Salut à toi, futur PVTiste

Dans quelques semaines, au plus tard, s’ouvriront la nouvelle session de délivrance des PVT pour le Canada, cuvée 2014-2015. J’ai déjà eu, dans le passé, le plaisir d’écrire pas mal sur le sujet, notamment à propos des évènements de l’année dernière (notamment ici: La folie des PVT ou encore là: Changer ou Disparaitre). L’approche de cette nouvelle période de douce folie, porteuse d’autant d’espoirs que d’angoisses,  me donne envie d’écrire une lettre à destination de tous ceux qui, chanceux, obtiendront leur permis de travail (et non pas leur Visa) à la fin de ladite session. Étant moi-même l’un d’entre eux, revendiquant fièrement cet héritage, c’est un message d’un ancien vers un nouveau que je transmets: à charge d’en faire, si vous le lisez, ce que bon vous semble !

pvtistes

Salut à toi, futur PVTiste,

Tu permets que je te tutoie ? J’espère bien que oui vu que, toi et moi, nous allons passer beaucoup de temps ensemble dans les mois à venir, au gré de tes aventures, au fur et à mesure de ton voyage à travers ce fabuleux pays qu’est le Canada et vers lequel tu es bien décidé à partir vivre une nouvelle expérience, découvrir une culture différente et, pourquoi, t’installer pour un long bout de temps.

Bien sur, tu ne sais pas encore ce qui t’attend car, pour le moment, tu es plongé dans un état de fébrilité avancé, fouinant partout sur internet, spammant le forum PVTistes.net, épluchant tous les dossiers mis généreusement à ta disposition et annotant tout et n’importe quoi, aussi bien dans tes favoris que sur ton petit cahiers de notes. Tu attends, impatiemment, des nouvelles de l’Ambassade et tu martyrises sans cesse ta pauvre touche F5, actualisant sans relâche ta boite mail, dans l’attente du signe qui va déchainer les enfers et ouvrir les portes d’un monde chaotique, furieux, improbable.

Puisque tu t’intéresses au Canada et au PVT (d’ailleurs, comment l’as-tu connu ? Par une émission TV, par un reportage radiophonique, par un site internet ? Dis le moi, s’il te plait ! ), tu as forcement pris conscience que ce sésame est de plus en couru, recherché et que son obtention ne tient plus d’une simple formalité, comme c’était encore le cas il y a quelques années. Bien loin de la tranquille bénévolence des premiers temps, c’est désormais une course acharnée dont le succès, la réussite, n’est plus le fruit du hasard mais bel et bien le résultat d’une préparation acharnée, précise et qui ne laisse pas la place pour la plus petite erreur.

Tu as, bien sur, préparé ton dossier, autant que faire se peut. Tu as une liste des papiers à transmettre, tu as pris rendez-vous avec ton banquier et ton compte regorge d’une somme se chiffrant, au moins, à plusieurs milliers d’euros, loin de la (petite) somme imposée par le service comptable de l’Ambassade. De même, toi et tes futurs amis de voyage, vous avez déjà fait de sérieux préparatifs, comme acheter en ligne votre billet vers le Canada ou vous renseigner sur l’assurance dont vous allez obligatoirement vous couvrir pour la durée intégrale de votre séjour canadien !

Je te rassure, si besoin est: tout cela n’est nullement ironique de ma part. Je sais bien, peut-être plus que beaucoup de gens dont ton entourage, à quel point ce futur PVT est précieux, indispensable et nécessaire à ton épanouissement, à ta survie et, plus généralement, à tes envies d’aller là-bas si the grass is greener than here. Je sais également qu’un échec serait un coup très dur, aussi difficile à accepter qu’à encaisser et que tu aurais beaucoup de mal à faire une croix sur un projet aussi murement chéri et projeté.

D’ailleurs, en parlant de projet muri et chéri, sais-tu déjà où tu vas aller et ce que tu vas faire ? Vas-tu rejoindre la Légion Française de Montréal, aller te perdre dans les forêts boréales du Manitoba, ensemencer le Saskatchewan ou encore explorer les étendues gelées du Nunavut ? Seras-tu l’un de ces RPistes-to-be pour lesquels le PVT n’est qu’un moyen plus rapide d’accéder à la Résidence Permanente, bafouant par là-même, sans vergogne, la signification même de cet acronyme adoré des Dieux ?

Si tu as déjà ton année entière de prévue, je ne jette pas la pierre, c’est ton droit le plus intime et le plus respectable. Si, au contraire, tu te lances dans le subtil inconnu, sans trop savoir vers où tes pas vont te mener, je dois te dire que j’aime plus cela, sans pour autant t’y encourager à foncer la tête  baissée, tellement cela peut tourner au casse-gueule le plus absolu. Cependant, histoire de ne pas rester dans une position de vieux sage gâteux déblatérant des bêtises déjà mille fois lues, je vais te faire part d’un secret qui se transmet de génération en génération, seulement entre initiés et qu’il te faudra, à ton tour, transmettre un jour à un autre élu:

Ton PVT n’est qu’à toi et c’est toi, et toi seul, qui choisit d’en faire ce qu’il te plait.

J’ai déjà bien trop parlé et discouru pour ne (presque) rien dire et je pense que tu commences à en avoir marre de lire ces lignes pompeuses et rébarbatives. Cependant, si je peux encore abuser de ta patience quelques minutes, je me contenterais de te dire ceci: cette année qui t’attend sera probablement l’une des plus belle, folle et destructrice de ta vie. Elle sera belle de par ce que tu vas voir, vivre, expérimenter. Folle car tu vas être plongé dans un nouvel univers dont tu ne connais pas les règles du jeu ni les codes sociaux. Destructrice parce qu’elle va t’obliger à te remettre en cause et à aller puiser en toi des ressources inexploitées voire même inconnues.

Que ce voyage te soit favorable et puisse-tu, un jour, venir me dire ici, avec tes mots, ce que tu as vécu, ressenti, aimé et haï: je t’attends les bras ouverts !
Bon vent l’ami, bon vent mon cher PVTiste !