Le Perche à l’infinitif

Contextualiser

Cet été, pendant trois jours, nous avons eu le plaisir de sillonner, en famille, la belle région du Parc Naturel Régional du Perche. Situé aux confluents de l’Histoire et de la Tradition, né aujourd’hui grâce à hier, le Perche est une terre d’exception, à cheval entre l’Orne et l’Eure-et-Loir, avec une population de 80 00 habitants répartis sur 92 communes et 194 000 hectares. Bien plus qu’une simple destination à un jet de pierre de Paris, c’est aussi (et surtout), entre lui et moi, une histoire d’Amour majuscule, venue des hasards de la vie, de la rencontre d’une famille installée à Bretoncelles, de soirées passées sous les étoiles à refaire nos mondes, de rires sans fins et de lendemains qui chantent forcément, de gamins qui courent et de rires qui s’envolent, de pleurs enfantins et des pétillements du cidre. Le Perche est tellement plus qu’un voyage que nous ferions pour aller quelque part. Bien au contraire, c’est une sorte de cheminement, un accord informel entre nous tous, dont l’organisation se résume souvent à quelques lignes sur un quelconque Messenger, à l’envoi d’un SMS pour s’enquérir de la possibilité de venir quelques jours ? Quelque part entre le pèlerinage annuel et la solution de dernière minute lorsque rien d’autre n’est plus possible, nos départs dans le Perche sont toujours sources de joies, nés d’étincelles d’envie subites. Jamais programmé, toujours réussi, sous le signe de l’envie : c’est un petit peu cela aussi, le Perche !

Respirer

Autour de nous, le silence : pas un seul bruit d’oiseau ne résonne dans la forêt endormi. Sont-ils assommés par la chaleur de cet été torride ? Dérangés par notre présence ? En tout cas, les seuls sons que peuvent capter nos oreilles aux aguets sont ceux de nos pas sur le sol. Nous avons laissé, depuis quelques minutes, la voiture et nous marchons sur un sentier envahi par les fougères folles, en écoutant les explications passionnées de Fabrice, notre hôte pour ce séjour percheron.

Peu attentif aux secrets de la nature, Fils avance tout doucement, pas à pas. Il s’arrête devant moi, un bâton à la main, pour tracer quelques signes cabalistiques sur le sol désormais sableux, se tourne ensuite vers moi, le visage déchiré par un sourire étoilé et me montre, fier, ce qu’il croit être des mots et qui doivent bien en être, dans une écriture pas encore déchiffrée. Plus loin, Pitchoune s’est arrêtée pour observer l’avancée silencieuse du Démogordon de ces forêts, un scarabée bousier en goguette. Elle s’enquiert, interroge et acquiesce aux réponses apportées à ses légitimes questionnements. #DeT surveille tout ce beau monde d’un œil attentif tandis que j’inspire à plein poumons, l’air pur et le silence relatif de ces lieux, deux éléments devenus rarissimes dans ma vie de parisien. Par moment, je m’arrête simplement pour regarder : non pas observer ou essayer de saisir mais simplement regarder. La lumière dessine d’incroyables arabesques dans la pénombre du sous-bois et les rayons solaires semblent indiquer un chemin de sortie vertical qui tracerait à travers les frondaisons pour aller là-haut, tout là-haut.

Le PNR du Perche est une terre de forêts, de verdure. Les chemins strient, sillonnent la carte locale et offrent autant d’échappatoires pour parisien oppressés que d’offres de randonnées pour ceux qui ne demandent rien d’autre. D’ailleurs, c’est drôle car on ne sait jamais vraiment vers quoi vont déboucher nos aventures : un manoir, une mare, des passages surélevés, un lac, une piste cyclable, un village ?

La myriade des possibilités en fait un terrain de jeux idéal pour ceux qui, comme nous, ne recherchent que l’apaisement, le retour à la terre, la quiétude. Laissez-moi d’ailleurs vous dire qu’il y a eu peu de moments comme ceux-ci, en 2018 : des moments d’une simplicité extrême, d’une communion intense, du sentiment sublime d’être dans le meilleur des mondes possibles au meilleur des moments possibles. Il faisait tout simplement bon être là, au cœur de ce pays percheron, en ce mois d’août, dans la fraîche solitude d’un sentier forestier où l’entrée se fait facilement mais où la sortie n’est guère aisée, comme si la Terre se faisait aimant, amante et jetait toutes ses forces pour nous garder, nous préserver, nous englober de sa verdure originelle.

