Le voyage 2.0 rend-il con ?

Non, ce titre n’est pas un putaclic de premier ordre ni une incitation à venir vociférer dans tous les sens. C’est une interrogation légitime qui m’assaille aujourd’hui et me fait me poser des questions sur le rapport qui se créé entre une nouvelle génération de voyageurs ultra-connectés et le voyage en lui-même. Pourquoi, comment et ce que j’en pense : c’est l’objet de ce premier article de la cuvée 2016 !

Le voyage 2.0 rend-il con ?

Au détour d’une énième session sur Facebook, je laisse mon regard errer sur l’écran, entre 40k²² de notifications diverses et (a)variées lorsque, soudain, mon attention est captée par un message pas du tout sibyllin et qui me faut hausser un sourcil de surprise. Posté dans un groupe destiné aux backpackeurs, voici ce qu’il dit :

typhoide
Mon premier réflexe est de penser “Mais putain, va voir un médecin plutôt que de venir jouer à Doctissimo sur Facebook” avant de m’interroger. Pourquoi donc, en effet, cette voyageuse malade depuis trois semaines vient poser la question sur un tel groupe plutôt que de foncer se faire soigner ? Pourquoi penser que les avis des gens ont plus de valeur que le diagnostic d’un professionnel ? Pourquoi avoir plus confiance dans les conseils d’inconnus que dans le corps médical ?

reponse
La réponse apportée par la demoiselle quelques heures plus tard permet d’apporter un éclairage à mes questions : l’argent, la peur de se retrouver à court, l’espoir d’une guérison naturelle… Cependant, s’il n’y avait pas eu ce groupe et Internet, aurait-elle attendu si longtemps ? Aurait-elle cherché une alternative ou serait-elle allée de suite se faire soigner ? A l’heure où le voyage devient de moins en moins solitaire et de plus en plus connecté, je pense que la question se doit d’être posée : le voyage 2.0 nous rend-il con ?

De la paresse intellectuelle…

Devenons-nous de plus en plus stupides au fur et à mesure que nous vivons accrochés à nos appareils, les yeux rivés sur les écrans et les doigts volant d’une application à une autre ? Sommes-nous en train de régresser, à chercher en permanence l’accord, le conseil, l’avis, la validation des autres, qu’ils soient poignée ou légion ? Ne sommes-nous plus capables de faire quoique ce soit sans que cela ne devienne l’opportunité d’un post, d’un partage, d’une publication ?

Je me rends bien compte, personnellement, que mon rapport au voyage a été transformé de façon radicale depuis que je me balade avec un smartphone dans ma poche. Cela n’a jamais été aussi facile de se déplacer, d’obtenir des informations, de se diriger, de dénicher des adresses qu’avec une connexion, un navigateur et quelques applications bien sélectionnées. En un clin d’œil, ce qui pouvait prendre des heures dans le passé ne demande plus que quelques minutes de recherche..

Et encore, je suis relativement gentil lorsque je dis cela car je me rends compte de plus en plus qu’une paresse intellectuelle semble apparaitre. Je vois fleurir les questions de genre “Je veux aller à XXX pendant XXX. Que me conseillez-vous ?”. Rien de plus ni de moins. Aucune volonté de spécifier des envies, un programme. Aucun signe d’une recherche préalable. Aucun indice d’un potentiel intérêt primaire. Rien que l’attente d’une information globale, prédécoupée, préprogrammée, prête à être visualisée, digérée et absorbée en quelques lignes. Cela ne serait pas encore si dramatique si c’était restreint à quelques sujets bien précis mais ce comportement s’amplifie jusqu’à des niveaux qui me paraissent incroyables : une incapacité chronique à aller chercher l’information, une impossibilité totale à faire des démarches par soi-même, une volonté d’assistanat absolu, de A jusque Z, presque quémandée.

