Voyager moins pour voyager mieux

Depuis quelques mois, je suis beaucoup plus impliqué dans le monde de la Blogosphère de voyage.

Auparavant, je me contentais d‘une communication minimale consistant à tweeter gentiment mes nouveaux articles, à répondre aux commentaires d’ici et à me laver les mains du reste, dans un merveilleux jemenfoutisme. Puis j’ai décidé de m’intéresser un peu plus à tout les à-côté: j’ai commencé à élargir la palette de mes lectures, à fouiner un peu partout et à tenter d’être un peu plus présent sur les réseaux sociaux. Les résultats viennent tout doucement: me refusant à toute mendicité sociale, à toute communication impersonnelle, à toute agressivité publicitaire, j’évolue doucement et sereinement dans un univers assez passionnant, avec des personnes et des repères fixes, rencontrés pour la plupart (merci Twitter et PassDav !). Aussi subjective et inutile soit-elle, cette introduction ne vise en fait qu’une seule chose: essayer de formaliser par écrit ma volonté nouvelle pour mes prochains voyages, placés sous un signe bien particulier: le Qualitatif

Partir pour Partir

Il fut un temps où je sautais sur la moindre occasion de voyager, où l’idée de pouvoir bourlinguer aux frais de la Princesse dans le cadre du travail me rendait heureux, courtois et charismatique. Cependant, le temps a fait son œuvre, la lassitude est passée par là et je ne manifeste plus désormais qu’une vague et indéfinie sensation de légère jalousie lorsque je parle à mon Georginou, coordinateur de son état et qui passe 90% de son temps sur les routes de France et de Navarre. Maintenant que le temps des PVT est révolu, que je suis – enfin ! – stabilisé à Paris avec ma DeT, je ne me vois plus tout quitter du jour au lendemain, aller faire le zouave à Bab El Oued ou chanter La Totomobile à Triffouilis les Oies.

En 2012, entre mon retour de Nouvelle Zélande et la fin de l’année civile, je suis allé dans les Alpes, en Écosse et aux Shetlands. 3 destinations agréables, différentes et que j’ai (re)découverte avec grand plaisir. Pourtant, je me rappelle bien qu’à ma descente de l’avion, je ne jurais que par les mots départs, expatriation, Argentine.

Des choix à faire

La vie que je découvre actuellement (à deux avec projets) est une grande inconnue pour moi. Je m’adapte, je cherche, je fouine, je tourne et retourne. Je bondis de petits boulots en petits boulots, cherchant toujours l’opportunité majuscule qui me lancera pour de bon dans la vie active dont je rêve (voyages, écriture).

Je crois qu’il y a un temps pour tout.

Passer pour l’éternel bourlingueur jamais rassasié, celui à qui l’on demande à chaque fois “Alors, tu vas où maintenant ?”: j’en étais fier (et je le suis toujours en fait). Ça flatte l’égo, ça rend fier et ténébreux… mais c’est une étiquette dont il est très difficile de se débarrasser par moment. Autour de moi, j’ai des gens, normaux, qui ont voyagé plus que moi en exercant des fonctions normales et en ayant une vie toute aussi normale. Par petites périodes, par vacances, ils sont allés au Japon, en Argentine, au Chili ou au Cambodge, autant d’endroits où je désire ardemment poser la plante de mes pieds.

Moins c’est plus

Aujourd’hui donc, ma réflexion a changé. Je m’inscris dans une logique de sélection, de choix, d’opportunités.

A notre époque, où de plus de plus en personnes s’orientent – avec raison – vers des notions de voyage “responsable, éthique, citoyen, alternatif, écologique, raisonnable”, il devient important de réfléchir également à notre rôle de touriste. La prochaine destination sera chérie, cajolée, adorée. Je la préparerais avec amour et tendresse, en tracerais de vastes et grandes lignes et m’y promènerais comme avant, le sac sur le dos et le pouce tendu, en appliquant mes méthodes et mes valeurs.

A devoir me décider entre 9 séjours d’une semaine et un voyage de deux mois, je sais de suite vers quoi je m’orienterais: la durée, le plaisir, la découverte.Voyager pour Voyager, c’est entrer dans une logique de consommation, dans une boulimie narcissique, dans un espace où le plaisir est supplanté par le devoir voir et devoir faire.

Jamais je ne me sacrifierais sur cet autel.

  1. “A devoir me décider entre 9 séjours d’une semaine et un voyage de deux mois, je sais de suite vers quoi je m’orienterais: la durée, le plaisir, la découverte.”