Las, il faut bien boucler les boucles et repartir, une fois de plus. Laisser derrière soi le calme pour retourner sur les routes, se faire de nouveau rôtir par l’astre solaire, chercher le moindre coin d’ombre et boire, encore et encore. La parenthèse enchantée se referme pour mieux, en réalité, n’attendre qu’une seule chose : la rouvrir !

Pour en apprendre plus sur la Nature dans le Parc Naturel Régional du Perche, foncez lire les ressources disponibles sur le site officiel avec, entre autres, les zones Natura 2000, les inventaires écologiques, les ressources naturelles : La Biodiversité du Perche.

Pédaler

Le vélo et moi, c’est d’abord une histoire d’amour contrariée. Contrairement à bien d’autres, ma relation avec la Petite Reine n’a  véritablement débuté qu’en Irlande, vers le mois d’avril 2007, par le hasard d’une isolation géographique absolue et par le besoin vital d’aller boire une pinte de Smithwicks au pub le plus proche. Avant cela, je fuyais comme la Peste ce drôle d’engin instable et totalement casse-gueule, mon ego saignant encore probablement d’une chute enfantine achevée dans les ronces, avec mon père courant derrière moi et qui marqua la première rupture de mon existence avec les deux-roues. Heureusement, bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis et c’est désormais avec plaisir que je pédale gaiement, des routes hollandaises aux pistes de l’Aisne, en passant par la Finlande et le Canada, dès que l’occasion se présente. 

Les choses étant remarquablement faites dans le Perche, il se trouve donc que notre découverte locale commença par un petit voyage à vélo, en famille, le long de la Voie Verte, entre Rémalard et Corbon, une chouette promenade plate d’une dizaine de kilomètres (au lieu des cinq prévus initialement, la faute étant due à mon enthousiasme matinal). Suivant le tracé d’une ancienne voie de chemin de fer, la piste permet une chouette et paisible première approche des paysages percherons, entre champs et manoirs. Entièrement inaccessible aux véhicules motorisés, assez large pour permettre à deux pelotons de se croiser, c’est un régal à parcourir lentement, doucement, pour saisir l’air du temps et humer cette atmosphère si particulière que l’on ne trouve qu’en certains lieux. Ainsi, si certains aiment l’odeur du napalm le matin, d’autres, comme moi, adorent les senteurs pastorales d’une matinée estivale passée à pédaler dans l’ombre arborée bienveillante.

De plus, cette délicieuse Voie Verte (qui mérite tellement son nom) conserve bien précieusement un trésor gourmand : des mûres, partout, à foison, poussant dans le moindre petit espace disponible et accessible à portée de guidon sans avoir à descendre du vélo. Alors, autant vous dire que la première partie du chemin ne fut qu’une longue suite de pauses, pour permettre au(x) gourmand(s) de notre famille de se repaître dès que l’envie pointait le bout de son nez (et elle revint souvent, cette envie). Noires, juteuses, arrivées à maturité juste pour notre venue, ces mûres ont marqué mes papilles de leur puissance gustative. J’en arrive à saliver rien qu’à écrire ces mots et je regrette de ne pas avoir trimbalé avec moi moult pots pour en faire pitance, pitance et encore pitance

Comme il est dit que le voyage est protéiforme, il suffit bien souvent de scruter un petit peu les bords de route pour pouvoir voyager d’une autre façon. Ce à quoi je ne m’attendais pas, cependant, c’est que le Perche m’offre un voyage ferroviaire temporel. Tout au long des coups de pédale, de discrets indices rappellent ce qu’était la Voie Verte auparavant. Le tracé longiligne et plat est la preuve la plus évidente. Pour autant, quel régal que de trouver, à demi caché derrière des feuilles, d’antiques panneaux de la SNCF, que de tomber, au détour d’une route, sur une vieille gare qui a du voir passer des milliers et des milliers de train. Si vous êtes, comme moi, du genre à vous émerveiller pour un rien et que ces riens constituent un grand bonheur au quotidien, vous adorerez faire de même !

En tout cas, cette escapade percheronne a confirmé une chose : les sorties à vélo avec un matériel adéquat sont toujours l’occasion de découvrir le paysage à un autre rythme, sous d’autres facettes. Si Fils n’est pas encore assez grand pour posséder son propre cycle, il adore cependant (grosse nouveauté 2018) être dans sa petite maison à l’arrière et encourager son Papa (donc moi en l’occurrence) à aller toujours plus loin, toujours plus vite. Et comme il aime son petit confort, il a toujours avec lui ses petites voitures, un paquet de gâteaux, une bouteille d’eau et un magazine. Chauffeur de VTC à l’occasion pour Monsieur : un vrai bonheur de Papa !