Je ne jette pas la pierre à ceux qui font cela : la société encourage à un tel comportement. L’accessibilité et la profusion des informations font que l’internaute ressemble parfois à une oie qui se ferait gaver. Cependant, lorsque cela est appliqué au voyage, j’avoue être perdu, dépassé, déphasé. Quand je défends, de toute la force de mon esprit, un positionnement en tant qu’acteur qui agit et ne subit pas son voyage, quand j’encourage les gens à choisir et à être partie prenante dans l’organisation, cela me dépite et fait pleurer mon âme.

A la stupidité du tout partagé…

Instagram.
Twitter.
Facebook.
Snapchat.

Le quatuor infernal des réseaux sociaux où il fait bon tout partager, tout faire vivre, tout faire connaitre. Comme tout bon blogueur qui se respecte, je suis présent sur 3 de ces 4 réseaux. Je poste, je commente, je partage. Cependant, j’avoue faire, depuis quelques mois, une légère overdose et avoir la volonté de recadrer ma présence numérique au sein de ces médiums. Par exemple, en dépit de tout l’intérêt que semble présenter Snapchat, je ne me vois pas du tout y être présent. Je ne comprends pas l’intérêt d’entretenir une relation voyeuriste éphémère avec une communauté. Quel intérêt ont donc les gens à vouloir connaitre chacune des minutes de mes voyages, chacun de mes actes ? Peut-être suis-je désormais trop vieux pour saisir toute l’ampleur du phénomène mais j’avoue être parfois frappé de stupeur lorsque je me rends compte à quel point certains ne voyagent plus pour eux mais pour les autres. Où se trouve le plaisir lorsque plus rien n’est personnel, lorsque tout est partagé ? Quand chaque minute, chaque déplacement, chaque arrêt, chaque paysage fait l’objet d’un partage, où se situe le bonheur intime, ce sentiment égoïste d’être seul au Monde ? Lorsque JE voyage, c’est pour moi avant tout. J’ai ce besoin de ressentir les choses, de ne pas les formaliser de suite, de ne pas les classer immédiatement. Laisser du temps au temps.

Encore tout à l’heure, je lisais le partage d’un jeune homme parti pour trois semaines en Islande. Depuis un mois, chaque jour, il a posté des photos de lui, vantant son goût pour la solitude, son amour des grands espaces, sa passion pour le monde “vrai”. Or, depuis qu’il est parti, que se passe-il ? Il poste, encore et encore. Lui dans l’avion. Lui au pied d’un volcan. Lui les pieds dans la neige, l’air pensif devant un paysage de rêve. Cela est ô combien symptomatique de ce que j’écris plus haut : la quête de la reconnaissance, le besoin maladif de tout vouloir partager, encore et toujours.

Par moments, je me reconnais dans ce que j’écris. J’aime à poster de belles photos après une journée de voyage. J’aime faire vivre par procuration ce que je vis, ce que je ressens. Pourtant, lorsque je regarde en arrière et que je reviens dans le passé, je me rends compte que je partageais déjà, d’une façon différente. Par les lettres, par les cartes postales, par les photographies du jetable, par les souvenirs. Pour autant, je ne cherchais pas la mise en scène permanente ni la quête d’un rêve édulcoré et politiquement trop correct. Qu’est-ce qui a donc changé ? Quelle est la valeur d’un Tour du Monde résumé en une vidéo de trois minutes, d’un pays présenté au prisme d’une dizaine de clichés ? Que faisons-nous vraiment de nos voyages, de nos aventures, de notre vécu ?

Et si nous étions juste cons ?

Empalé par sa perche à Selfie.
Tombé du ravin en voulant prendre LA pose.
Mordu par le chien avec lequel il posait.
Électrocuté par son téléphone.
Perdu par son GPS.

Vrai ou faux, ces faits divers sont le témoignage d’un signe fort : je crois que nous devenons juste cons. Nous avons besoin de faire recouper une information officielle par d’autres personnes. Nous avons besoin d’avoir confirmation par A que l’idée de B est bonne, quoique nuancée par les réflexions de C, D et E. Nous avons besoin de savoir à tout prix que X est en train de pêcher la Morue avec Y. Nous avons besoin de savoir que H est un spot de rêve mais que – CHUT IL NE FAUT PAS LE DIRE. Nous avons besoin de vivre dans l’immédiat, dans le subit, dans le tout de suite. Nous avons besoin de nous faire aimer, à travers nos statuts, nos photos, nos filtres et nos histoires, nos hashtags et nos prises de positions si courageuses.

