Les fantômes du passé
Les souvenirs. Les émotions. Les expériences vécues.
Tout ce qui revient d’un voyage et qui est immatériel, stocké dans la tête, dans les brumes d’une mémoire forcément sélective, qui voudrait tout retenir mais qui ne le peut pas. Je sais avoir déjà écrit sur ce sujet, avoir expliqué le passé d’un voyageur est son fardeau, son poids moral, son baluchon de tous les jours. Cependant, le mois de janvier est toujours, pour moi, un mois spécial. La nouvelle année qui commence tout juste est synonyme de promesse, d’un avenir à dessiner et de rêves à projeter. C’est aussi la perspective de repasser par le spectre intégral de toutes les émotions emmagasinées et venues des voyages du passé, ces fantômes du passé qui me hantent au quotidien.
Je sais, par exemple, que février sera un mois spécial parce qu’il coïncide avec mon départ pour le Canada et ma folle année de PVT. Je vais me revoir attendre pendant 6 heures à Londres, bloqué à cause d’une tempête de neige inouïe. Je vais me revoir lever la tête et sourire à une inconnue nommée Virginie, celle-là même immortalisée sous les quatre lettres de PPDO. Je vais repenser à ma frousse et à ma joie entremêlées au passage de la douane et je vais avoir envie d’écrire une nouvelle lettre destinées aux PVTistes de la nouvelle génération, qui s’embarquent pour la plus belle des aventures.
Je vais également ronchonner en m’apercevant, qu’une fois encore, j’ai repoussé aux calendes grecques mon cher projet de retour au Yukon. Que je ne me suis pas donné les moyens, l’envie, la possibilité de le faire de suite et que je vais encore devoir cherche une excuse aussi légitime que foireuse pour justifier de ce retard.
Bien plus tard, cet été, les circonstances de ma vie font que j’aurais la tête tournée vers un bonheur certain, une nouvelle aventure que j’espère belle, folle et remplie de tous les bonheurs possibles. Il n’empêchera pas que, vers la mi-aout, mon attention sera imperceptiblement attirée vers un vague tampon sur mon passeport, estampillé Nouvelle-Zélande et que je songerais alors, avec une nostalgie féroce, à cette liberté qui fut mienne pendant 7 mois et 3 jours.
Je suis rongé par les fantômes de mon passé. Je vis avec eux, au jour le jour. A tour de rôle, je tente d’en faire des compagnons, des béquilles ou des cadres. Par moments, une violente envie de faire un ménage cérébral, une grande lessive de cerveau et de repartir à zéro, propre et neuf.
Ils sont un moteur, une haine, une passion, un amour, une détestation.
Ils vivent en moi et je vis à travers eux.
Qu’en faire ?