Sachez que la Voie Verte d’Alençon à Condé-sur-Huisne n’est pas la seule opportunité de vous promener à vélo dans le Perche puisque la Véloscenie traverse également le Parc Naturel Régional du Perche, entre Paris et le Mont Saint Michel. Plus de renseignements sur la page dédiée sur site officiel du PNR Perche : Randonnées et Balades dans le Perche.

Rencontrer

Certaines choses sont indissociables, quelque soit le contexte, le lieu, l’endroit. Il en va ainsi pour le sel et le poivre, la vie et la mort, le sapin et Noël et… le Perche et ses Chevaux. Le cheval percheron est probablement l’animal le plus emblématique et le plus reconnu à l’international du Perche, véritable Ambassadeur de sa région et témoignage réel de la plus noble conquête de l’Homme. Une espèce qui trouve naissance lors d’une rencontre (im)probable entre juments locales et étalons arabes, ramenés des Croisades par Rotrou, Comte du Perche. Savait-il, ce noble homme, qu’il créait ainsi une race qui allait perdurer par les siècles et les siècles ?

Ce cheval, d’une solidité à toute épreuve, fut pendant longtemps le compagnon le plus fidèle des paysans locaux. Il fallait une bête solide, endurante, forte pour aider aux travaux des labours, à la moisson, aux transports des marchandises. Bien campée sur ses quatre pattes, elle continue aujourd’hui à être un élément incontournable du patrimoine percheron. Du coup, il aurait été hors de question pour nous de ne pas nous y intéresser et d’en apprendre plus, ce que nous fîmes donc en allant rendre visite à Ghislaine et Martial des Ecuries des Landes, du côté de Senonches.

Toute une matinée durant, nous avons appris tout ce qu’il fallait savoir sur le cheval percheron, depuis le poulinage jusqu’à la taille des sabots en passant par les soins, les concours internationaux, les saillies. Pitchoune et Fils, un peu intimidés, regardaient avec de grands yeux fascinés ces montagnes sur pattes, impassibles, qui se faisaient bichonner en attendant notre sortie campagnarde. Pour #DeT et moi, ce fut l’occasion d’une rencontre intense avec des passionnés, de véritables amoureux de leur métier, aux parcours de vie étonnants et presque rocambolesques, qui ont choisi de dédier leur existence à l’animal, de leur offrir le meilleur d’eux-même, dans une relation de respect et d’attention rarement vue ailleurs.

Toutes les questions furent bonnes à poser et toutes les réponses furent apportées, sans concessions ni langue de bois. Une franchise saine à entendre et qui donne sens, fait écho aux valeurs défendues par le PNR depuis sa création : un parc pour le Perche. De telles initiatives, de telles volontés de donner la parole à un territoire et de faire de ses habitants des acteurs majeurs, en protégeant et développant les patrimoines existants constituent quelque chose que j’aimerais voir ailleurs (et cela dit sans monter sur mes grands chevaux, percherons ou pas).

Bref, une rencontre d’exception qui a donné des étoiles dans les yeux à toute la famille et dont les enfants parlent encore avec une petite nostalgie dans la voix et cette question récurrente à laquelle nous ne saurions donner suite : “Non, il n’est pas possible d’avoir un cheval percheron à la maison, même un tout petit, petit, petit, petit”.

Pour tous les détails sur les possibilités d’ateliers, de visites guidées ou de sorties en calèche, n’hésitez pas à contacter l’Écurie des Landes !

Apprendre

Je ne me lasse pas, chaque jour, d’apprendre de nouvelles choses. Le nombre de photons dans l’univers, l’histoire de l’équipe de hockey sur glace de Dawson City ou encore que vous pouvez vous pincez autant que vous voulez la peau du coude, cela ne vous fera pas mal. Je suis curieux de nature et j’apprécie la découverte, tout simplement. Cependant, lorsque j’ai su qu’il y avait un Musée de l’émigration française au Canada à Tourouvre, j’avoue que je me suis un petit peu gratté la tête en me demandant, en tout honnête :”Mais quoi le Canard ?” (en passant, cette expression n’a de sens que si vous êtes un parent usant de jurons anglophones toute la journée et désireux de ne pas polluer les chastes oreilles de vos enfants). Du coup, poussé par ma curiosité et par lourd passif d’ancien PVTiste, il était hors de question de faire l’impasse sur ce musée, comme vous pouvez vous en douter.