Je pense, en toute honnêteté morale, que la réponse à toutes mes questions tient dans ces trois petites lettres : C.O.N. Moi comme les autres. Maintenant, est-ce un mal pour un bien ? Est-ce une tare ineffaçable ? Est-ce un destin inéluctable, une fatalité absolue ? 2016 va apporter son lot de changements et va – probablement – marquer un retour vers des choses plus authentiques, plus personnelles et peut-être moins axées sur EUX avant le MOI.

Nous attendons de voir, moi et ma chère connerie !

  1. Je suis intimement persuadée, et cela depuis des années, que l’homme est en train de s’anéantir… non nous n’aurons pas besoin de météorite ni même d’une énième catastrophe nucléaire, nous tomberons tous ensemble d’une falaise en faisant un selfie de groupe… il nous manque juste une perche assez longue.

    sinon, en revenir aux blogueurs, je suis plus gênée par les partages bien préparés, où la fille au chapeau prend LA pose qui va bien et qui ne sont là que pour faire de la promo, que par les gens qui postent à tout va… mais je suis persuadée que dans les 2 cas, personne n’a vécu son voyage pour lui même. Après, comme toi, je suis la première à poster des photos en fin de journée quand je m’emmerde dans la voiture et que j’ai une vague connexion mais j’ai l’impression que j’ai trouvé un juste milieu (faut dire qu’à la maison, le net est en roue libre donc en voyage j’essaye de minimiser les ondes sur mon cerveau)

    1. Hello Mitchka,

      La mise en scène d’un voyage est une partie quasi-obligatoire pour rendre un trip “bankable”. Je ne suis pas le dernier à le faire dans certains cas et, il ne faut pas se leurrer, une photo bien tournée est toujours plus attirant que qu’une one-shoot à l’arrache.

      Après la question est de savoir, en effet, ce qui reste du voyage pour celui qui le vit, que ce soit dans un cadre professionnel ou de loisirs…

  2. Aimer partager est une chose, mais vouloir absolument être le centre d’attention dans tous ses déplacement en est une autre. C’est une question que je me pose depuis pas mal de temps, et qui m’a vraiment fait du tord lorsque j’ai posé mes pieds au Japon, étant donné les retours qui m’avaient été faits sur mes premiers écrits : étais-je parti pour moi, ou pour relater mes aventures aux gens qui me suivent ?

    Même sans les réseaux sociaux, que je n’affectionne pas particulièrement, l’Internet en lui-même a complètement changé la face du voyage. On passe souvent d’une volonté de découvrir le monde, à une volonté de faire découvrir le monde aux autres par son intermédiaire, en oubliant de profiter soi-même du voyage. On ne prend plus les photos pour soi, on les prend pour les autres. Pour en tirer de la reconnaissance. Pour prouver aux autres, de multiples façons, que notre vie est géniale.

    Ta phrase “Quand chaque minute, chaque déplacement, chaque arrêt, chaque paysage fait l’objet d’un partage, où se situe le bonheur intime, ce sentiment égoïste d’être seul au Monde ?” résume parfaitement la situation. Même si j’en fais tout de même partie, j’ai peur de cette “nouvelle” génération de backpackers, faisant ça par mode, et ne cherchant pas par eux-mêmes les solutions à leurs problèmes, ne laissant pas au hasard ou à la recherche le choix des destinations.

    Mais que faire ? Ce n’est pas de la connerie, nous ne devenons pas cons, non. Nous sommes simplement dépendants de ces nouveaux outils, de cette Gloire virtuelle éphémère.

    Mais est-il seulement possible de nous en passer maintenant ?

