Le voyage est mort : vive le voyage !

Ô combien est étrange cette année 2020, qui voit aller et venir les confinements, les restrictions, les interdictions. Au cœur d’icelles, l’impossibilité (quasi) absolue de voyager « comme avant » est parmi les plus remarquées. Finies, les escapades d’un week-end en Europe, les épopées nord-américaines, la ruée sur les billets à bas prix et les achats compulsifs de bagages garantis Ryan Air Compliant. A la place sont arrivés les encouragements à (re)découvrir son pays, à aller voir autour de chez soi, dans son département, dans sa région.

Dès lors, si l’on considère, avec une relative objectivité, qu’une page est bel et bien tournée et que le voyage, tel que nous l’avons connu, semble définitivement à oublier (du moins pour quelques temps), quelles vont être les tendances des années à venir ? Ce pivot, ces changements, cette transition n’est-elle pas, en réalité, ce qui pouvait arriver de mieux, en ces temps où des changements drastiques doivent être, non plus envisagés mais à tout prix mis en place ?

Et si, finalement, cette crise née du COVID était la petite pierre roulante entraînant une grosse avalanche, permettant au final de tout reconstruire sur des bases propres plutôt que sur des ruines ?

Un monde à bout de souffle(s)

Quelque soit le bout par lequel on le regarde, l’angle sous lequel on l’aborde, il apparait clair que le monde du Voyage, dans son intégralité, était d’ores et déjà en train de se consumer, à vives flammes.

On trouve, pêle-même, dans ce constat, certains points tels que :

  • La démocratisation totale du voyage aérien, qui a rendu accessible à tous des voyages à des prix défiant toute concurrence (au regard notamment du train) vers des destinations toujours plus éloignées. Dès lors, pourquoi rester en France quand un aller-retour vers quelque part (en Europe, les DOM-TOM ou New York, par exemple) coûte à peine plus cher qu’un voyage ferroviaire vers le Sud, surtout en gardant en tête les hérésies tarifaires de l’opérateur national ?

  • L’explosion hors de tout contrôle de la fréquentation touristique de certaines villes (Venise, Amsterdam, Lisbonne ou encore Barcelone sont des exemples parfaits).

  • L’offre toujours plus pléthorique des locations touristiques (où AirBNB fait bien sûr office d’hydre démoniaque selon certains ou de tête de gondole à admirer selon d’autres, tout n’étant qu’une question de points de vue).

  • Le besoin d’être vu.e, de faire savoir, d’exposer et de s’exposer dans une vie toujours plus belle, toujours plus riche, toujours meilleure que celle des autres, essentiellement sur les réseaux a-sociaux. Cela rejoint un autre élément, avec le besoin de partager à la vue et au su de tous chaque « expérience » vécue hors de chez soi, ladite expérience étant souvent la cause réelle et motivée du voyage.

  • Une surenchère permanente dans le marché des niches, avec une surmultiplication des offres, des concepts, des plus légitimes (la micro-aventure) aux plus farfelus (le Glamping et tous les autres trucs en -ing) en passant par le Staycation et autres étiquettes des plus étranges (et en sachant, de toute façon, que rien n’égalera jamais le génie absolu du Laboratoire de Tourisme Expérimental). Je passe sous un silence miséricordieux les labels qui fleurissent dans tous les sens, ressemblant à un bouquet labyrinthique et dans lequel il est risqué de vouloir s’aventurer si on ne maitrise pas toutes les Arcanes du Langage.

  • Une responsabilité clairement engagée dans le développement mondial du COVID (un élément qui mériterait un article spécialement dédié) avec cette lancinante question qui n’aura probablement jamais de réponse : quel serait l’état de l’épidémie si tous les voyages avaient été purement et simplement annulés dès les prémices de la pandémie ?

