortes formant un castrum des XIIᵉ et XVᵉ siècles (dixit Wikipedia) et, accessoirement, une baffe visuelle de premier ordre, une claque oculaire de second ordre et un KO au premier round pour l’amateur de vieilles pierres que je suis.

Pan dans les dents !

L’un de mes kifs, en voyage : tomber sur ce genre de monstre tout droit venu du fond des âges, pouvoir y grimper, marcher sur les traces de ceux qui y furent. M’extasier devant les chiottes situées à côté de la cheminée, imaginer la messe dans la chapelle construite à flanc de rocher, jouer au cabri à Capri et puis monter, monter et monter toujours plus haut, chantonnant la BO des Visiteurs, susurrant des Montjoie et Saint Denis au passage,  jusqu’à déboucher au sommet de la Tour et pouvoir englober d’un seul regard les paysages de la Corrèze et toutes ces forêts verdoyantes où se cachent de toutes petites maisons. Autant vous dire que j’ai été superbement servi, avec entrée, plat, dessert, café et pousse-café. Le All You Can Eat du Castrum en quelque sorte. Avec Laurent et Mitchka, nous avons parcouru longuement la rocaille, tandis que Jacques était plus attiré par l’élément liquide et que Solène cherchait le spot idéal où caser son dos (à défaut d’aller tutoyer les oiseaux avec nous).

L’une des tours de Merle
Vieilles pierres sur fond vert
Une Solcito pensive
La rivière qui coule au pied des tours. Là où Jacques fut.

[Interlude N°3 : Réflexions personnelles]

Mais en fait, qu’est-ce qu’il avait vraiment de spécial ce voyage ? Un week-end entre potes, comme il doit s’en dérouler des milliards chaque année, aux quatre coins du globe : rien de particulier à noter de ce côté-là, le fait que nous soyons tous blogueurs n’étant en l’occurrence qu’un détail. La destination ? Si la Corrèze est attractive et assez excitante pour le parisien que je suis, force est cependant de constater que nous ne parlons pas d’aller crapahuter en raquettes au fin fond du Nunavik ou encore de partir conquérir l’Altiplano chilien. Quoi alors ? Si ce n’est pas le contexte ni la destination, pourquoi en parler avec des étoiles dans les yeux et en être déjà nostalgique, une poignée de jours seulement après la fin ? 

Trio de choc

La vérité est toute simple et tient en sept lettres : PLAISIR. Le plaisir d’être avec des gens appréciés, que je tiens en estime, autant pour leur humanité que pour leurs talents. Le plaisir de partager des moments vrais, intenses mais toujours légers. Le plaisir de pouvoir échanger, mettre en boîte, rire de tout et de rien, de confronter des points de vue, des expériences radicalement différentes, des visions décalées sur les même sujets, sans que cela ne tourne à la foire d’empoigne. Le plaisir, terriblement égotique, de pouvoir laisser de côté pendant soixante heures ma vie de famille, ma compagne et mes enfants, et de pouvoir goûter à cette liberté si étrange du voyageur solitaire. Mordre à nouveau dans la Pomme, oublier ce qui est si précieux et me replonger dans une vie parallèle, où les lendemains étaient des points d’interrogation et où la vie tenait peu ou prou à un sac sur le dos et un pouce tendu en bord de route

Regarder la vie tant qu’y en a (et en vrai observer Jacques pêcher hors-champ). © Mitchka

Ce genre de week-end, léger comme une feuille qui tombe en automne ou une comme une bulle de savon qui s’envole est nécessairement amené à se reproduire. Par plaisir, bien sur mais aussi et surtout pour la nécessité de s’offrir du temps à soi, pour soi. Comme une parenthèse enchantée. Couper les ponts pour mieux les réparer. S’éloigner pour se rapprocher. S’offrir le luxe d’un face à face avec soi-même le temps d’une traversée ferroviaire de la France. Savourer le décompte des jours alors que s’approche la date des retrouvailles.  La parentalité est une chose extraordinaire, une aventure merveilleuse mais qui ne doit pas oblitérer l’adulte qui se cache derrière le Père, derrière la Mère. Se donner le droit de s’enfuir, de vivre l’illusion de tout plaquer, c’est aussi prendre une fabuleuse bouffée d’air frais. Sans eux, avec eux, pour moi, pour nous.

