Voir autrement le monde: le festival Jean Rouch

Depuis samedi, et jusqu’au 29 novembre, se tient à Paris le Festival International du cinéma ethnographique Jean Rouch, qui fête cette année sa 32ème (!!!) édition. Tout au long des trois semaines, de nombreuses œuvres sont présentées gratuitement au public, dans la limite des places disponibles. Le programme est aussi varié qu’attractif et devrait combler l’appétit de plus d’un cinéphile assoiffé de voyage. Voici donc ma petite sélection personnelle, ainsi qu’un retour sur les films que je connais déjà…

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Who will be a Gurkha ?

Dès la lecture du pitch, j’ai été attiré par ce film népalais, né sous la direction de Kesang Tseten:

“Depuis 200 ans, les Gurkhas sont une unité spéciale au sein de l’armée britannique. Les garçons sont recrutés dans les villages des montagnes du Népal. Kesang Tseten observe comment la condition physique des soldats en herbe, leur intelligence et leurs motivations sont mises à l’épreuve. Cette sélection se fait selon des critères sévères d’aptitude physique mais aussi mentale. Connus pour leur courage et leur esprit combatif, les Gurkhas interviennent dans des zones de conflits comme l’Irak et l’Afghanistan.”

Tout au long des 75 minutes de la projection,  nous suivons le processus de sélection dans son intégralité, un peu à la manière d’une téléréalité, avec les différentes étapes, les entretiens et les pensées de ces jeunes népalais (de 17 à 21 ans) essayant de fuir leur pays pour espérer des lendemains plus chantants, même au prix de la guerre et de l’Afghanistan. J’ai beaucoup apprécié cette plongée dans un univers méconnu, un peu ironique (la loyauté envers l’Angleterre est purement financière), beaucoup touchante (les liens entre les jeunes, les espoirs et le désespoir) et parfois drôle (la discussion surréaliste sur la route jusqu’en Angleterre…).

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La séance s’est même prolongée avec un intéressant entretien entre ledit réalisateur et les spectateurs (dont l’un qui parlait couramment népalais, chapeau M’sieur !).

Un été avec Anton

Seconde œuvre dans ma “To watch List”, un film russe de Jasna Krajinovic et dont le sujet me tient particulièrement à cœur:

“Anton, 12 ans, vit avec sa grand-mère dans une petite maison à la périphérie de Moscou. Il partage ses journées d’été avec ses amis et sa babouchka, volontiers complice de ses jeux. L’insouciance de ses vacances disparaît lorsqu’il part, comme la majorité des enfants russes, dans un camp d’entraînement militaire, où on le retrouve en uniforme, une arme à la main.”

L’ayant déjà vu auparavant, je connais d’ores et déjà le contenu, qui permet de créer un parallèle intéressant avec un autre film du même genre: Jesus Camp. Bien que fort différents dans l’approche et la création scénaristique, ces deux témoignages font s’interroger sur l’embrigadement des enfants (l’un militaire, l’autre religieux), le positionnement des adultes (les chefs, les parents) et sur la pédagogie au service du mal. Si j’ai trouvé Un été avec Anton moins troublant que Jesus Camp, cela fait quand même froid dans le dos et je suis ressorti très dubitatif de tout ça, surtout lorsque le jeune (et principal) protagoniste témoigne du plaisir qu’il prend dans ce camp militaire et de sa préparation utile pour les immanquables guerres futures.

A voir donc !

Ils sont à mon programme

– Mercredi:

Bouzkachi !, un film tadjik sur le sport éponyme, suivi, à 20.30, d’un documentaire égyptien de 26 minutes intitulé La larme du Bourreau et consacré à la peine de mort.

– Vendredi

Sous-Marin, de Jean Gaumy, en 5 épisodes de 26 minutes:

“Pour la première fois dans l’histoire des marines nationales mondiales, un réalisateur a été autorisé à accompagner une plongée de quatre mois classée secret-défense, à bord d’un SNA, sous-marin nucléaire d’attaque.”

Pour en savoir plus

N’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel et y consulter les différents programmes ainsi que la liste des œuvres projetées.

Une page Facebook existe également.

Si vous appréciez le travail effectué par les nombreux bénévoles, allez donc donner votre denier sur Ulule car le Festival n’a pas intégralement bouclé son budget (ce qui est bien triste quand on regarde la liste des nombreux partenaires…).