    1. Salut Solomai,

      Toujours un plaisir de te voir venir ici depuis le temps avec des interventions sur lesquelles je n’ai pas grand chose à rajouter tellement elles sont pertinentes au regard du sujet et surtout lorsqu’elles émanent d’un membre de cette dite génération 3.0.

      Je suis ravi de savoir que nous ne devenons pas cons (quoique) mais plus gêné, en effet, par cette notion de dépendance que tu soulèves.

      Personnellement, je pense qu’on peut se passer de tout ça. Mais à quel prix ? Et le voulons-nous vraiment ?

      1. C’est en effet la question qui reste la plus importante au final : est-ce un bien ou un mal ? Le voulons-nous vraiment ?

        Il y a peu, j’ai eu dans l’idée, même si ça ne s’est pas concrétisé, de partir sans accessoires connectés, quels qu’ils soient, pour faire un petit tour en Europe. Chaque jour qui passait, je me demandais : “Mais c’est pas possible, comment vas-tu faire sans ? Prends-les !”, suivi par des “Mais tu sais bien comment ça se passe ! T’es connecté, t’en oublies de regarder les choses autour de toi ! Les prends pas !”, et ce pendant une semaine.

        Mais la vérité était simple : j’avais tout bonnement peur de ne pas les avoir. De ne pas pouvoir avoir de nouvelles simples de mes proches, de ne pas pouvoir rester connecté à des amis rencontrés ici et là, de perdre tout l’intérêt de mon petit blog, de manquer des choses par une méconnaissance des endroits que j’allais traverser. Et en même temps, je rêvais de comprendre ce que voulait dire “voyage” avant tout ça. La vision des choses est-elle différente ?

        Je suppose qu’il faut tenter, essayer, changer, pour pouvoir comprendre, et trouver un équilibre entre rester connecté, et profiter de son voyage sans arrière-pensées aucunes, de ce moment de bonheur inouï, où, du haut d’une montagne offrant un panorama sans égal sur une région magnifique, on crie sa joie, sa fierté d’avoir réussi ça, seul, ou avec des des amis rencontrés ça et là, et on profite du moment. Tout simplement.

    2. Bonjour a tous ,c’est un outil comme un autre et comme tout outil il as ses limites,sinon bonne analyse dans l’ensemble et quoi qu’il en soit je me rends compte que même avec des évolutions l’humain reprends toujours ses droits et le voyage ne rends que meilleurs sans tenir compte des aspirations de chacune et chacun,bref faisons juste attention de ne pas ce perdre dans une forme d’assistanat et d’égo 🙂

  3. Il y a plusieurs sujets intéressants dans ton post qui mériteraient chacun d’être creusé.

    Le besoin à tout prix de reconnaissance est vraiment générationnel, j’ai l’impression que les gens qui ont grandi avec les réseaux sociaux, FB et Instagram en tête, cherchent tout le temps, pour n’importe quoi (au-delà du voyage), inconsciemment ou non, à mettre en scène leurs vies et leurs expériences, quitte à enjoliver le “vrai”…

    Pour la technologie en voyage, je fais partie des gens “vieux-jeu” qui coupent le smartphone une grande partie de la journée en voyage. Je reconnais que ça aide d’avoir un GPS et de pouvoir se connecter facilement pour pouvoir organiser ses étapes, et il m’arrive de poster une photo à la fin de ma journée, parce que oui, comme toi, j’aime partager un instant, un paysage sympa, mais je me demande chaque fois comment profiter “vraiment” du moment, des gens que l’on rencontre et ceux avec qui l’on voyage, comment apprécier ces ressentis du moment si on a le nez plongé dans Instagram toute la journée ?
    Ton exemple du gars solitaire en Islande est fascinant… et flippant.

    Je dévie de ton billet, mais un autre point qui m’atterre à chaque fois, c’est quand je discute avec des gens, des “voyageurs” et qu’ils me sortent une réplique du genre “alors là, il me reste à faire Berlin et Copenhage et j’aurais bouclé l’Europe, après je ferai l’Amérique du Sud…” Oo
    Mais gars ! Comme si voyager devenait un must-do, une liste de choses et de lieux à cocher, pour mieux partager la carte des lieux visités, hop un selfie devant tel monument, un partage FB et voilà une destination à cocher, ça c’est fait, next !

