Pourquoi revenir: Autopsie du Perpétuel

A chaque retour d’un long voyage, c’est la même rengaine, la même ritournelle, la même question: “Mais pourquoi es-tu rentré ? ” Ne croyez pas que c’est toujours l’entourage qui interroge ainsi. Bien souvent, c’est vous et moi qui nous posons cette colle, qui revient inlassablement et tombe aussi sèchement que le couperet d’une funeste machine. Aussi, aujourd’hui, au lieu de partir dans des échappatoires rhétoriques foireux, je vais jouer le jeu et tenter, à cœur ouvert, d’y répondre, en toute subjectivité et mauvaise foi, comme de bien entendu !

Autopsie du Perpétuel

Pourquoi revenir ?

J’ai vécu, à deux reprises, l’expérience de l’expatriation. Je ne parle pas ici de voyages au long cours, de tour du monde: non, je parle bel et bien d’être parti vivre pour une longue période dans un pays différent, d’y habiter, d’y travailler et d’y assimiler, dans une certaine mesure. De ces deux expériences, couplées aux XX² voyages que j’ai fait (et fait encore d’ailleurs) j’ai tiré quelques enseignements, réflexions, pensées que voici donc:

L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs.

Une certaine tendance contemporaine pousse une génération entière à s’exclamer:

“La France, çapuduku, tous à l’étranger !”

Je crois pourtant, en mon âme et conscience que nous ne sommes pas si mal lotis que ça. Certes, les temps sont durs et c’est la crise dans toute sa morbidité et son agressivité. Certes, des nouvelles malsaines parviennent régulièrement à nos chastes oreilles et certains débats semblent venus tout droit de la Préhistoire. Certes, nous sommes un peuple mi-raciste, mi-homophobe, mi-fonctionnaire, chauvin, entêté, orgueilleux, malpoli et malodorant (au moins).

Mais quand on regarde les choses d’un peu plus près, nous nous rendons compte (ou pas) d’une simple chose: nous avons une chance incroyable d’être français et nous n’avons pas à avoir honte de l’être.

La sécurité sociale, l’assurance chômage, les congés payés, les RTT, le RSA (et bien plus encore) constituent presque une exclusivité mondiale à l’heure actuelle.

A côté de ça, nous vivons également dans un pays de Culture, où l’Art foisonne et où la création artistique est maintenue et encouragée (oui oui !), où les musées sont grands, beaux, bien foutus et pas si chers que ça.

Ajoutez en sus la nourriture, le fromage, les boissons nationales: vous obtenez, avec tout ça, un argument de poids assez convaincant pour faire revenir en courant beaucoup d’expats déçus par leur expérience de vie à l’étranger.

Un voyage a nécessairement une fin.

La Palisse aurait pu l’écrire: tout ce qui débute se termine forcement à un moment et je crois qu’il en va de même pour un voyage, aussi beau et long soit-il. En effet, qu’est ce qui donne une puissance incroyable à ces expériences ? L’instant présent, le vécu, le sentiment de l’avancée permanente, la découverte, l’enrichissement… Cependant, je crois que c’est une fois que la conclusion est arrivée à son terme que l’on se rend compte de la richesse accumulée, emmagasinée.

Où serait donc le plaisir, voire même l’intérêt, d’être éternellement sur la route, sans s’arrêter ?

En rentrant au bercail, en rangeant les valises et en triant les souvenirs, on prépare d’ores et déjà le prochain périple et c’est la fin qui donne ce pouvoir, cette motivation, cette envie.

Family, Friends, Amore.

Les amis, la famille, les connaissances, les relations, les visages connus: qu’il est dur de faire une croix potentiellement définitive sur tout ça. Que ce soit à mon retour de KiwiLand, d’ErableLand ou de QueSaisJeEncoreLand, j’ai retrouvé à chaque fois, avec le même plaisir, mes amis et ma famille. Je sais que pour certains, c’est une marque de faiblesse que de pleurer, au loin, l’absence des êtres chers. Pour d’autres, c’est une preuve d’amour.

Pour moi, retrouver ceux que j’aime et estime, c’est un motif suffisant.

La réponse de DeT.

Toute en subtilité (et sans qu’elle le sache), je glisse la réponse de DeT à mon interrogation:

“Pourquoi se faire un noeud au cerveau ?
Pour pouvoir le dénouer après !”

Ce qui n’est pas, en fait, totalement faux !

  1. C’est clair que lorsque je pars, quelques semaines au max pour l’instant, il y a toujours le plaisir du retour, qui amène souvent des projets en relation direct avec les experiences vécues lors du séjour.
    Après, concernant la partie de l’expatriation, oui la France à de nombreux avantages, mais le pays pour ma part me semble sclérosé, pourri de l’interieur, et si de plus en plus de personnes cherchent à partir, c’est qu’il y quand même des raisons…personnellement j’ai du mal a m’épanouir et voir un avenir ici, même si il y a 99% de chances que je reste, peut-etre l’expatriation n’est qu’un rêve, que si je partais je le regretterais, je ne sais pas…

  2. Une fois de plus Cédric… Je suis fan!!
    Et pourquoi ne pas simplement vouloir revenir pour tenter de rapporter un peu de ce que l’on a su trouver de meilleur là bas…!
    Dans un monde où il est si facile de claquer la porte, j’aime à croire et me dire que c’est en forgeant qu’on devient forgerons!
    Personnellement, je suis en plein dedans et bien que mon entourage en doute, je n’envisage pas une minute de rester, j’aime trop mon pays (avec ses qualités et ses défauts) pour le voir dépérir et ne pas (au moins) tenter de “l’aider”!
    Et je sais déjà qu’en rentrant je dirais merci au monsieur qui conduit le bus, même si on me regarde comme un extra terrestre! ça m’a tellement donné le sourire à Auckland!!

  3. allez un premier commentaire sur ton blog avec nouvel URL 🙂 Très intéressant cet article, je viens juste de poser mes valises pour une année d’expat au Canada et j’étais curieuse de lire le pourquoi du retour… T’auras mes impressions dans un an, si retour il y a ! 🙂 Bons prochains périples à toi.

  4. A l’heure ou je vais bientôt la liberté totale de choisir une ligne pour la suite de ma vie, je suis également posé la question d’un retour en France.

    Certes, c’est mon pays, ma culture, mes racines… Mais je me sens plus que cela..J’appartiens à un monde global et je vois aussi bien ma place ici, là ou encore là, peut importe si la famille, les amis sont loin: ce qui compte sont les liens tissés et non la distance…Enfin, je pense.

    Dans le cas ou je devais m’expatrier (ahh un rêve de bosser à l’étranger) eh bien, je crois que c’est plus pour le fait de repartir de 0, du challenge, de ré-apprendre à vivre autrement, une nouvelle culture, une nouvelle langue (potentiellement) plutôt que de chercher un pays qui soit mieux que l’autre en ne voyant que les avantages, alors que chaque pays a son lot de problèmes ….

    Je trouve que c’est une manière de retarder l’échéance de la “routine” et de contribuer à garder une stimulation de l’esprit.

    1. Yep, je te rejoins sur ta conclusion et sur ton appartenance à un monde “global”.

      Quant à s’expatrier… Je sais toujours pas en fait !

      PS: Les commentaires marchent sans soucis chez toi 🙂

  5. Oui la France, c’est pas si mal comme vous le dites mais moi je dirais plutôt que c’est le lien qui nous unit à notre pays natal qui est si fort que ce soit la France ou autre avant tout autre obligation.
    Josiane

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