    Pareil ! En fait, je crois que je n’aime pas vraiment voyager. Je n’aime pas trop les week-ends à droite et à gauche, je préfère m’installer et prendre le temps. Cependant, si je pouvais partir 2 mois tous les ans… je me priverais pas !

    1. Oh ?

      Tu n’aimes pas voyager ? Cela ferait un super sujet d’article (je note, je note !).

      J’ai la même pensée: prendre le temps et m’investir pleinement dans un voyage, bouffer que de survoler superficiellement x² destinations.

      Ça doit être ça de vieillir (ou pas).

      1. Si voyager implique prendre l’avion ou le car pour aller à droite et à gauche, visiter 20 pays, voir 10 choses différentes tous les jours, non c’est clair que je n’aime pas vraiment voyager. Je sais pas comment l’exprimer…

        1. [Mode Troll]

          Je vois ce que tu veux dire.

          C’est aisément guérissable.

          Lis mon ebook “Apprendre à voyager AlaKool” et tout ira mieux.

          Je te fais même un super prix.

          [/Mode Troll]

  2. Intéressant comme réflexion.
    Sans parler de tourisme de masse, le voyage peut-il tomber dans le consumérisme ? A la recherche du chiffre ?
    Très certainement. Et comme tu l’expliques, on change avec l’âge, son statut social (… et familial !)
    Mangeons mieux, consommons mieux, voyageons mieux !

    1. Salut Romain

      Voyager mieux, c’est un effet l’un des principes que j’essaie de faire désormais, autant par plaisir personnel que par volonté.

      Je crois que l’envie m’est venue après un tour à Cuba en 2008 avec que des 4* et un statut de privilégié assez dur à assumer (note que je m’en plains pas, j’y repense d’un coup en te répondant !).

      Merci à toi du passage en tout cas 🙂

  3. Et si on laissait tout à chacun voyager comme il le veut. Certains n’auront pas 1 mois…auront des périodes imposées qui ne correspondent peut être pas aux bonnes saisons des pays à visiter.. certains ne veulent pas se casser la tête à tout organiser (tourisme de masse tant stigmatisé).. certains veulent juste que leur voyage soit juste des vacances (notion un peu oubliée par l’élitisme de la blogosphère du voyage te causant vraie valeur du voyage toussa)
    Bref quand je peux je pratique les 2! le long terme et la multitude pour pas perdre la main.

    1. Et si on laissait tout à chacun voyager comme il le veut.

      Tout à fait d’accord ma chère Frogita.

      Je n’entends donner de leçons de voyage à personne (quel fou serais-je donc !) et je prends juste plaisir à faire partager mes pensées, qui sont très, très loin de faire office de vérité générale (et encore heureux ma foi).

      Je sais juste que, pour ma part, j’ai assez donné dans le mode “je bourlingue, je bourlingue, je bourlingue”. Donc maintenant, c’est prendre son temps pour choisir et profiter !

      1. je sais.. 🙂 j’ai profité de la tribune pour causer en général.
        Mais c’est vrai que c’est quand même mieux de partir plus longtemps sur une seule destination en ce qui me concerne (et surtout à mon rythme!!) , je ne vais pas dire le contraire vu que j’essaye de le pratiquer

        1. Honnêtement, je comprends aussi ceux qui multiplient les voyages (je l’ai fait, longtemps !).

          Que chacun voyage comme il l’entend, qu’il soit heureux et Dieu fasse que nous allions tous en Laponie tantôt !

          [Par contre, en HS absolu, j’espère que ceux qui se sont abonnés aux commentaires ne se font pas spammer comme des gueux par les notifications.

          Toutes mes confuses dans le cas échéant !]

  4. Le SPAM c’est mal !
    Plutot d’accord avec toi, chacun déjà vit le voyage comme il le veut; Après, j’avoue que personnellement, j’ai du mal à comprendre et j’aurais du mal à apprécier le 20 destination en 3 semaines, qui donne un côté consumériste et je veux en faire un max tout en superficialité. J’ai besoin de me poser, préparer, étudier avant de partir. Après, le manque de temps (et d’argent) fait que bon, difficile de partir plus de 15 jours, donc au final ça fini régulièrement en vacances ou decouvertes, ou on essaye de profiter un max de l’endroit ou on va, sans avoir le temps de se poser…
    Je pars dans 2 mois en Suède, en Dalécarlie, mais juste 11 jours; je prépare en avance, je sais ce que je veux faire, je suis déjà un peu dedans, mais ce que je rêverais, c’est partir 1 ou 2 mois, et ne pas me dire “je veux faire ça ou ça, juste profiter et sentir l’amiance”…

    1. Je te rejoins totalement dans ta réflexion.

      L’Écosse, l’année dernière, a été un voyage beaucoup plus préparé que mes précédents: j’ai ainsi pu trouver des coins de paradis pas fréquenté du tout: juste du bonheur.