    Parfois voyager ressemble à une compétition, “combien de pays visités ?”, “combien de visas sur le passeport ?”
    Quand est-ce qu’on comprendra que “faire” une ville, ce n’est pas découvrir le pays, (ni même cette ville en l’occurrence) et que parfois les plus grands voyageurs ne prennent même pas le temps de découvrir leur propre pays, leur propre ville, ni même d’aller à la rencontre des gens” de chez nous” avant de vouloir aller découvrir des peuples exotiques parce que ça fait bien de dire qu’on a fait un trek dans un région lointaine et reculée, puis faire un selfie avec un gars qui fait bien local… mais mince, c’est devenu “ça” voyager ? 🙁

    Et même s’il y autant de voyageurs que de type de voyages, certains comportements liés à ce besoin constant de reconnaissance m’attriste…

    Bref, je suis d’accord, on devient cons 🙁

    #modeRalageOff

    1. Hello Hélène,

      Le besoin générationnel est né avec l’avènement des (sky)blogs et des RS (je suis sérieux) et la facilité à se mettre en scène sur Internet. La quête de la reconnaissance, de l’amour… est intrinsèquement liée à cela (enfin je le pense).

      Chacun se reconnait dans son voyage, chacun le vit de la façon dont il le souhaite mais c’est vrai que je me reconnais aussi dans ce que tu décris : la banalisation des destinations effectuées, les listes qui se cochent : une tendance devenue courante, bien malheureusement.

      Peut-être sommes-nous des vieux cons qui vivent dans le passé ?

  4. Une réflexion bien pensée.
    Heureusement nous ne sommes pas tous cons au même degrés.
    Je penses que beaucoup de ceux qui postent beaucoup de photos sont probablement les gens qui voyagent seuls. Cet état étant, ils essaient quand même tant bien que mal de partager les moments qu’ils vivent avec les autres restés à “la maison”. Je parles en connaissance de cause. Il n’y a rien de plus frustrant que de parler de son voyage et de voir la tête des gens qui te regardent bêtement à la limite de “je n’y étais pas donc je m’en fout”.
    Je ne suis inscrite que sur Facebook et Twitter car même si j’y suis accro, ce sont des sites chronophages. J’ai mis plus de deux ans avant de m’inscrire sur Twitter pour mon blog. Je ne le regrette pas, j’y ai découvert des gens et des blogs très intéressants (dont le tiens). Mais je ne comptes pas m’inscrire ailleurs, car je passes déjà bcp de temps sur ces deux sites. Et je préfère garder du temps pour mes voyages plutôt que sur internet.

    Mais comme toi, j’ai du mal à comprendre les gens qui préfèrent demander l’avais médical des “followers” plutôt que d’un vrai médecin. Je ne comprends pas non plus ceux qui ne font aucune recherche sur leurs prochain voyage. il y a une grande marge entre demander des infos complémentaires, et de demander aux autres de faire son itinéraire.
    Si j’ai un jour posé la question, j’ai totalement changé ma façon de voyager.

    Bref, bon billet qui nous rend du coup un peu moins con.
    Merci!

    1. Hello Martine,

      La facilité à trouver désormais des informations en un seul clic – là où il fallait auparavant chercher, créé immanquablement une paresse. “La fonction fait l’organe et l’absence de fonction défait l’organe”.

      Pour autant, peut-être que cette génération gagne une ouverture d’esprit et une connaissance du monde qui ne peut-être que bénéfique sur le long terme… J’espère !