  • L’impact et le coût écologiques de tous ces déplacements – notamment aériens mais pas que – qu’il faut désormais intégrer dans toutes les réflexions, dans tous les calculs, dans toutes les projections à venir

Cependant, tout n’est pas si sombre dans le Monde du Voyage. De nombreux acteurs et actrices, de nombreuses structures se battent au quotidien pour défendre d’autres formes de tourismes et de voyages, plus respectueux, s’inscrivant dans la mouvance du Développement Durable, de l’éthique et, globalement, du respect de la Planète. Je pense particulièrement, en France, à ce que propose le Réseau ATD, parmi tant d’autres.

Le virtuel, le nouvel opium du peuple ?

Puisque les voyages impliquant un déplacement physique semblent désormais proscrits, pourquoi donc ne pas s’aventurer vers de nouveaux territoires, à peine défrichés ? Même si cela fait déjà bien longtemps que l’Internet est partie prenante dans l’Industrie du Tourisme, avec une prise de pouvoir de plus en plus importante, des pans immenses restent cependant encore à explorer avec, en point d’orgue, la virtualisation intégrale d’un voyage.

La virtualisation d’un voyage, kesaco ?

C’est faire vivre, de A à Z, l’expérience du voyage sans avoir à quitter une seule seconde son canapé. Depuis le choix de la destination jusqu’aux lieux à visiter en passant par une vaste sélection d’activités, il est presque déjà possible de vivre cela en utilisant les nombreuses ressources déjà existantes, tel que la VR (Réalité Virtuelle en VF) et son casque immersif. En poussant même la réflexion un peu plus, on peut considérer que cette virtualisation est déjà dans notre vie quotidienne : Google Maps permet d’explorer sans limites, TripAdvisor et autres offrent pléthore d’avis, les Box Voyages reçues à domicile sont un voyage sans déplacements et cela sans même parler des millions de sites qui font partir de chez soi en un seul clic. Dès lors, voyager de façon virtuelle ne serait qu’un pas de plus sur ce chemin.

Ce marché en pleine expansion me semble être un passage obligatoire à court terme. D’ailleurs, les professionnel.le.s ne s’y sont pas trompé.e.s. Les propositions collaboratives et interactives « d’expériences » se multiplient (telles les visites guidées à distance d’Edimbourg, pour ne citer qu’elles) et même les salons s’y mettent, tels que fameux WTM de London ou le tout jeune #DirecTravel, qui tient cette année sa première édition entièrement dématérialisée. Il en va de même pour certains évènements plus corporate comme les conférences de presse, vernissage et autres, qui se font désormais sans soucis via un lien Zoom et des intervenant.e.s de qualité.

Pour autant, aussi prometteur soit ce tableau, je ne crois pas que le voyage en arrivera à devenir entièrement virtuel. Cette solution offre un magnifique palliatif et présente de très belles promesses, notamment pour ceux et celles qui ne peuvent se déplacer (pour X raisons que ce soient) mais rien ne remplacera jamais le vrai voyage, physique, visuel, réel. Comment pourrais-je ressentir le vent sur mon visage, quelque part sur des falaises d’Irlande ? Et le goût d’une vodka au fin fond de la steppe mongole ? L’émerveillement après trois heures de randonnée en Nouvelle-Zélande ou devant la beauté brute des Highlands ?

A mon sens, tout l’enjeu de ce nouvel élément repose sur une question d’équilibre entre trop et pas assez. Il va falloir réussir à se servir du virtuel comme d’un atout, d’un allié, d’un outil très puissant sans que cela n’empiète trop sur le réel du voyage. A trop vouloir faciliter les rapports en impliquant applications, smartphones et autres ordinateurs, le risque est grand de voir disparaître l’enjeu humain, qui est pourtant le cœur même de l’Industrie. Les années à venir et les tendances qui apparaitront saurons nous dire si ce défi a été relevé avec justesse.

Authenticité ou#AuthentiCité ?

L’une des tendance les plus marquantes des dernières années est cette quête chamanique, cette odyssée homérique, cette chimère : la recherche de l’Authenticité. Celle-ci doit se trouver partout : dans le logement, dans le contact humain, dans les activités, dans les rapports commerciaux. Elle est quasiment devenue un incontournable commercial systématiquement mis en avant dans toutes les communications touristiques. On ne saurait faire l’impasse sur cet argument, cet avantage qui semble être présent aux cinq coins du monde connu.