Situé (environ, en toute mauvaise foi et selon mes critères parisiens) au milieu de nulle part, entre La Ventrouze, Bubertré et Autheuil, les Muséales de Tourouvre sont un drôle de piège puisque vous y trouverez non pas un mais trois musées bien différents, tous autant dignes d’intérêt les uns que les autres. Le premier est le musée des commerces et des marques : une exposition permanente qui est un voyage à travers l’Histoire du commerce (et des marques) avec une très belle collection d’objets, d’étiquettes et de matériel publicitaire. Elle est très sympa à parcourir avec le livret pour enfant donné à l’accueil (une sorte de chasse au trésor). 

La seconde exposition, permanente elle aussi, est située dans le même bâtiment que le premier cité : c’est celle sur l’émigration française (et plus spécifiquement percheronne) au Canada, à l’époque où les premiers colons venus de France se dirigeait vers la Nouvelle-France (le Québec d’aujourd’hui, autrement dit). Pour faire court, ils furent 323 percherons à partir et leurs descendants contemporains sont estimés à plus d’un million de nos jours. Le musée raconte l’histoire, à travers cinq salles et une chouette scénographie, les petites histoires de la grande Histoire. Il est passionnant de suivre l’épopée de cette poignée d’hommes et de femmes partis fonder une nouvelle nation, tout quitter pour l’Inconnu (le vrai). 

Le dernier musée, situé cette fois-ci à l’extérieur du bâtiment principal, est lui-aussi à thématique canadienne et un tantinet inhabituel puisqu’il retrace la vie d’un français du vingtième siècle parti à la recherche de ses rêves au Canada : Antoine Cano. Beaucoup de mobiliers, d’instruments étranges et le témoignage précieux de l’accomplissement d’un destin outre-atlantique. D’ailleurs, si vous êtes fans du Canada, ne ratez pas l’improbable boutique des Muséales (surtout pour sa partie canadienne) où cohabitent sirop d’érables, peluches de caribous et bières du Québec. J’ai adoré découvrir ce petit morceau de Canada au milieu du Perche. De plus, si vous êtes joueurs, la visite peut se faire en costume d’époque (et Pitchoune était très fière de sa panoplie de Pocahontas).

Le musée se trouve rue du Québec, à Tourouvre. Il est ouvert du 1er avril au 31 décembre (du mardi au dimanche, fermeture entre midi et demie et deux heures) et l’entrée coûte 7€ pour l’ensemble des Muséales OU 5€ pour l’un des deux musées. La visite seule de la Maison de Cano coûte 2€. La gratuité se fait jusqu’à 10 ans. Toutes les informations sont sur le site officiel !

Rêver

Qui n’a jamais rêvé de vivre une autre vie, de connaitre une autre existence, le temps de quelques secondes, de quelques minutes, de quelques jours ? Bien sur, à moins de “tout plaquer”, d’effacer l’ardoise et de repartir totalement de zéro, cela reste du jeu de chimères. Pourtant, il est possible – en certaines circonstances – de revêtir un nouveau costume, de se plonger dans autre chose. Cela, cet autre chose, c’est exactement ce que nous avons vécu durant deux soirées magiques, au cœur du Parc Naturel Régional du Perche, en dormant dans une roulotte de cirque des années 30, dans le cadre exceptionnel du Manoir du Bois Joly.

Depuis quelques années, nous avons la chance, à chacun de nos voyages, de pouvoir dormir dans des lieux de charme, inhabituel, surprenants, atypiques. Visant depuis toujours l’accessible et le familial plutôt que le luxueux, nous avons pris l’habitude de scruter, en amont du voyage, les endroits où nous allons nous arrêter. Ce fut une Yourte dans l’Aisne, une ferme en Irlande, un hôtel en bord de canal à Venise ou encore un chalet de bois gigantesque en Autriche pour autant d’expérience, de souvenirs, de récits. Pourtant, en dépit de la variété et de la beauté de ces expériences passées, peu de lieux nous ont autant marqué que cette simple et belle roulotte, sise en bord d’un champ où paissent de drôles d’ânes.