      Quant à la Suède… Tu m’agaces (mais mon tour viendra !) 😉

      1. Roh ça va, t’a passé un an au Yukon…mais j’ai hate, ma petite stuga sur le bord du Siljan, et l’autre sur le bord de la Baltique vers Stockholm, je devrais etre bien !

  5. Je profite de ce premier commentaire pour féliciter sur le contenu intrinsèquement de de qualité dans les réflexions, les échanges ainsi que ta belle plume et ton vocabulaire recherché. Bref y a du coffre comme on pourrait dire.

    Je partage en tout point ce que tu dis, et pour le voir d’assez près auprès d’un ami revenu d’un grand voyage, eh bien au bout d’un moment, tu “passes” à autre chose: tu veux voyager, pour sur, mais différemment. mais surtout la porte à autre chose est ouverte: travail stable, “achat”, fonder une famille, alors que quelques années auparavant, cela pouvait sembler impossible.

    Prenons exemple de Romain World Tour, qui voyage encore mais moins et passe moins de temps sur son blog ou d’autres “stars” de la blogosphère. J’avais vu aussi divers reportages à la “télé” ou là aussi la tendance était globalement similaire: en mode “chien fou” les années de jeunesse puis passé “30 ans”, une envie de stabilité comme si la dose de découvertes était maintenant suffisante. Comme une musique que tu écoutes beaucoup au début pour ne plus l’écouter qu’avec parcimonie et bonheur par la suite ^^
    Bien sur, il y a des exceptions comme pour tout, mais je parle bien d’une “tendance”.

    Après bien sur, à chacun de trouver un juste milieu par rapport à son rythme personnel, mais je crois aussi qu’avec l’expérience des voyages, cela vient naturellement.. Tu sais forcément que tu ne pourras pas tout voir, tu sais ce qui te plait, et donc tu fais des tris, etc..

    Bref, étant en mode “chien fou”, il va falloir que je parte pour me calmer ^^ sur ce je vais voir ce que tu as écrit sur l’Ecosse 🙂

    1. Un grand merci pour ton intro’ qui me fait rougir de rougir devant l’ordi.

      Tu sais, y a pas de mal à être chien fou en fait, bien au contraire même ! Chacun vit et ressent le voyage à sa façon. Et j’aime ton parallèle avec la musique: c’est très parlant.

  6. Je ne sais pas si la dose de découverte est suffisante passé 30 ans. Mais tu as raison, les envies changent : la famille, la “stabilité”. Tout simplement, peut-être que passé 30 ans, on ne pense pas pareil qu’à 20 (ça c’est même sûr) Et puis que nous réserve nos 50 ans ? Comment voyagerons nous quand on aura 70 ans ? Peut-être qu’on redeviendra “chien fou ” !!

    1. Pour moi, c’est la barre des 31 ans qui a joué, avec la fin des PVT.

      J’ai vraiment eu la sensation de passer un cap…

      Reste à savoir si l’âge influe en fait !

  7. C’est sûr que voyager partout pendant ses congés, c’est cool… Mais moi, plutôt que de voyager dans des pays, je veux y vivre… du moins pour l’instant… j’aurais peut-être la même réflexion que toi dans 5 ans 🙂

    1. C’est un point intéressant: vivre dans un pays nécessite plus de démarches que d’y voyager (touriste): d’où le bonheur du PVT !

      J’ai pas mal donné et la porte est (hélas) fermée désormais de ce côté là.

      Profite que tu peux encore le faire 😉

        1. T’as quand même intérêt à avoir un compte en banque bien garni (et d’autres pièces) pour prouver à la douane que tu viens pas faire l’immigrant illégal.

          Parce que les visas touristes de 6 mois, ils les donnent plus comme ça !

  8. bon, tout ces commentaires m’ont en effet bien pollué mon lecteur de fluxs rss hier soir mais c’est tant mieux !

