Le Festival Objectif Aventure: un petit bilan

Durant ce week-end, j’ai eu la chance de pouvoir assister à de nombreuses projections cinématographiques organisées dans le cadre du Festival Objectif Aventure, créé par Terre d’Aventures et Grand Nord Grand Large.

En raison d’un planning personnel plutôt chargé, je n’ai pas pu assister aux quelques quinze œuvres projetées. J’ai cependant, envers et contre tout, réussi à voir celles que j’avais sélectionnées en amont et que je vais donc me faire fort de vous chroniquer ici même, maintenant tout de suite !

Les films que j’ai vu

Nanook of the North

Depuis mes premières années de fac’, j’ai eu les oreilles rebattues à beaucoup de reprises avec ce machin bidule chouette en noir et blanc, datant de 1922  et tourné par l’honorable Robert Flaherty (avec en sus, une BO improvisée en temps réel durant la proj’ par un charmant pianiste dont le nom m’échappe absolument par Eric Le Guen).

Nanook, the Chosen One
Nanook, the Chosen One

Le Pitch est d’une simplicité enfantine puisque la caméra suit la vie d’une famille d’Inuits (esquimaux ?) vivants quelque part dans le très, très grand Nord du Québec.  On assiste donc, tout au long des 79 minutes du reportage, à des scènes de la vie nordique.

Faisons fi des X² polémiques (usage d’outils de chasse typiques en lieu des pistolets, la femme de Nanook qui n’est pas la sienne…) pour nous concentrer sur le contenu: exceptionnel à mes yeux, notamment le passage sur la construction de l’Igloo qui m’a scotché (vous auriez penser à insérer un bloc de glace pour faire une fenêtre ???) et qui est resté célèbre.

Bref, Nanook: parfait pour entamer le Festoche !

Kullursuaq

Tourné par Jacques Malaterre et accompagné par Nicolas Dubreuil, c’est un documentaire visant à montrer la vie d’une communauté inuit au Groenland.

L'endroit
L’endroit

La copie que nous avons visionné était une copie de travail donc encore bien loin de la version finale. Pour autant, bien qu’un tantinet intrusif et un poil voyeuriste par moments, le contenu est glaçant, dans tous les sens du terme.

Les conditions de vie sont véritablement extrêmes, à la limite de la déchéance humaine notamment dans deux passages très significatifs:

– La pêcherie vide alors que le supermarché l’est aussi: interdiction de pêcher des phoques à cause des quotas de l’UE.

– Le refus  de la tannerie d’acheter une peau de phoque pour qualité insuffisante et donc pour le chasseur de toucher son (supposé) dû.

Le phoque, sa chasse et le fameux quota sont au centre de bien des réflexions et suscitent des interrogations très légitimes (j’y reviendrais plus tard dans un autre article).

Pour ma part, c’est un message placé dans le générique de fin qui m’a le plus touché: le suicide de deux adolescents de 17 et 18 ans n’ayant laissé en tout et pour tout qu’un seul mot:

« Il faut vivre sa vie »

Samedi: Prisonniers de l’Himalaya

C’est cette fois Louis Meunier qui nous offre un moyen-métrage de 52 minutes (d’ailleurs « vainqueur » du Festival) sur une peuplade de Kirghizes bloquée sur les hauts plateaux d’Afghanistan, quelque part entre la Chine, le Tadjikistan et le Pakistan: ils sont 1200 à survivre à 4300 mètres d’altitude

« Sur le toit du monde, une femme vaut cent moutons, mais le salaire d’un berger n’est que d’un mouton par mois. Chez les derniers Kirghizes d’Afghanistan, les femmes sont rares car la plupart d’entre elles meurent en couche. Abdul Wali est le fils aîné du chef, mais il est trop pauvre pour acheter une femme à son fils Nematullah. Il se résout à vendre sa fille aînée, Wulluq Bu, pour obtenir suffisamment d’argent pour le mariage. Ce film suit les parcours de Nematullah et Wulluq Bu pendant un an, à la découverte de la communauté kirghize et des défis auxquels elle est confrontée. Les Kirghizes du Pamir afghan ont connu la famine, l’exil, la guerre et la persécution. »

Source

Les conditions de vie sont d’une brutalité assez effarante. De mémoire, je retiens quelques chiffres, avec une espérance de vie de 32 ans pour les femmes, un taux de mortalité en couche de 20% et et de l’opium vendu en échange de 6 moutons.

Ce dont je me souviens: la femme est une monnaie d’échange brute et rare, évaluée à 100 moutons (un dromadaire en vaut 20, je crois) avec une existence tournée vers l’entretien de la famille, corvéable et malléable à merci et dont la destinée est toute tracée.

Gangrénés par des siècles d’errance, par l’opium et par l’amaigrissement des ressources, le peuple est au bord du gouffre, tentant bel et bien de sauvegarder ce qui l’est encore, dans un cercle vicieux au possible:

1) Pour marier son fils, il faut 100 moutons.
2) Le salaire d’un berger est d’1 mouton par mois.
3) Les bergers sont endettés par l’achat d’opium.
4) ……………………………………………………………..

En dépit de tout, le documentaire réussit à ne pas tomber dans un Pathos outrancier: il y a même un certain jeu qui s’installe entre le réal’ et les gens (bien conscients d’avoir une opportunité unique de s’exprimer) et je me suis surpris à sourire par moments.

Dur mais lucide, émouvant mais bien foutu: à voir, pour toucher du doigt une certaine réalité de notre planète.

Dimanche: Créatures du Froid

Dans mon optimisme légendaire, je pensais que ce documentaire était consacré aux charmantes bébêtes du grand Nord et que je verrais moults nounours, pingouins et autres charmantes bestioles nordiques.

Au lieu de ça, je me suis retrouvé plongé dans un truc scientifique tourné vers les formes de vie de type « microbes-bactéries-acariens » dont la taille avoisine le millimètre.

Pourtant, aussi rebutant soit le sujet au premier abord, il n’est finalement pas si mal foutu. Certes, la structure scénaristique est proche du néant absolu (avec les questions en voix off: Mais comment fait donc ce pédoncule ? Mais quel est le secret d’une aussi grande résistance ?, simples prétextes à une explication), certes le dico des synonymes a du être usé jusque la corde (toutes les variations autour de « extrêmes » et « froid » y sont passées) mais,  malgré ça, on passe un moment agréable.

J’ai ainsi découvert des formes de vie assez mystiques, je me suis emerveillé devant les lichens du Spitzberg (pas Steven, l’autre), j’ai rigolé devant les manchots et j’ai écarquillé les yeux quand le machin s’est vidé de toute humidité pour hiberner pendant quelques siècles.

Pas forcément mon docu favori mais…

Pour aller plus loin

Le message extrait du site off »:

Merci à tous d’être venus si nombreux !

Cette première édition d’Objectif Aventure était un succès. Durant ces trois jours, vous avez été plus de 1500 à venir découvrir ces films du monde entier. De belles rencontres, des surprises, des émotions, l’ambiance était effervescente et nous sommes ravis d’avoir partagé notre passion du voyage d’aventure avec vous. Nous vous donnons rendez-vous l’an prochain pour la seconde édition du Festival !

A bientôt,
Toute l’équipe Terres d’Aventure
Source

Le Palmarès

Le 1er prix a été décerné à Prisonniers de l’Himalaya, le second à Rajashtan, l’âme d’un prophète et le troisième à Kullorsuaq.

A l’année prochaine !