      Pour ce qui est des RS, je ne me prononce pas vu le temps que je passe dessus 😛

  5. Bonsoir Cédric,

    Je reviens sur quelques-unes de tes réflexions :
    “Cependant, s’il n’y avait pas eu ce groupe et Internet, aurait-elle attendu si longtemps ? Aurait-elle cherché une alternative ou serait-elle allée de suite se faire soigner ? ”
    C’est une option mais pas que. Une partie de cette “génération forum” vient chercher des réponses sur un peu tout et n’importe quoi au lieu de se tourner vers un contact réel et/ou professionnel. J’ai travaillé un temps pour un site type Fil Santé Jeunes. J’ai été impressionnée par la capacité des gens à rester seuls avec des problématiques très lourdes parfois. Donc cela ne me surprend guère, même pour le voyage.

    Autre réflexion “Nous avons besoin de nous faire aimer, à travers nos statuts, nos photos, nos filtres et nos histoires, …” Je dirais même un peu plus, nous avons besoin de nous aimer comme cela, tout simplement.

    Pour ma part, parfois je doute en l’intérêt (pour moi, les autres n’ont rien à voir la-dedans) de ma présence numérique. Je cherche parfois du sens à cela et quand l’impression de non-sens ou d’insignifiance me traverse, Aïe, Aïe. J’ai de furieuses envies de fermer le blog et les comptes de réseaux sociaux associés.
    Ai-je envie de participer à tout ce que tu décris, y être associée, comment m’en extraire ? Me reconnaître dans des comportements que tu décris ? Me sentir si conformiste ?
    Je me sens tellement noyée dans ces groupes fb où nous sommes 500, 700, où chacun partage ces articles … ça me passe l’envie de partager les miens.
    Et je n’ai pas non plus envie de courir après une singularité absolue (trop caricaturale si poussée à l’excès et pas naturelle).
    Mais cette expérience m’apporte pourtant tellement d’autres choses. Alors je reste la pour le moment. Et ces réflexions que je partage ici restent très personnelles.

    Je pense que nous devons composer avec tous ces outils et en profiter au contraire ! Vouloir voyager solitaire et non connecté pourrait avoir tendance à friser le concept ou le cliché peut-être ?

    Je partage pour autant ton idée : (re)trouver de l’authenticité et du soi là où se trouve un peu plus de vide.

    Un brin éduc pop ton post, non ?

  6. Écrit avec les tripes, excellent! Cette réflexion titille mon esprit depuis un certain temps. Et encore plus quand je vois passer sur les réseaux tout ce que tu dis.
    On perd clairement quelque chose du voyage avec tous ces réseaux. Heureusement qu’on aime encore à se poser devant un paysage et profiter du moment présent et de s’en tamponner que le téléphone soit raide depuis 3j. Et à côté de toi, ya Mme et mr X qui prennent un selfie puis d’autres photos chacun dans leur coin. Pas de partage pour partager. Quelle belle ironie.

  7. Un billet qui déchaîne les passions. J’adore !

    Voilà un échange de personnes mûres, avec les pieds sur terre.

    La vie nous laisse le choix d’en faire une aventure ou pas, de l’exposer ou pas. Be yourself, be true !

    J’ai une ado à la maison hyper connectée Facebook & snapchat limite H24. Un mari qui ne l’ai pas du tout, et moi avec modération.

    Comme dit Mitchka la fille en short rose qui pose devant des eaux cristallines, j’m’balance royal & je zap aussi.

    Mais qu’un mec me fait découvrir le Yukon (depuis je sais qu’il y a des chasseurs d’or au Yukon grâce à la chaîne 23 et je sais le situer sur une carte). Je dit oui, et je remercie tous ses voyageurs, blogueurs comme ceux que je croise à la #battlephoto de partager des choses vrai & intéressantes.

    C’est vous qui me donner envie d’aller voir ailleurs, il faut simplement encore savoir utiliser sa cervelle et faire le tri.

  8. Chaque génération pense que la suivante ou la sienne est stupide. Il y a des citations assez connues de Socrate ou d’Hesiode (pas neuf donc) qui pensaient aussi que les gens,les jeunes en particulier devenaient cons. Ça fait des siècles que ça dure et je pense qu’il ne faut pas tomber dans ce genre de facilité. Il y a juste un contexte particulier, des outils et des pratiques qui changent.