Hélas, est-elle réelle, cette authenticité tant vantée ? Ou n’est-elle que poudre aux yeux, jetée pour mieux appâter avec les promesses d’une ville authentique, d’une #AuthentiCité où rien n’a été perturbé par les arrivées massives des flux touristiques ?

J’avoue être profondément perplexe sur le sujet avec, en point de mire particulier, les attentes spécifiques de ceux qui court après elle sans s’arrêter une seule seconde pour se poser et réfléchir. Comment peut-on demander en même temps le beurre, l’argent du beurre, le lait, le logis de la crémière et la vache, le tout dans un paquet cadeau et en ne payant que le moins possible ? Comment ne pas comprendre que c’est un cercle des plus vicieux, un serpent se mordant dans la tête que d’espérer vivre une expérience authentique quand ce qui se faisait l’authentique s’est barré à toutes jambes, effrayé, chassé, botté à coups de pieds ? Quand des blocs entiers de logements sont destinés à accueillir des touristes, quand les petits magasins locaux ferment pour être supplantés par des commerces axés sur une consommation essentiellement gentrifiée et touristique, c’est qu’il est déjà trop tard. L’authenticité se fait aux dépends des habitants, lesdits habitants se trouvant expropriés, refoulés en périphérie, faisant perdre par là-même ce qui faisait la force, l’âme, la réalité d’un lieu, d’un quartier, d’une ville.

Dans un monde idéal où tout serait pour le mieux, strictement rien de la vie quotidienne ne devrait être bouleversé par la présence de touristes. Les choses poursuivraient leurs cours en toute paisibilité et les passages se feraient fugaces, timides ombres seulement entr’aperçues. Les prix ne seraient pas tirés vers le haut, les lieux seraient respectés et la nature resterait intacte, que ce soit dans un parc parisien, une montagne écossaise ou un camping islandais. Aucun quartier ne se verrait enlaidir par la construction subite d’hôtels et les manifestations anti-touristes ne seraient venues à l’esprit de personne.

Un jeu de dupes auquel nous participons

Il y a donc un immense jeu de dupes, auquel nous avons tous la conscience de participer, avec ou plus moins d’innocence. De par nos choix, nos comportements, nos habitudes de consommation en voyage, nous sommes les acteurs de ces changements. Ne plus aller à l’hôtel pour privilégier l’appartement, c’est entrer dans ce jeu. Prendre son petit -déjeuner dans un Bar à Céréales plutôt que d’acheter à la boulangerie du coin, c’est entrer dans ce jeu. S’agglutiner pour faire une photo destinée à IG (qui sera taguée #Authentic) et détruire un écosystème tout en développant un autre, c’est entrer dans ce jeu. Sciemment biaiser la vérité d’un lieu en en renvoyant une image faussée, à des années-lumières de la réalité, c’est entrer dans ce jeu.

La liste des exemples que nous faisons, de ce que j’ai fait (et que je fais probablement encore) est sans fin. Aussi, plutôt qu’en faire une litanie infinie, pourquoi ne pas plutôt réfléchir à ce qu’il est possible de modifier, sur quels leviers appuyer, quels boutons presser pour, plutôt que de tout changer radicalement, inciter à une envie de changement qui viendrait naturellement ? Je ne suis pas partisan d’un retour en arrière, de la solution de tout effacer en disant « C’était mieux avant ». C’est, d’une certaine façon, la recherche de l’Authenticité (et de l’économie, bien sur) qui a fait naitre de merveilleuses initiatives comme le Couchsurfing, les réseaux de douches et autres Wwoof et HelpX. Ce sont de trop belles trouvailles trop précieuses pour être sacrifiées ainsi. Encore une fois, tout est question de mesure, de positionnement et de réflexions personnelles, en amont, pendant et en aval du voyage.