    Et j’ajoute ma petite couche : personnellement, j’ai toujours aimé le voyage sans voyager. Je n’ai pas vu d’éléphants sauvages ou de lions au Kenya et j’ai passé mes soirées au billard à siroter des jus de fruit de la passion, dans Nairobi avec les collègues. Et bien je n’ai aucun regret. J’ai nettement préféré 7 semaines de vie quotidienne avec des gens du cru à de la bourlingue à droite ou à gauche. C’est sûr, j’ai probablement manqué plein de choses. Mais je pense que j’ai plus appris sur le pays et la culture locale que bon nombre de gens qui se font la collection des parcs. Ça ne veut pas dire qu’une façon de faire est mieux, juste que, moi, j’ai toujours préférer “vivre” un pays ou une destination que la visiter.
    Mes années à Montréal, c’est pareil. Je crois que je vois de la découverte même dans des petites choses insignifiantes là où d’autres veulent plus de spectaculaire.

    Enfin, le Yukon. Bon, je n’y ai passé que trois semaines, certes. Mais dont deux semaines à Whitehorse. Pour certains, je pense qu’ils trouveraient que c’est du gâchis de ne pas avoir passé son temps à crapahuter. Ben pas moi. Je me suis fait ma petite routine, j’ai senti (très modestement) un peu le pouls de la vie locale et ça m’a plu.

    Bien sûr, ça ne veut pas dire que je crache sur du bon vieux road trip ou du tourisme en règle avec pass sur 10 jours pour se faire tous les musées de la ville. Mais dans ce type de voyage, je sais que mon contentement sera bien moindre. Un peu plus d’excitation sur le moment, un peu moins de satisfaction sur le long terme.

    Et pour tout ça, je ne crois pas que ce soit une question d’âge. Avec l’âge, les contraintes augmentent parce que certaines choses qu’on a souhaité probablement depuis longtemps sans qu’elles soient là (famille, boulot) arrivent enfin et qu’on ne va pas les lâcher. Mais ça ne veut pas dire que les goûts ont changé, juste que les compromis à faire son différents et que de nouvelles choses entrent en balance.

    1. “Et pour tout ça, je ne crois pas que ce soit une question d’âge. Avec l’âge, les contraintes augmentent parce que certaines choses qu’on a souhaité probablement depuis longtemps sans qu’elles soient là (famille, boulot) arrivent enfin et qu’on ne va pas les lâcher. Mais ça ne veut pas dire que les goûts ont changé, juste que les compromis à faire son différents et que de nouvelles choses entrent en balance.”

      Bien résumé, net et concis 🙂

  9. Comme d’hab’, ton écriture aussi claire qu’analytique et ta faculté à formaliser tes pensées me rendent admiratifs.

    Bien d’accord sur cette histoire de Vivre vs Voyager.

    Je crois même que j’écrirais bientôt là-dessus quand j’aurais démêlé le fil de ma tête !

  10. Tiens et je repensais aussi à Rome. En plus de courts séjours en famille quand j’étais gamine, j’y ai passé 15 jours il y a quelques années, dans un appart prêté. Ben pareil, le fait d’être posé dans un appart, d’acheter son prosciutto chez le petit charcutier en bas, de rentrer tôt tous les jours pour se poser “à la maison”, je trouve ça nettement plus agréable qu’un truc à fond en permanence. alors je suis peut-être pas en centre-ville mais je vis à mon rythme et c’est un peu comme à Whitehorse, une façon de “prendre le pouls”, même sur un séjour relativement court. En 15 jours on a déjà le temps de prendre des habitude, de passer régulièrement aux mêmes endroits…

    1. J’avais trouvé le même sentiment quand je bossais en Irlande, hébergé dans une famille.

      Petite routine, balade le week-end et immersion absolue dans la petite vie locale.

      C’est tout aussi agréable (surtout à l’heure des pubs et des tournées générales !).

  11. Je viens de tomber sur ton blog grâce à… twitter (et oui !). Très bon article, j’aime bien trouver ce genre d’articles sur les blogs de voyages car ça sort un peu de la recherche à la performance-appât du lecteur.

    Enfin, je voulais surtout dire que je partage ta vision du voyage : Pour moi rien de mieux que de passer plusieurs mois quelque part pour avoir le temps de découvrir un pays et de réellement l’apprécier !

    1. Honnêtement, appâter le lecteur ? Rien à faire ou presque, je suis pas dans une logique de vente ou je sais pas quoi 😀

      Je suis ravi que les gens viennent, lisent et reviennent parce qu’ils apprécient le contenu que je fournis: rien de plus important à mes yeux !

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