Yukon: Larger than Life !

Retour de trois jours définitivement extraordinaires. Vraiment. Ce sont des moments comme ceux que je viens de passer qui me font comprendre pourquoi j’ai décidé sur un coup de tête de venir vivre ici, dans ce coin perdu du monde que l’on appelle le Yukon…

Petit retour sur ce week-end anthologique.

Nous sommes 5 à partir. Le même gang que d’habitude: Moi, Nico, Pascale, Mel’ et Alex. Nous nous rendons aux Liard Hotspring, en Colombie Britannique, à 700 bornes de WH. Classique.

Départ donc samedi matin vers 11.00 avec les courses déjà faites. Nous nous répartissons dans les deux vans, garçons d’un côté et filles de l’autre… Et nous roulons tranquillement. Dépassons Marsh Lake (remember, le Swan Haven) et arrivons à Teslin et son p’tit pont. Enfin petit… C’est un grand pont tout ce qu’il y a de plus métallique, enjambeant la Teslin River. Arrêt casse-croute, photos et nous repartons direction le prochain arrêt, Watson Lake.

Mais entre temps… L’imprévu frappe à la porte. Sous la forme de trois caribous. Instant d’éternité. Mes premiers caribous cornus. Mes caribous à moi. J’hullule. Heureux !

Et on repart. On roule et on chante tout ce qui nous passe par la tête. Et on arrive à Watson Lake, bourgarde tout à fait charmante mais qui accueille un truc pas banal: la forêt de panneau. Un GI construisant l’Alaska Highway avait le mal du pays. Il a donc construit un panneau indiquant le nombre de kilomètres de Watson jusqu’à chez lui. L’idée a plu a ses camarades qui en fait de même… Ca donne un truc super bordélique avec des panneaux de tout et n’importe quoi, avec une forte domination germanique et américaine.

Bref. On repart et on attaque les choses sérieuses avec les 350 derniers kilomètres et le vrai passage par la BC. Nico m’avait prévenu… Attention Bisons.

Et bah il avait raison. De loin, on ne voit qu’une espèce de gros trucs vaguement marron et ne se mouvant que très peu. Mais plus on approche et plus on s’aperçoit que le gros truc est vivant, quadrupédant et ruminant accessoirement. Et qu’il répond au doux nom de bison des bois. On en croise d’abord deux. Puis cinq et un peu plus loin… et 45 (je les ai comptés !) trente minutes plus tard. Le troupeau entier, étalé autant sur la route que sur les bas-côtés. Impressionnant. Des petits, des gros, des moyens… Du bison et franch’ment pas futé pour ainsi dire.

Mais il n’y a pas que des bisons en BC ! Il y a de gros quadrupèdes noirs et marrons, considérés comme dangeureux et dont il ne faut pas s’approcher…

……

Des Ours !

Et oui. Ca y est. On les a vu. Au détour de la Highway, on aperçoit une tache marron sur une colline. On s’marre avec Nico genre « encore un bison… » jusqu’à ce que… « Merde. C’est trop petit pour être un bison… Ca bouge beaucoup (silence…) Un ours !!! ».

On s’arrête, on sort les appareils photos et on mitraille. Et je revis à ce moment-la le même sentiment qu’à ma première baleine (en silence ce coup-ci). Bonheur. Emotion. Une envie d’hurler à la face du monde que j’aime ce moment.

Bon on repart… Et on tombe sur un deuxième nounours. Toujours noir. On repart… Et on en voit un troisième. Beaucoup plus gros. Pas noir mais marron.

TILT.

Grizzli à babord. Avec deux oursons. On est pas restés pour pas pertuber la famille mais gros gros moment.

Un peu plus loin, deux bisons décident de se foutre sur la tête. En plein milieu de la route. Puis sur le côté. Marrant.

Bon après tous ces ours et ses bisons, on arrive au camping vers 20.00, avec un temps situé entre la neige et la flotte. On déballe le matos, on se repartit les places entre tentes et van, on allume le feu… Et c’est parti. Saucisse, bière, pinard, chips… On mange. On boit. Et à minuit, on y va !