Il faut dire aussi, en toute objectivité, que nous avons été reçu royalement. La passion déborde par tous les pores de la peau des propriétaires du Lieu. Julien, avec qui nous avons partagé une bouteille de cidre du cru et qui nous a raconté l’histoire de cette roulotte et ses mille et une pérégrinations hexagonales à la recherche des pièces manquantes à son puzzle fou. Comment ne pas parler non plus de Victor et Monique, qui ont pris le temps de nous raconter la longue, très longue histoire du lieu et dont la visite du Grenier fut une découverte improbable (encore une fois, à croire que c’est une autre spécialité percheronne). 

Personnellement, ce que je retiendrais le plus de ce séjour n’est pas ma réussite à allumer un barbecue mais plutôt ces deux heures passées à travailler sous les étoiles, dans le noir de la nuit. Seul au monde, dans un silence absolu et magnifique, à des années et des années-lumière de mon cadre de travail habituel. C’est précisément ce genre d’expérience qui fait s’interroger, qui fait remonter à la surface des envies oubliées, ensevelies, presque abandonnées. Rebrousser le chemin parcouru, se demander quelle aurait été la vie si on avait choisi un autre chemin à cet embranchement, à tel virage, à tel carrefour. Et puis, après, se renverser la tête en arrière, tendre les jambes dans le vide. Observer la voûte stellaire et se dire, qu’après tout, il n’est jamais trop tard, ici ou ailleurs, maintenant ou tout à l’heure.

La roulotte de cirque du Manoir du Bois Joly est parfaitement aménagée pour une famille comme la nôtre (soit quatre personnes). Si l’espace est un peu réduit une fois tout le monde installé, il n’y a pour autant aucune difficulté à circuler ! L’aménagement intérieur respecte l’origine première, avec une décoration autour du cirque, jusque dans les moindres petits détails. Elle est d’autre part entièrement équipée (douches, cuisinière, électricité, toilettes). Une piscine est accessible et il est possible de dormir dans une cabane de berger (toute petite mais très, très marrante). Enfin, le Manoir fait aussi Gîte, pour les plus nombreux. Pour les renseignements et réservations, rendez-vous sur la page facebook dédiée!

Déguster

Il est très facile de savoir si un voyage va bien se passer. Pour moi, cette impression (déjà positive pour tout vous dire, avant même de commencer nos tribulations) s’est confirmée lors de notre tout premier pique-nique, lorsque Fabrice a sorti son attirail : du fromage, de la charcuterie, du jus de pomme, parmi tant d’autres belles (et bonnes choses). En vérité, il est très facile de me faire succomber : il suffit de me donner de la nourriture saine, franche et fraîche. Un beau morceau de fromage à l’odeur alléchante, par exemple. Un verre de bière d’une brasserie locale. Je ne le savais donc pas mais je l’ai appris : le Perche est terre d’Épicure.

Ne pensez pas que nous avons passé nos trois journées à baffrer, à bouffer, à nous remplir la panse encore et encore, tout en buvant de généreuses rasades de raisin fermenté, tout en chantant de gutturaux chants paillards. Que nenni. Nous avons, simplement, tous et autant que nous sommes, bien mangé. Dans le voyage comme à la cuisine, la simplicité est parfois ce qu’il y a de plus beau. La beauté, pour moi, a résidé dans ces deux restaurants où nous avons eu la chance de nous restaurer, accueillis à chaque fois avec chaleur et sympathie. Il faut dire aussi que la cuisine de Nicolas Lahouati, chef au restaurant La Forêt, à Senonches, y fut pour beaucoup. 

Je n’ai pas la prétention d’être un critique culinaire et si je prends mes plats en photo, c’est avant tout pour le souvenir plutôt que pour l’exposition. Cependant, il y a quelque chose que je peux affirmer en toute honnêteté, en bonne conscience et sachant que je parle vrai : ce repas fut fabuleux, de l’entrée au dessert en passant par les vins choisis pour l’accompagner.  Les enfants, chose rare à ce niveau de cuisine, furent traités d’une façon identique aux adultes, avec une cuisine qui remporta haut la main leurs suffrages respectifs (et les délicieux desserts n’y sont absolument pour rien, pas plus que la petite boite à jouer offerte à chaque fois).

L’autre lieu où nous eûmes la joie de manger, sis en la riante et charmante bourgade de Mortagne au Perche (absolument adorable soit dit en passant et ville natale d’Alain, le fameux philosophe), fut Le Tribunal. Là encore, une cuisine superbe, un service attentionné, des enfants aux anges et, cerise majuscule sur la gâteau final, le sucrier le plus fashion de la Création, qui m’a laissé pantois et ravi, sous le regard mi-amusé, mi-dubitatif de mes confrères de tablée.

