Le Mans en famille (et en 24 heures)

Le Mans en famille (et en 24 heures)

C’était un jour de juillet, alors que nous étions réunis en famille. Je venais de passer deux heures à essayer d’organiser nos futures vacances, sans aucun succès. Le vide intersidéral. Tout ce qui pouvait foirer avait foiré et tout ce qui pouvait être annulé avait été, de facto, annulé. Devant mes yeux, un calendrier au vide aussi abyssal que notre connaissance de l’Univers. Quelques dates parsemées. Quelques idées éparses. Rien de plus. Jusqu’à ce que la lumière vienne d’amis résidant dans le Perche. Quelques échanges de courriels, des confirmations et nous tenions enfin une destination pour cette première semaine d’aout. Cependant, comme ce qui est trop facile n’est pas plaisant, il était hors de question de se contenter de cela. Je tenais mordicus à rajouter quelque chose : une ville, une étape, une inconnue, accessible facilement depuis Paris, qui puisse se découvrir en famille, sans stress et en un laps de temps relativement court. Après une compulsion dramatique d’une carte de l’Hexagone, un choix se fit pour vite devenir consensus et louanges: La SARTHE et sa riante capitale : LE MANS !

D’ordinaire, je ne suis pas fan outre-mesure d’une consommation voyageuse basée sur le Fast-Travelling. J’ai déjà conté maintes et maintes fois mon amour des voyages tranquilles, détendus, orientés sur une découverte non-balisée, peu organisée, où les maitre-mots sont plaisirs, imprévus et errances. Cependant, les impératifs du voyage en famille font qu’il faut savoir trouver une solution qui satisfasse chacun. Nous devons tenir compte des aspirations des enfants, des fatigues, des haltes obligatoires, des arrêts biberons/pipis/photos/Wifi (rayez la mention inutile). C’est d’ailleurs un domaine où je suis dans l’apprentissage permanent et où je dois accepter de balayer quelques vieilles habitudes nées d’années de baroudage solitaire (mais c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrais autre part bientôt, ceci est une information exclusive).

Le Mans, donc, en 24 heures. Qu’y faire, qu’y voir ?

Sachez déjà, pour couper court à tout suspens malvenu, que j’ai adoré la ville. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre après nos expériences dijonnaises et toulousaines aussi n’avions-nous point trop d’attentes démesurées. Un musée sympa, quelques espaces verts et, peut-être, une soirée détente. Du coup, dire que j’ai été surpris serait mentir car, honnêtement, nous avons passé une superbe journée et une soirée exceptionnelle (ces mots étant pesés).

Tout d’abord, la vieille Ville (aka La Cité Plantagenêt) est foutrement belle. Verticale, certes mais belle. Des petites ruelles pavées, des bâtiments historiques au charme d’antan, des escaliers pentus, de belles cours cachées et, au cœur de l’été, une solitude aussi hallucinante que bienvenue. Je ne sais pas si cela avait été fait exprès, si la Sieste est un sport sarthois ou si tout le monde était parti ailleurs mais, pendant un couple d’heures, nous avions le sentiment que les rues étaient nôtres. Pitchoune pouvait déambuler en paix, courir jusqu’à plus soif et revenir en riant, que cela ne posait aucun souci. Nulle voiture pour l’écraser, nulle fumeur pour l’intoxiquer. Rien, nada, queudchi si ce n’est un sourire étiré jusqu’aux oreilles.

Pour autant, aucun tableau ne serait être parfait s’il n’y avait un défaut et il y en a de taille (évoqué plus tôt) : la verticalité de la vieille ville. Ayant choisi d’embarquer la Poussette, nous avons vite compris l’étendue de notre erreur et des souffrances dorsales à venir. Bébé a passé plus de temps dans nos bras que dans son truc et j’ai arrêté de jurer et de lever les yeux au ciel à la huitième montée, pour garder mon souffle et ma dignité intacte.

Alors, parents qui lisez ces lignes, soyez prévenus et anticipez en conséquence : porte-bébé, écharpe, bras mais nulle poussette en ces lieux (sauf à aimer souffrir ou faire de très, très longs détours).