Dès lors, si l’Authenticité doit absolument être la colonne vertébrale de votre voyage, si elle est l’ADN de vos envies, sachez simplement qu’il existe des solutions pour cela et qu’il ne tient qu’à nous de les chercher, de les trouver et de les faire connaitre.

L’ultra-local, une chance à saisir

#CetEtéJeVisiteLaFrance, #JeReDecouvreLaFrance : vous n’avez pas pu rater, si vous êtes présent.e.s sur les Internet, les campagnes promotionnelles pour (re)lancer le tourisme hexagonal, en ces temps sombres où il ne fait pas spécialement bon voyager. Si je ne vais pas m’étendre sur la pertinence de la seconde campagne (« Voyager est un acte républicain » qu’ils disaient peu ou prou avant d’annoncer le retour de la vengeance du confinement), je ne vais non plus discuter mot-dièse et hashtags, l’ayant déjà fait en ce lieu en d’autres temps.

Ce qui m’intéresse par contre beaucoup, et me ravit même, c’est de voir les voyages en France fortement encouragés. Bien sûr, il a fallu une pandémie et des circonstances exceptionnelles pour voir un positionnement aussi fort mais, maintenant que cela est lancé, il faut à tout prix conserver cette vitesse de croisière et absolument continuer sur cette voie. Nous avons la chance de vivre dans un pays d’une richesse patrimoniale inouïe, avec une gastronomie d’exception, des paysages d’une variété infinie. Pendant trop longtemps, tous ces atouts ont été considérés comme allant de soi et n’étaient pas forcément mis en avant auprès des habitant.e.s., eux-mêmes n’étant pas vu comme LE public à privilégier pour des campagnes de communication et c’est justement là que le bât blesse (et fait même très mal).

Qui donc connait le mieux un territoire, une région, un département que ceux et celles qui y vivent jour après jour ? Qui sont les mieux placées pour conseiller, orienter, donner des indications adaptées ? Aussi utiles soient-ils, les guides de voyage ne sont qu’un outil, pas une Bible, tout comme les sites internet généralement consultés. Quand on veut du précis, du sur-mesure, il faut aller le chercher à la source, sur place : coup de téléphone, courriel ou déplacement physique. Il faut aller éplucher les cartes, être curieux.se et aimer faire des détours.

L’un des paradoxes intéressants nés de la crise du COVID a été l’afflux inattendu du public dans de nombreux lieux. Nous avons donc eu, d’un côté, le discours « Venez, venez vite » et de l’autre, presque en même temps, « Stop, il y a trop de monde, ce n’est plus vivable ». Sans surprise, les foules se sont dirigées vers ce qui est régulièrement mis en avant. Du coup, pourquoi donc ne pas avoir tenter de créer des dérivations, des voies de traverses, des Itinéraires Bis pour désengorger, pour mettre en lumière des endroits moins connus, tout aussi qualitatifs ?

Communiquer, ce n’est pas que rabâcher, encore et encore, une liste connue de tous. C’est aussi – et surtout – savoir exposer tous les attraits d’un Territoire, avec mots et retours justes. Le temps est bel et bien passé où il suffisait d’une photo et quelques retours élogieux pour promouvoir. Si nous voulons être à la hauteur des défis touristiques à venir, il faut être audacieux et humbles à la fois. Audacieux dans les choix, en sortant des éternels immanquables. Humbles en ne vendant par du rêve mais du réel. Ne promettre que ce qui sera vécu, sans fioritures ni étalages oniriques venus de nulle part. Il faut également, et à tout prix, travailler sur une imagerie propre, sur une identité individuelle clairement définie et qui ne soit pas le copier-coller d’un autre pays, d’une autre ville, telles ces Venise de tous poils régulièrement chantées.

Il faut enfin, et c’est obligatoire, rendre ses lettres de noblesse au train : rouvrir les petites gares et les lignes fermées. Créer des navettes entre les gares et les lieux seulement accessibles en voiture. Créer une nouvelle grille tarifaire accessible et compréhensible. Le chantier est immense mais le gain potentiel énorme.

