Les découvertes d’un Papa

En dépit de quelques sujets déjà prévus depuis belle lurette, les mots n’arrivent pas à s’aligner. Impossible d’imaginer une structure, de visualiser une quelconque trame. Cependant, il se trouve que j’ai envie d’écrire. Du coup, je jette au loin les idées et les projets pour laisser le plaisir et l’improvisation guider mes pas vers un territoire toujours plus vierge, toujours plus inconnu : la vie de Papa. Et mes découvertes aussi quotidiennes que farfelues !

Les découvertes d’un Papa

Si vous ne le savez pas encore (ou si vous l’avez oublié), apprenez-donc que je suis l’heureux papa d’un petit garçon âgé de huit mois et demi. J’ai déjà eu l’occasion, dans le passé, de m’exprimer à ce sujet, de vous raconter comment j’ai entamé le plus beau des voyages, de lui écrire des lettres ou encore de causer des escales sur la route. Or, aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’autre chose : de mes découvertes de jeune papa  2.0 au foyer qui découvre, jour après jour, qu’il vaut mieux avoir confiance en soi et en ses capacités d’adaptation que de croire tout ce qui est écrit dans les livres !

Être ou ne pas être

Franchement, en toute honnêteté, je peux vous le dire : je ne savais pas du tout à quoi m’attendre le jour où (ma douce, belle, tendre, désirable, adorable et chérie) #DeT allait reprendre le travail et que j’allais passer en autonomie absolue, à m’occuper de Bébé à la maison, un choix longuement discuté mais totalement assumé de notre part. D’ailleurs, c’est assez drôle avec le recul mais, la première journée passée seul avec lui, j’étais (presque) paumé. Plus de #DeT pour me regarder du coin de l’œil et m’orienter. Plus de conseils à demander. Plus de questions à poser. Moi et lui. Lui et moi. Nous deux. Ce jour en duo a été (quasiment) une épreuve olympique. Je voulais me prouver que je pouvais le faire et il attendait de moi que je fasse ce qu’il fallait pour lui assurer bonheur, quiétude et repos. Finalement, je me suis retroussé les manches et j’ai mis les mains dans le cambouis. Les biberons. Les couches. Les dodos. Tout s’est goupillé à merveille, rythmé par mes grattages de tête et mes interrogations intérieures. Cependant, par petits moments, je me disais que c’était plus facile de faire du stop pendant 5 mois en Nouvelle-Zélande et d’écouiller des agneaux que de s’occuper d’un bébé. Qui sait si ce n’est pas vrai, en fait ?

Les rois de la route

Un autre moment d’exception et de découverte fut le jour de notre première sortie en landau. J’avais préparé ma feuille de route, m’étais fixé un objectif raisonnable, embarqué assez de vivres pour tenir un siège, prévu une boussole, une couverture de survie et prévenu toutes les autorités légales et responsables (aka #DeT) du déroulement théorique de l’après-midi : partir, se promener et revenir. C’est donc par u chaud après-midi d’aout que je suis allé explorer la Capitale et me rendre compte que cette ville HAIT LES BÉBÉS. Ne pensez donc pas que j’exagère et mettez-vous à la place d’un nouveau-né qui ne peut s’endormir convenablement car il subit, selon les jours, la pollution sonore des klaxonneurs fous, les remous d’un revêtement urbain tout droit venu de Roubaix, les chocs des piétons plongés dans leurs téléphones, l’odeur immonde des fumeurs de clope je m’en foutiste et les sourires béats des XXXX-génaires en manque de petits-enfants qui bavent la bouche ouverte en faisant des mimiques sorties des Gremlins. Du coup, j’ai été mis face à un constat très simple : combattre ou ne plus sortir. Subir ou Agir. M’imposer ou nous laisser bouffer. Ma réponse a été simple, prosaïque, pragmatique, violente et efficace : je fonce désormais et rien ne pousse derrière mon passage. Nous écumons le Bitume avec Fiston, slalomons, tournons, détournons et faisons loi sur le Trottoir !