Les champs de la Corrèze, non loin du Gite.

Le Pêchistan version pratique

Comment aller en Corrèze ?

En train, depuis Paris, jusqu’à Brive. Ensuite : c’est la débrouille !

Dormir en Corrèze

Notre week-end en Corrèze a été organisé en partenariat avec les Gites de France. Nous avons donc été superbement logés à La Clé des Champs, dans un véritable coin de paradis : une vaste, belle et authentique maison où il fait bon vivre et se reposer. La possession d’un véhicule me parait très recommandée pour pouvoir profiter pleinement de tout ce que la région peut offrir. 

Le gite vu de front
Solène contemplant le paysage local.

Pêcher en Corrèze

Si vous avez envie de vous lancer, vous aussi, dans l’aventure de la pêche en Corrèze, une bonne base de départ se trouve sur le site Pêche 19, le site officiel de la pêche en Corrèze. Sachez que la pêche est un sport très réglementé, qui nécessite permis et (bon) matériel. Hors de question de faire n’importe quoi n’importe où. Aussi, si vous voulez mais avez du mal avec le pouvez, je ne peux que très, très chaudement recommander de passer du temps avec Vincent Laroche, qui a été notre guide durant notre matinée d’initiation. Il est un spécialiste de la pêche à la mouche et à la nymphe (et c’est peu dire). Enfin, les AAPMA locales sont également une riche source d’informations !

Manger en Corrèze

Etant donné que, d’une part, le seul restaurant que nous avons fréquenté ne m’a pas laissé un souvenir impérissable (une sombre histoire de sauce au bleu dans mon hamburger, qui était loin d’être mauvais cependant) et que, d’autre part, nous avons pique-niqué et mangé au Gite je m’en vais plutôt vous conseiller deux chouettes adresses, toutes deux dénichées à Curemonte. Tout d’abord, un magasin immanquable, situé à l’entrée du village : le Lou Pé Dé Gril.  Ne vous fiez pas au premier abord et n’hésitez pas à rentrer et à discuter avec le patron, qui se fera un plaisir de vous aider dans votre choix, au travers des nombreux produits disponibles. On y trouve notamment la fameuse bière brassée juste à côté, à la Brasserie Corrézienne. J’en ai rapporté deux bouteilles dans les bagages et je les garde pour une grande occasion. L’autre adresse locale, elle aussi immanquable : La Barbacane et ses chaises ombragée. Service adorable ! Pour tout le reste, fiez-vous à votre instinct et gardez bien en tête que manger léger et/ou végétarien en Corrèze est totalement possible (mais c’est une infamie au regard des plats que vous allez rater).

Que voir en Corrèze ?

Il serait vain et orgueilleux de vouloir parler de tout ce qu’il est possible de faire en Corrèze. De façon générale, le site officiel de l’office de Tourisme constitue une belle porte d’entrée à ce territoire de charme. De façon plus spécifique et comme abordé tout au long de cet article, j’ai adoré :

  1. Me perdre sur les petites routes ultra-sinueuses.
  2. Tomber sur des villages d’un charme fou, comme Curemonte
  3. Visiter les Tours de Merle. Absolument génial !
  4. La beauté des paysages, entre forêts et rivières.
  5. L’omniprésence des matériaux nobles, bois et pierres.

Je suis beaucoup plus partagé sur Collonges-la-Rouge qui, en dépit d’un cachet vraiment spécial, m’a parue vraiment trop peuplée au moment de la visite. Nul doute qu’elle mérite probablement plus qu’un rapide coup d’œil et qu’une seconde visite me permettra d’affiner mon avis, le cas échéant. 

Coucher de soleil au Pêchistan

La Team #Pechistan

J’ai eu le bonheur de découvrir la pêche en Corrèze aux côtés de Mitchka de Fish and Child, Jacques de Travelers and Fish, Laurent de One Chaï et Solène de Solcito. Vous pouvez retrouver tous les articles associés à ce séjour sur les blogs respectifs ainsi que sur les réseaux sociaux idoines, via la recherche de hashtag adéquate, comme ici sur Twitter ou encore ici sur Instagram

Le dernier avant le départ. Merci à vous !