Savoir être soi-même plutôt que d’espérer paraître. Illuminer les lieux méconnus. Encourager encore et encore la découverte hexagonale. Aller chercher la parole des locaux, les faire Ambassadeur de leur territoire. Donner les moyens de voyager : ce sont là quelques axes que je pense essentiels au tourisme des années à venir.

Et demain ?

Les mois qui s’en viennent ne seront probablement pas teintés d’une espérance folle et je pense qu’il en faudra de nombreux avant de retrouver un semblant de normalité. Dès lors, lorsque celle-ci sera revenue avec la stabilité nécessaire, que ferons-nous ? Replongerons-nous avidement dans nos habitudes d’hier ? Aurons-nous profité de cette immobilité forcée pour envisager des changements, des remises en cause ? Les promesses d’hier seront-elles les actes demain ou resteront-elles simples serments d’ivrogne ?

Le monde du voyage est à un vrai tournant de son existence, peut-être même le premier de cette ampleur. Ce qui paraissait inconcevable est pourtant arrivé et les dégâts – économiques, physiques et humains – prendront des années à être réparés. Peut-être donc serait-il sage de poser de nouvelles bases ? Ou alors, sans que je ne le sache, peut-être que le mieux est de rafistoler, de réparer à la va-vite et de reprendre exactement là où nous nous étions arrêté.e.s auparavant. Evidemment, personne n’a la réponse, pour l’instant, à ces questions mais il ne tient qu’à nous de les y apporter. Pour le meilleur et pour le pire.

Si vous aimez ce texte et ce que je créé de façon plus générale, n’hésitez pas à m’en remercier d’une façon ou d’une autre : un partage, un commentaire ou un retour direct sont toujours les bienvenu.e.s, surtout en ces temps difficiles. Et si vous le pouvez // voulez, n’hésitez pas à m’offrir une bière via Buy Me a Coffee !

  1. C’est un article très intéressant ! Il y a beaucoup de sujets passionnants ! C’est vrai que juste avant le Covid, on était arrivé à des aberrations concernant le voyage (par exemple : des vols à des milliers de km moins chers que des trajets en train de quelques centaines de km …). Peut-être que la crise du covid rectifiera certaines trajectoires qu’avait pris le « monde du voyage » ?
    Concernant les « lignes ferroviaires fermées », malheureusement, elles ont été construites il y a tellement longtemps que je ne suis pas certaine qu’elles répondraient aux besoins actuels si elles étaient ré-ouvertes. Sans compter qu’une éventuelle ré-ouverture coûterait une fortune …. (mais ce n’est que mon avis !) – Et puis, est-ce que les voyageurs/usagers accepteraient d’attendre des navettes, car si, pour le même prix, ils peuvent avoir une voiture individuelle ? ahah, vaste interrogation philosophique sur le vivre-ensemble, le collectif, et … l’individualisme 🙂

    1. Hello Julie,

      Merci de ton passage !

      Concernant les lignes, je suppose que bon nombre d’entre elles nécessitent surement plus de rénovation(s) que de constructions pures. De plus, quand je vois l’entrain suscité par les vieilles lignes où marchent des machines à vapeurs, je me dis qu’il y a un vrai créneau à reprendre sur le voyage en train.

      Pour les navettes, j’ai plusieurs expériences : il y en avait une à Lens, par exemple, qui reliait la Gare au Louvre-Lens, ça marchait pas mal (mais ça a été supprimé). En les alignant sur les horaires de train (comme à Selestat, pour aller au Haut-Koenigsbourg et autres), ça marche d’enfer. Enfin, nous sommes allés à Pierrefonds recemment et nous avons du faire ce que tu préconises : la voiture vu que rien ne permet d’y aller depuis la gare de Compiègne (hélas).

  2. Ton article devrait lu par toutes ´les OT de France & de Navarre. Tellement ta réflexion est une évidence. Malheureusement entre l’instant T, et le jour ou tout repartira « comme avant » les gens auront oublié leurs engagement à devenir plus responsables. La seule chose qui restera sera l’argent, et tant que cela fera tourner le monde, et bien les bonnes résolutions seront vites oubliées.

