Les 2190 jours d’après.

Un soir de janvier 2009

En 2009, après une courte discussion avec ma collègue d’expatriation, je décidais de créer un blog. Le but, à l’époque était simple : avoir un espace d’expression où je pourrais, pendant mon année de PVT au Canada, poster des nouvelles, écrire des histoires et publier des photos. J’avais déjà, dans le passé, tenu bien des blogs. Celui-ci, cependant, devait être avant tout un lieu où ma famille et mes amis pourraient suivre mon parcours, poser des questions et savoir comment se passait cette aventure outre-atlantique.

Après une (trop) courte réflexion, mon choix s’est vite arrêté sur un terme générique, englobant à la fois le but et la destination : Voyage Yukon. J’ai pensé, sur le coup, que ça ferait l’affaire. Le .net s’est imposé de lui-même car les autres ne me paraissaient pas adaptés ou pertinents. Et puis, dans tous cas, il était évident, sur le moment, que ce blog n’allait jamais dépasser l’année de vie et qu’il était condamné à l’avance, une fois que mon Permis Vacances Travail aurait atteint sa période de validité…

Je me revois encore chercher mon hébergeur (Nuxit, pour les curieux, le même qu’aujourd’hui !), découvrir WordPress (alors que j’avais grandi à l’école Dotclear) et écrire mon tout premier billet, au nom étrangement prémonitoire: The Neverending Story. Je me revois aussi taper ce premier texte dans ma chambre de Paris, cherchant mes mots, mes tournures et mes expressions avant d’appuyer – enfin – sur le bouton PUBLIER et de sentir des petits frissons devant ce N°1…

Un soir de janvier 2015

2190 jours et 778 articles plus, je m’aperçois, ébahi, que mon petit blog existe toujours et qu’il est même devenu (relativement) grand. Reconnu par mes pairs, suivi par un lectorat fidélisé et présent au fil des années et au fur et à mesure de mes voyages. Il m’a suivi en France, en Nouvelle-Zélande, parmi toutes mes aventures et il me permet même désormais de gagner de l’argent, que ce soit grâce à lui ou plus indirectement, comme vitrine professionnelle.

Je regarde, assez amusé, la mode aller et venir, portée par des rêves de Tour du Monde gratuits et d’argent tombant du ciel au détour d’un simple article. Je vois des gens payer pour apprendre ce que d’autres ont fait. Je vois des modèles se créer, se développer puis se crasher. Je vois des habitudes se faire et se défaire. Je vois des étoiles filantes toucher le firmament puis s’écraser, anéanties par des ambitions démesurées. Je vois des blogueurs se copier les uns les autres. Je vois des blogueurs faire la course la chiffre. Je vois des recettes éculées et des prises de risque inouïes. Je vois la Blogosphère grandir et rétrécir, respirer et inspirer, au gré des combats et des collaborations.

Cela fait maintenant quelques années que je fais mon trou, que je développe un modèle et que je vis ma petite vie de blogueur (auto)déclaré professionnel. J’ai monté, avec des collègues devenus des amis, un collectif reconnu pour sa pertinence et sa qualité. Mon blog m’a permis de décrocher des contrats et de vivre de ce que j’aime faire : écrire. J’ai la chance (presque) indécente de pouvoir voyager, de voir le monde et de n’avoir que très peu de regrets.

Quand je regarde le chemin parcouru depuis le début, depuis ce tout premier petit article, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine fierté teinté d’une émotion hautement égotique. Là où d’autres ont échoué, je continue. Là où d’autres sont montés plus haut, je continue. A mon rythme, avec mon style et mes envies, avec mon âme, mon talent, ma plume et mes questions, mes remises en cause et mes certitudes.

Quand je regarde le chemin à parcourir, je ne vois qu’un horizon vierge. Je vois des territoires inconnus, des opportunités formidables et des déceptions cuisantes. Je vois des rivalités, des joies, de la naïveté, des envies, de la jalousie. Je vois des amis, des compagnons, des confrères, des inconnus, des idiots, des SEOistes et des collectifs.

Je ne sais pas vraiment ce que je vois.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je blogue.
Je ne sais pas vraiment où je vais.
Je ne sais vraiment pourquoi j’y vais.
Je ne sais pas vraiment comment j’y vais.

Ce que je sais ?
C’est que j’y vais malgré tout, avec vous.

Et c’est cela qui est merveilleux, depuis 2009 !