Le reste n’est luxe, calme et volupté. Les spécialités du Perche sont innombrables et une vie entière ne saurait raisonnablement suffire pour en faire un tour exhaustif et subjectif. Pour ma part, je ne saurais que vous recommander d’essayer les Crêtes de Coq, des pâtes locales, version citron-gingembre ou épeautre et blé, selon votre bon vouloir. La pomme est un autre élément incontournable, que ce soit en cidre ou en jus bio : à dénicher dans toute bonne épicerie locale qui se respecte ! Mention spéciale également pour la baguette du Perche (introuvable ailleurs, hélas) accompagnée par quelques fromages du crus : à se damner !

Manger dans le Parc Naturel Régional du Perche n’est pas un souci si vous avez le temps de vous promener. On trouve de merveilleux marchés (notamment celui de Nogent le Rotrou) et [une liste de restaurants recommandés] est à disposition sur le site du PNR. Pour ceux qui désirent en savoir plus sur nos expériences : le Tribunal à Mortagne, avec des menus de 15 à 55€ et la Forêt à Senonches, de 18 à 56€. Les enfants y sont les bienvenus et les équipements sont adaptés en conséquence.

Se souvenir

Les rires des enfants, tout le temps. La gentillesse de Fabrice, de Julien et, généralement, de tous ceux rencontrés. Le “A bientôt” d’un Valentin repartant vers Bretoncelles. La fatigue de Pitchoune, courageuse sur son vélo après plus de dix bornes. L’émerveillement devant la roulotte. Les nuits étoilées du Perche. Une route solaire inaugurée par Ségolène Royal, une exclusivité mondiale. Les explications passionnées de Fabrice (toujours lui) patient au possible et à peu-près incollable sur tout ce qui est vert et qui pousse. Mon sourire devant un barbecue allumé avec les moyens du bord, installé dans un ancien foyer de forge. Les paysages du Perche, vert sur vert. Une mer de fougères, un mur de fougères, un océan de fougères. l’improbable bourgade de Bresolettes, avec ses 21 habitants, sa mairie, son église et son cimetière, d’où est originaire Guillaume Pelletier, dont les descendants canadiens doivent se compter par milliers (avec un ambassadeur du Canada en France, par exemple).

Traverser le Perche en une heure. Mes papilles en folie à chaque plat, celui de #Det, de Fils et de Pitchoune aussi. Boire une bière québécoise dans un musée à Tourouvre. Se sentir tout petit devant des gros chevaux. Les ruelles de Mortagne et Pitchoune courant partout. Un accident enfantin sur une terrasse, nettoyé avec les moyens du bord. Les contorsions dans la roulotte pour se faufiler sans réveiller personne. Un petit-déjeuner au soleil au mois d’août. Trinquer avec #DeT en regardant les enfants vivre. 

Récapituler

Aller dans le Perche est facile : il suffit de prendre le train et de descendre dans l’une des nombreuses gares de la région, en moins de deux heures depuis Paris jusqu’à Nogent, la Loupe ou encore Bretoncelles.

S’y déplacer sans voiture est, hélas, plus compliqué et un moyen de transport motorisé est recommandé. A contrario, si vous avez le temps et l’énergie, le vélo y est très bien vu. 

C’est une destination fabuleuse pour les familles qui recherchent un contact simple et franc avec la nature, dans un cadre préservé et authentique.

On y mange bien, bon et pour pas forcément si cher. Il y a toutes sortes de logements, du très luxueux à l’insolite, à portée de toutes les bourses. Le site officiel recommande un certain nombre d’établissements.

Le Parc Naturel Régional du Perche n’est pas qu’un simple parc. C’est avant tout (et surtout), comme ses 50 copains hexagonaux, un espace de référence pour le développement durable, l’aménagement et l’égalité des territoires (source). Encore plus fort : ce beau discours se traduit par des actes et des résultats concrets sur le terrain. Si vous désirez en savoir plus, explorez la rubrique dédiée du site officiel (toujours lui !).

Si d’aventure vous décidiez, vous aussi, de partir faire un tour dans ce Perche authentique et ressourçant, passez donc par la Maison du Parc, au Manoir Courboyer : vous y serez bien reçus !

Ce voyage a été réalisé sur l’invitation du Parc Naturel Régional du Perche. Un immense merci à eux. Comme d’habitude, le contenu éditorial ne se trouve nullement affecté ni influencé par cet apport et reste totalement mien.