    Pour la bières j’ai un credit de combien encore

  3. Merci Cédric pour ces réflexions. J’aime que l’on positive sans chercher à retrouver l’avant… De l’avant, vraiment avant (!) je regrette le mystère qu’entourait un voyage quand les réseaux n’existaient pas et que parfois les guides etaient succincts. Pour autant la mise en lumière de certains lieux procurent aussi une joie et une envie d’y aller… qui changera peut-être le quotidien de ce territoire. J’étais dans ce dilemne il y a encore quelques mois. Aujourd’hui comme beaucoup je (re) découvre mon pays et des choses ont changé. Partout les gens ont à coeur de partager leur région et leur histoire. C’est quelque chose qui commençait à se perdre au profit du rendement. J’ai fait récemment 800 km en train et j’ai pris le temps de regarder par le fenêtre, de parler avec mes voisins de voyage. Bref je ne regrette absolument pas de ne pas avoir pris l’avion. Alors oui les choses évoluent mais nous pouvons y trouver du positif.
    Merci pour ton article

    1. Renée,

      Merci de ton témoignage ! Je ne sais si j’aurais la patience de faire 800 kilomètres de train désormais (hélas) quoiqu’un Nice-Moscou, si la ligne venait à être rétablie, serait surement un très, très beau voyage ferroviaire.

      Quant au voyage d’avant, je pense qu’il a en effet perdu beaucoup d’innocence avec la disparition de la surprise, de l’attente, si l’on peut tout voir désormais en amont…

  4. Très bon article qui reflète ma pensée actuelle. Mais, même cet été, alors que certaines stations de montagnes faisaient plus que le plein avec des taux d’occupation rarement atteints, je ne pouvais m’empêcher de ressentir un dégoût sur certaines méthodes mises en oeuvre pour attirer le chalant. Cette quête « d’expérience » doit cesser. On doit pouvoir retrouver le plaisir simple des vacances sans que cela n’aboutisse forcément à un étalage démesuré sur les RS. Les acteurs du tourisme ont du chemin à parcourir certes, mais plus encore, les touristes eux mêmes.

    1. Sarah,

      A circonstances exceptionnelles, communication exceptionnelles.

      Je pense que la France n’a plus forcément l’habitude d’être visitée dans de telles proportions par ses propres habitants. Il va falloir être attentif pour voir comment vont évoluer les adaptations, les réflexions, les pratiques individuelles et les usages sur le long terme, si cette pratique d’un été se confirme.

  5. Je débarque ici après la conférence et je me rends compte que finalement, ici ou en France, on a les mêmes combats. On aurait presque pu la faire ensemble, ton article en est le parfait complément!

  6. Très bon article Cédric, merci d’avoir partagé ces pensées avec nous. Je me trouve d’accord avec beaucoup de choses. Quand en plus, tu publies une photo du quai derrière lequel j’habitais à Venise suivi d’une assertion que je défend profondément, sur la réhabilitation du train, forcément, la coïncidence me plait. J’ajouterais à cette réflexion que le concept même d’authenticité est problématique car l’authentique, ce serait ce qui est « conforme à la réalité ». Mais à Venise, il est plus conforme à la réalité de se retrouver écrasé dans une ruelle entre un groupe trop nombreux de touristes asiatiques et un « free tour » conduit par un guide non-officiel. Pourtant, ça n’est pas ça qu’on nous vend comme authentique, bien sûr. Je pense que l’authenticité échappe en elle-même à toute tentative de marchandisation, car une expérience vendue, ce n’est plus une expérience authentique mais une expérience fabriquée. Le problème vient aussi de ce qu’on désigne sous le nom de réalité, qui serait une une sorte de vraie vie cachée sous la patine d’expériences plus banales, sous la superficie que touche le voyageur benêt, et qu’il serait possible de rendre exclusive et vendue à prix d’or.

    1. Lucie,

      Merci d’être venue en ce lieu pour nourrir ma réflexion : j’en suis honoré et ravi.

