Les paradoxes du Voyageur

Partir. Revenir. Programmer.Projeter. Penser. Baliser. Rêver.

Le Voyageur est un être bizarre, assez inclassable, ne rentrant que très difficilement dans les normes sociales actuelles et, pire que tout, revendiquant souvent cette différence comme un bouclier pour se protéger des agressions du monde extérieur.

Il n’existe que pour une et une seule chose: le déplacement géographique dans des espaces situés le plus loin possible les uns des autres et dans lesquels il s’exprime et renait, tentant et réalisant des choses qu’il n’oserait même pas envisager dans son lieu de villégiature usuel.

C’est de cela que je compte vous parler aujourd’hui: les Paradoxes du Voyageur !

paradoxe

Le travail

Jamais je n’ai fait autant de boulot stupides, bizarres, différents que pendant mes voyages au long cours, en PVT Style. Je me suis ainsi retrouvé à me balader dans la nuit du Yukon en raquettes à surveiller un camping désert, à glisser des publicités dans des journaux tous frais sortis de l’imprimerie, à empiler des branches d’arbres, à arracher des couilles d’agneau ou encore à gérer une ferme pédagogique.

Dès que je quitte la France, tous mes préjugés et mes idées reçues s’envolent et je n’ai plus aucun souci moral à envisager d’exercer des fonctions auxquelles je me refuse de postuler en temps normal.

Il est fort probable que la dimension financière d’un WHV y est aussi pour beaucoup sans que cela soit pour autant LA raison principale: l’intégration dans une langue étrangère, l’évolution dans un marché différent sont autant d’arguments favorisant le Voyageur à tenter, encore et encore, de nouveaux jobs, de nouvelles expériences.

De plus, les codes professionnels étant différents de ceux d’ici, aucun inhibition n’est possible: essayer tout, encore et encore, et se dire que cela va marcher, sans histoires de diplômes, expériences ou piston.

Le pire dans cette histoire: souvent, ça fonctionne !

La Bouffe

Il y a certains plats que je n’approcherais pas sans une combinaison bactériologique et un compteur Geiger. Venez me parler de tripoux, de museau de porc ou de queue de bœuf et je vais surement m’enfuir en courant.

Par contre, bouffer des pâtes chinoises pendant cinq mois, avaler des morceaux de foie de vache baignant dans une soupe bizarre, croquer des couilles d’agneau (encore elles !) en omelette ou encore avaler des fricassées d’insecte, cela ne me rebute pas.

Pire, ça aurait même tendance à m’exciter un tantinet, à me titiller la glotte et faire marcher à fond mes glandes salivaires.

Comme on dit: l’occasion fait le larron !

Les activités diverses et super variées

Une copine m’a dit tantôt, alors qu’elle s’apprêtait à sauter en élastique:

« C’est toujours quand je suis loin de chez moi que je tente les trucs les plus impossibles »

Je crois qu’il en va de même pour nous tous et que le Voyage ouvre en nous des compartiments dont on ignorait l’existence. Les barrières morales se cassent, la peur s’enfuit en courant et un fol sentiment de toute puissance court dans nos veines, nous poussant toujours plus loin sur le chemin de la nouveauté.

Sauter en parachute, faire de la plongée, rencontrer des ours, se faire courser par un iguane ou un lion de mer, grimper une via ferrata ou dormir en camping super méga sauvage en plein cœur de nulle part: il fallait vraiment que je sois loin d’ici pour le faire sans arrière-pensée !

Les déplacements

Si on m’avait que je passerais une semaine dans un bus pour traverser le Canada, que je ferais 6000 bornes en stop autour de la Nouvelle Zélande ou encore que je prendrais un bateau postal pour aller dans les coins les plus reculés de l’Océanie, j’aurais dit: « No.Fucking.Way ».

Et pourtant !

Alors que je suis un vieux pantouflard dans mon pays, adepte du train et/ou du covoiturage, n’envisageant pas une seule seconde de lever le pouce sur les routes de ma Patrie, le Voyage me change de tout au tout.

Il m’apparait alors logique, normal et raisonné d’envisager les trucs les tordus pour avancer de quelques kilomètres (DeT en a fait l’amère expérience !), quitte à passer six heures de suite au même endroit.

Quand je vois également des astuces circuler pour faire du stop en avion (!!!) ou en bateau, je me dis que je suis encore loin d’avoir tout essayé…

Pour aller plus loin…

J’ai l’impression que le sujet pourrait s’appliquer à chacun des domaines de la Vie (avec une majuscule, oui madame). Je vais donc banalement conclure par une citation (supposée) de notre cher Lao Tseu:

Plus on voyage loin, moins on se connait !