  9. Waouh! Excellent article! Je suis tout à fait d’accord avec toi! Je viens de commencer un tour du monde et j’ai aussi mon blog. Je suis consciente des risques d’être toujours connecté, cela gâche une partie du voyage je trouve. Je suis naturellement sir Facebook, mais beaucoup sur Twitter et Instagram. Je ne pense juste pas à prendre une photo avec mon smartphone juste pour Instagram, et c’est peut-être mieux comme ça. Je prends par contre plaisir à partager mes photos prise avec mon appareil photo car je suis passionnée de photographie. Concernant snapchat, l’idée m’a traversée l’esprit car je vois tous les blogueurs ouvrir un compte et c’est apparamenr le réseau social à la mode. Mais je n’avais pas vraiment envie d’y adhérer car c’était un truc en plus à penser lors du voyage (“oh il faut que je prenne une petite vidéo pour snapchat”). Ton article arrive comme un signe, c’est décidé je n’y adhererai pas ^^

  10. Je suis plutôt d’accord avec ce qui est dit dans ton article. Les questions et les réponses que l’on peut trouver sur le web sont parfois totalement absurdes…

    Cependant, je trouve le texte un peu moralisateur …

    Heureusement, qu’il y a encore des gens qui apprécient de voyager aujourd’hui sans pour autant partager chaque minute de leur voyage sur le web! =) Il faut simplement les dénicher, mais ça existe je vous assure !

    Je viens de voyager pendant 1 an et je comprends tout à fait ton point de vue. Je suis de cette génération qui a grandi avec le numérique et son omniprésence… J’ai moi aussi partagé des photos avec ma famille et mes amis sur Facebook et un blog personnel réservé à mes proches. Je suis consciente que parfois cela était très contraignant… je me suis rendu compte au début de mon voyage que je publiais régulièrement des choses pour mes proches et non pour moi. Par la suite, j’écrivais mon journal de bord sur mon carnet et quand j’avais du temps seulement, je postais un petit récit sur mon blog et quelques photos…

    Mais comment reprocher à une génération d’utiliser les outils qu’elle a toujours connu ? On ne peut pas lui reprocher d’utiliser son smartphone, son GPS, pour trouver adresses, téléphone, horaires d’ouverture … etc. Nous sommes quasiment nés avec un smartphone dans la main, comment retourner aux vrais valeurs si on ne les a pas connus ?
    Le moyen de voyager devient plus facile certes, mais voyager est un cheminement intérieur aussi, chacun le fait de la manière dont il le souhaite, non ? Pourquoi critiquer ?

    Et pour ce qui est des cons, y’en a toujours eu il me semble, avec et sans le web! Mais la toile est un outil qui permet aux cons d’avoir une plus grande visibilité, c’est peut être aussi pour ça qu’on en voit des bonnes des fois!
    Mais il y a aussi des choses très bien que je n’aurais jamais vu ou jamais rien lu dessus sans l’aide de mon ami M. internet…

    Simplement des questions que je me pose… je ne cherche pas la polémique! ^^

    En tout les cas, c’est assez amusant de voir cet article écrit par quelqu’un qui travaille à écrire un blog, ou qui est en free lance pour des sites sur les voyages etc…
    Ça encourage les cons à consulter internet, sachez le!
    Et ça leur mâche le travail de recherche avant le voyage, tout ce que vous dites ne pas apprécier…
    C’est assez paradoxal je trouve, parce que mine de rien ils vous rapportent ces cons !