      Pour ce qui est de Venise, ce petit endroit est l’un des plus meilleurs de notre court séjour là-bas : je me souviens de Fils marchant, d’une impression d’être arrivés au bout d’un monde et d’une petite parenthèse de tranquillité. Bref, c’était un chouette petit coin !

      L’authentique, dont tu parles après, est en effet polyforme et n’existe que par la perception de chacun.e, comme tu le dis très bien avec l’exemple vénitien. Pour moi, j’ai trouvé authentique le linge qui pendait aux fenêtres, les discussions animées sur une terrasse entre papys (présumés) locaux voire même la Cité endormie, tard le soir, dans la bienvenue noirceur et un silence miséricordieux. Tu offres un autre regard, qui est tout autant (voire même plus, en réalité) légitime. C’est là justement que se trouve le pivot de ce concept d’authenticité qui me fait me gratter la tête. Où se trouve-t’elle ? Est-ce possible d’en faire une généralité ? Peut-on la commercialiser en toute bonne foi ? Quid des promesses qui semblent tenues une fois le voyage achevé ?

      Je crois que je vais en faire un article, un jour !

      1. Merci Cédric pour ta réponse, je suis d’accord avec toi : je trouve aussi l’authenticité dans les détails du quotidien qui témoignent de la vie quotidienne d’un lieu (le linge, les papys). D’ailleurs, il m’arrive d’utiliser ce mot dans mes textes. Parfois, c’est peut-être de la paresse (qu’est-ce que c’est pratique de dire d’un lieu qu’il est authentique, sans trop d’effort, ça évoque quelque chose de positif à tout un chacun, peu importe quoi), d’autres fois, ça retranscris bien ce que j’ai ressenti. Si je pense aux lieux appartenant à la deuxième catégorie, ce sont pour moi toujours des lieux qui échappent globalement au marketing et à la marchandisation des expériences de voyage : le centre de la Sicile, les lagunes du nord-est (hors Venise), les villages déserts de l’Abruzzo. Des lieux où la vie ne se vit pas comme une représentation qu’on donne à l’autre, le touriste, de notre présumée authenticité, une essence qu’on cultive pour conserver sa valeur sur le marché du tourisme. C’est parce que ces lieux vivent pour eux mêmes qu’il me vient le terme d’authentique, tout en sachant que l’équilibre est fragile, car je suis une spectatrice de cette authenticité et donc je participe au phénomène. Je crois qu’une piste de réflexion consisterait à différencier la « consommation d’authenticité » de « l’expérience de l’authenticité » : dans le premier cas, on l’achète (sous la forme d’un billet d’avion vers une destination marketée authentique, ou d’une aibnbn experience avec un local) dans le deuxième cas on l’expérimente, de façon peut être hasardeuse, sans que « vivre l’authenticité » soit au coeur de l’expérience. Ce sujet m’intéresse, je serais ravie d’en discuter plus avant avec toi !

        1. Lucie,

          Ton commentaire étant d’une pertinence folle à mes yeux, je le garde de côté pour y réfléchir et faire macérer quelque peu mes pensées car il est riche en réflexion et mérite plus qu’un commentaire en réponse. A voir comment échanger plus avant dessus en effet car ce sujet et ses facettes m’interpellent de même.

  7. Excellent article, comme toujours d’ailleurs. As-tu pensé à l’envoyer à tous les OT du pays? Ainsi qu’à la SeNeCeFe? Beaucoup auraient des choses à y apprendre.
    Je te trouve néanmoins bien optimiste quand à la prise de décision pour le changement vers du plus durable et plus éthique. Les petits acteurs y participeront certainement, mais j’ai bien peur que les géants du tourisme ne repartent comme en 40. Ou peut-être est-ce moi qui suis trop pessimiste? Toujours est-il que cette crise sanitaire était peut-être, comme tu dis, nécessaire à la refonte du marché du tourisme.
    Qui vivra verra! (mais pitié, pas de pub pour mon département, on a eu plus de touristes que jamais cet été, résultat on a plus de cas de covid que jamais alors qu’on était relativement épargnés jusque là!).

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