A l'aventure

Scatophile ordinaire

Pour autant, mes découvertes ne se limitent pas à cela. Oh non. Sache, cher lecteur, que j’ai repoussé les barrières de ma répulsion. Sache, ô toi mon Ami, que j’ai vaincu ma peur primale, ancestrale, génétique. Sache, ô surfeur égaré, que je ne suis plus effrayé car, en toute vérité, je nettoie les Cacas. Il est des choses qu’un Homme doit accepter en toute humilité. Il est des choses qu’un Père doit savoir faire, aussi humiliant, sale, crade et ragoutant cela soit-il. Nettoyer les fesses de son fils en est une. Je pensais ne jamais y arriver, en dépit de nombreuses discussions de groupes avec mes ami(e)s et leurs conseils “On est tous passés par là Mec” ou “Tu verras, tu te fais à tout, même à l’odeur. Et puis, de toute façon, ça ne sent rien”. ou bien “Souvent, c’est l’apocalypse. Mais c’est pas grave”. Bref. J’arrive à gérer les cacat-tastrophes et les caca-taclysmes, même lorsque je suis en apnée absolue et que Môssieur gigote dans tous les sens. D’ailleurs, ça me fait penser à cette subtile réponse de #DeT, en pleine consultation à la maternité “Et alors ?” alors que je suis signalais, en tout panique, que le Bébé était en train d’expulser sa matière fécale et que cela me laissait désemparé. A ce propos, permets-moi de te signaler, futur papa qui lit ces lignes et rigole : TON TOUR VIENDRA !

Chope. Bouffe. Chope. Bouffe

Rien. Je ne dois plus rien laisser trainer à côté de ce gnome avide, morfale et kleptomane qui essaie de bouffer TOUT ce qui passe à portée de ses petites mains griffues. Certes, il se peut que je noircisse un petit peu le trait. Cependant, depuis que Môssieur se décide à tenir debout en se tenant aux barreaux de son Parc, je dois redoubler de vigilance pour ne pas le retrouver avec une lampe en travers de la tête, un appareil photo dans la bouche ou encore une girafe enfoncée dans le gosier. Même en pleine séance de jeux, il tente, ô combien discrètement, d’embarquer les accessoires de Papa qui trainent de çi et la. La leçon du restaurant et de la poignée de frites envolées a été douloureuse mais salvatrice. Désormais, quand on mange  sur les genoux de papa, RIEN ne reste à portée de main. Rien. Nada. Queudchi. Tant pis pour toi. Tant mieux pour moi !

Olympus

Fais dodo.

Enfin, j’ai une pensée émue pour tous ceux dont les enfants, à huit mois, ne font toujours pas leurs nuits et qui se battent, jour après jour, pour réussir à les coucher à une heure décente, pour réussir à les faire dormir une nuit entière sans aucun réveil, pour réussir à accomplir un cycle nocturne normal. Personnellement, j’ai mis de côté tous mes espoirs, me suis résolu à reprendre les berceuses et les longues séances de danse dans le noir avec Bébé dans les bras. J’écoute sa respiration, s’apaiser, je me repais de ces petits soupirs, je sautille quand il bouge et je susurre des chansons connues de nous seuls à son oreille. Dans le noir, je surveille ses petits yeux et j’attends qu’ils se ferment, le temps d’une minute ou d’une nuit (jamais connu cela encore). Alors, doucement, tout doucement, je marche vers la chambre et je le dépose, délicatement, du bout des bras, dans son lit. Le temps se suspend l’espace d’une fraction de secondes, comme s’il jouait à pile ou face. Va-t’il resté endormi ? Va-t’il se réveiller en hurlant ? Sur le seuil, j’attends, aux aguets. Et, selon la tournure des événements, je m’interroge entre me High-Fiver en solo ou m’enfuir en hurlant, chemise arrachée et cheveux défaits. Dès lors, J’apprends, soir après soir, qu’un Bébé est la chose la moins prévisible, la plus effrayante, la plus belle, la plus attachante, la plus emmerdante, la plus jolie, la plus douce, la plus horrible, la plus mignonne, la plus affolante qui puisse arriver à un Papa.

Papa et bébé

Et vous savez quoi ? J’aime ça !