Les nuits des Chimères : LA raison d’aimer Le Mans (by Night)

En relisant les paragraphes précédents, je m’aperçois que je suis un tantinet menteur. En effet, nous avions quand même préparé un tout petit peu notre épopée mancelle, ayant spécialement pris note d’un événement intriguant : les Nuit des Chimères, un spectacle pédestre lumineux disséminé dans les artères de la Vieille Ville, commençant avec la tombée de la nuit et proposant huit lieux différents à (re)découvrir.

Comme nous n’avions “que cela à faire”, il nous parut logique de tenter l’aventure plutôt que de rester cloîtrés dans notre chambre d’hôtel. Comme Le Mans est une ville relativement petite (d’un point de vue de Parisien), tout est accessible à pied. Du coup, c’est après seulement cinq minutes que Pitchoune tomba sur son premier Dragon. En effet, l’originalité de cette nuit est de transformer l’espace urbain en scène ouverte et de créer une interaction entre les visiteurs et les lieux. Ici et là, ce sont des dragons (et autres créatures fantasmagoriques) projetées sur les pavés et les murs. Là-bas, c’est un spectacle moyenâgeux avec des chanteurs et des ombres chinoises. Un peu plus, c’est la Cathédrale Saint Julien qui se transforme en écran géant pour accueillir des projections (littéralement) monumentales. Il devient alors un plaisir non feint de déambuler en suivant un vague itinéraire, appâtés par les surprises, puis de s’asseoir et de regarder, simplement, ce qui se passe.

L’initiative est géniale, gratuite, très spectaculaire et a su séduire tous les membres de la Famille, unanimes dans leurs retours !

Du coup, Le Mans, tu recommandes quoi ?

Je trouve toujours cela un peu difficile de résumer un séjour quelque part après y avoir passé aussi peu de temps mais voici quand même quelques indications nées de ces vingt-quatre heures mancelles :

– Donnez priorité à la Cité Plantagenêt en oubliant toute idée de transport véhiculé. C’est un secteur qui se savoure de façon pédestre, lente et désordonnée. De toute façon, étant entouré de murailles romaines, il est virtuellement impossible d’en sortir sans s’en rendre compte.

– Les nuits des Chimères sont à faire absolument (et j’insiste). Prenez quelques vêtements chauds, de quoi casser la croûte, apaiser la dalle et asseyez-vous sur le Parvis sis à côté du complexe Pathé. Le reste est à découvrir de vos yeux.

– Il y a un chouette petit café/bazar en face de la Cathédrale Saint Julien.

– La place de la République est un Hub idéal pour explorer la ville et semble concentrer, dans ses artères proches, bon nombre de bars/pubs/restaurants très sympathiques (d’apparence du moins).

– Si vous êtes intéressés par l’Égypte antique, passez faire un tour au Musée de Tessé. On y trouve la reconstitution de deux tombes, taille réelle ainsi que de belles pièces. L’ensemble est assez didactique et peut valoir d’y consacrer un moment. Le reste du musée est plus classique (peintures…). Le parc adjacent est très agréable et offre un repli ombragé des plus corrects.

– Pour dormir, je recommande très, très chaudement le Select Hôtel (2*) en chambre familial. Accueil très, très bon, gentillesse du propriétaire et super petit déjeuner. Le confort, pour un 2*, est très bon. Comptez 95€ la nuit pour 4 personnes (un lit double et un lit superposé en chambre séparée, lit bébé disponible sur demande).

– Nous avons mangé dans deux restaurants assez classiques. Rien d’extraordinaire à signaler mais la crêperie L’explorateur possède une belle carte et une nourriture d’une qualité très honnête. Nous avons payé environ 30€ et n’avons pas eu faim après. Mention spéciale pour les desserts, alléchants.

– Il parait que l’Arche de la Nature, accessible en dix minutes de tram est superbe : je le note pour la prochaine fois !

– Aucun problème pour rejoindre Le Mans depuis Paris (ou autre), la ville est très bien desservie par les différents transports. Le trajet (en dernière minute et en TER) a coûté 62€ (Bébé, Pitchoune de 7 ans et deux adultes) pour environ deux heures de trajet.

L’Office de Tourisme est très sympathique, bien achalandée et a été très réactive suite à ma prise de contact. N’hésitez pas à aller vers eux si vous avez des questions !