Ou ? Mais aux Hotsprings voyons ! Vous ne croyez quand même qu’on a fait 700 bornes juste pour dormir dans un camping ? On part le coeur vaillant, sur un chemin de bois s’enfoncant dans des marais. Dix minutes à trottiner et on arrive à un coin de paradis… Eau à 40 degrès. En pleine nature, sous le ciel de la BC/Yukon. Le pied ! En sirotant nos petites gourdes de vin rouge, en se racontant nos vies… Retour sur le coup des deux heures du mat’… sous la neige !

Dimanche matin.

Dans ma tente. 5.30 am.

Glagla. Brrrr. Glagla. Brrrrr.

« P’tain, il est quelle heure ? Ah ouais… Fait pas chaud… ». Parce que je vous ai pas dit. La tente. Je suis le seul a y avoir « dormi ». Faut souligner qu’il y avait pas de sardines. Et que je l’ai donc monté avec des morceaux de bois. Faut pas omettre aussi le fait qu’on s’est gouré quelque part. Parce qu’au moindre coup de vent, c’est la Sibérie dedans.

Et ce que matin la, le blizzard et la tramontane avaient rendez-vous tous les deux avec moi… Résultat: je pointe le bout de mon nez dehors pour ne pas en croire mes yeux: de la neige. Partout. Un 17 mai. Et ça tombe encore. Retour dans la tente et intense reflexion. J’ai fini par aller me réfugier dans le salon de l’hotel adjacent et roupiller sur un fauteuil un bois… Jusqu’à ce que ces dames qui dormaient dans la voiture émergent de leur doux sommeil et me laissent attraper ma CB afin que je puisse aller me prendre un café !

Après quelques petites aventures, retour aux springs, assiette de frites et gros comatage avec sieste la moitié de l’après-midi… Admiration devant un Nico se levant à 15.30, retour aux springs, retour au camping, feu, saucisses, patates cendrées, pinard, bière, marshmallows et dodo… au chaud ! Notre alsacienne préférée nous a déniché une cabane bizarre, avec un lit sans matelas mais avec de la chaleur. On s’y est donc réfugié avec elle et Mel’ pour une nuit sans histoires (à part qu’il parait que je ronfle mais c’est que des mensonges…).

Lundi 19, Victoria Day et donc jour férié. On se réveille vers les 11 heures, horaire local BC (décalage horaire d’une heure entre BC et Yukon). On déjeune et on part… aux hotsprings, sous un soleil radieux qui a déjà effacé toutes les traces de la neige d’hier – hallucinant ce pays -. On dit bonjour en passant à deux Bisons égarés dans le coin. On passe la barrière sans payer les 10 dollars demandés… Et on va reprendre notre bain quotidien de ce jour. On fait les moules, accrochés à notre cascade, ayant récupéré au passage une Marjolaine, connaissance de l’Afy et retournant avec nous à WH ce jour-même. On fait glouglou, on retourne au camping, on mange, on regarde Nico et Alex se réveiller, on se marre, on range le matériel, on démonte les tentes, on cherche un jumper pour faire démarrer le Van et à 16 heures, on est reparti.

Sur le retour, on recroise nos potes les bisons, classique. Puis un premier ours noir puis…

Maman Grizzli ! Avec ses deux petits. Et la on a laissé de côté notre morale. On l’a mitraillé. Paparazzé. Elle et ses deux oursons. Elle en avait pas grand chose à faire d’ailleurs mais bon. Grand moment de bonheur.

On repart encore. On recroise un troupeau de bisons. Puis trois caribous. Puis des orignals. Puis des bestiaux volants bizarres. Puis on se mange une baffe en regardant le soleil se coucher passer derrière les montagnes d’Atlin. Et on roule. Alex nous quitte pour rentrer chez elle, dans sa cabine paumée au fin fond d’une route bizarre.

Pour notre part, l’aventure s’est finie à minuit et demi. Sous les derniers, derniers, derniers rayons du soleil, pas encore tout à fait couché.

Vous êtes à Whitehorse, Yukon.

Vous êtes vivants et heureux.

Bonsoir !

(PS: Toutes les photos, très très bientôt !)