  11. Je m’étais déjà posé la question de l’intérêt de tenir un blog et de partager les photos sur les réseaux sociaux. Je tiens aussi un blog voyage pour mon futur tour du monde. Au début on se dit que c’est pour notre entourage, pour qu’ils puissent un peu suivre notre voyage. Et puis on se laisse vite prendre par le besoin de popularité, les avantages que celle-ci peut nous offrir. Alors quand on prend une photo on se dit “Je vais prendre ça pour le mettre sur intagram, avec tels hashtag pour avoir le plus de like!” et du coup on perd de profiter pleinement de l’instant présent… ça me désole et pourtant je le fait quand même! paradoxe
    En fait internet (et surtout les différents réseaux sociaux) est une drogue, et on est plus ou moins des “cons” accro à celle-ci! 😉

  12. Bonjour Cedric, 🙂

    Je partage pas mal ton point de vue ! Depuis que j’ai relancé mon blog, je me suis vite aperçu que les réseaux sociaux prennent une place trop importante dans la vie des gens.
    C’est l’endroit “où il faut être” pour pouvoir exister et montrer au monde que l’on à publié quelque chose dans son carnet !

    Il y a 10 ans, c’était facile. On faisait un échange de liens, on publiait un petit message sur les forums et les gens venaient peu à peu sur ton blog. Aujourd’hui beaucoup passent leur temps sur les réseaux sociaux et ne vont pas ailleurs sur le web. Ils ne parcourent plus le web comme un bon livre…

    Les réseaux, je les utilisent moi même car j’ai quelque part en moi ce désire de partage et de reconnaissance… Je souhaite juste que mes billets soient lus et servent à quelque chose.
    Par contre, je poste rarement pendant le voyage en lui même. J’aime prendre du recul.
    Généralement, je parle d’un voyage sur mon blog quelques jours ou quelques mois après mon retour.

    Ce qui est dommage en ce moment, c’est que si tu lances un blog et que tu veuilles le faire connaître, il faudrait presque passer plus de temps sur les réseaux sociaux qu’à écrire tes articles ! Cela m’exaspère pas mal ces derniers mois… Au point que je me demande si je ne devrai pas retirer mon blog de certains réseaux (comme Google+ par exemple).

    Je pense que cet engouement pour les réseaux sociaux n’est qu’une passade. J’espére que dans 5 à 10 ans, les gens en auront marre de Facebook et de Snapchat ! On finira tous par se déconnecter des réseaux sociaux à un moment ou à un autre…

    Sinon, en voyage pour moi, rien de plus énervant que ceux qui passent 10 ans à prendre des selfies avec leur selfystick ! lol

    De mon coté, pour 2016, je veux continuer à pouvoir écrire sur mon blog et espère un peu plus de notoriété en passant beaucoup moins de temps sur les réseaux. En fait, je veux simplement passer plus de temps avec la femme que j’aime et toujours profiter autant de mes voyages…
    Fonder une famille aussi… Profiter des vraies choses de la vie quoi !

    A Bientôt ! 🙂

    Vincent
    http://www.regardnomade.com

  13. Ta réflexion est intéressante mais un peu radical…
    Le voyage s’est démocratisé, la crise dans nos pays occidental pousse les gens voyager mais ce n’est pas pour autant que la peur de l’inconnu a diminuée… C’est humain !

    Certes, le fait de tout partager sur les réseau sociaux est un peu à l’inverse du voyage, certes les gens attendent une information pré-machée, ne prennent même pas la peine d’aller faire un tour sur google avant de poser leur question et croient tout ce qu’on leur raconte… Mais c’est le principe de la consommation et du culte que la société rend a l’image qu’on donne…

    Dans ma vie de voyageur, je ne peux pas m’empêcher de penser que ceux qui commencent à voyager cherche toujours quelques choses : chasser leur démons ou apprendre à vivre avec. Quand tu as trouvé ce que tu voulais, soit tu aimes découvrir et tu continues, soit retourne à ta petite vie d’avant…

    Certains évolue et change au plus profond d’eux même, d’autre on juste trouvé ce qu’ils voulaient dans le supermarché et sont rentré chez eux 😉

  14. A la recherche d’amour et de considération… triste constat ?
    Non, semble til que tout ceci soit normal, et puisse peut être s’appliquer uniquement a des catégories, des ages.

    J’avoue être de plus en plus désespéré, pour trouver des gens qui me correspondent, loin de tous ça. Car oui, malgré tout, tout comme eux, j’ai besoin de converser.

    La bise !

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