Mon alphabet du Canada

Si vous me suivez depuis l’ouverture de ce blog (6 ans déjà…), vous savez que je porte un amour fou à un pays exceptionnel, où j’ai eu le bonheur de vivre pendant une année entière : le Canada. J’ai beaucoup écrit sur cette destination, sur mes voyages, mes aventures, mes rencontres : des articles pratiques, théoriques, oniriques et même polémiques. En avril dernier, j’ai pu y retourner pour la première fois depuis 2010 et remarcher (un petit peu) sur mes traces le temps de deux semaines. Aujourd’hui, au cœur de cet été parisien à la chaleur assommante, je vous propose de le découvrir sous une nouvelle forme : personnelle, intimiste et alphabétique : MON alphabet du Canada !

Mon alphabet du Canada

A comme Alaska  Highway

Imaginez 2451 kilomètres de bitume, partant de Dawson Creek et allant jusque Fairbanks. Imaginez des arrêts nocturnes, des sources d’eau chaude, des bisons, des montagnes et des tempêtes de neige. Imaginez un bus traçant sa route, encadré par deux forêts dont la limite se confond avec l’horizon. Imaginez un voyage sans début ni fin. Imaginez un compteur qui défilerait sans s’arrêter, bloqué sur l’infini : c’est l’Alaska Highway, la route de tous les possibles, de tous les probables, de toutes les folies !

B comme Blog

En février 2009, lorsque j’ai posté mon tout premier article, j’étais loin de m’imaginer que ce blog existerait encore en juillet 2015, avec le même nom, (presque) la même URL et 700 articles de plus au compteur. Je continue à prendre autant de plaisir à y écrire, à y défendre ma vision des choses, mes conceptions du voyage, à raconter, à décrire, à partager.

C comme Caribou

Voyager, c’est confronter des clichés (pas toujours) éculés à la réalité du terrain. Parmi ceux qui circulent sur le Canada, certains parlent particulièrement du Caribou. J’entretiens avec ce noble et fier animal une relation d’amour absolu. Ainsi, je l’ai en peluche, en photo, en nourriture et en recette. On m’a même offert un cuissot lors de l’achat de Titine, ma voiture adorée !

D comme Dempster

Parmi toutes les routes que j’ai pu fréquenter pendant mes voyages au pays de l’érable, je crois qu’aucune ne m’aura marqué comme la Dempster Highway. Imaginez simplement une ligne de poussière et de rocaille, revêtue de gravillon, tracée du nulle part vers l’ailleurs et passant dans des décors d’une beauté indicible, où l’incroyable côtoie l’exceptionnel : c’est la Dempster Highway !

Dempster Highway

E comme Eldorado

Depuis toujours, je me bats contre une idée reçue terrifiante, qui circule sur toutes les voies de l’information : “Le Canada est un Eldorado”. A travers mes articles, mes interviews, mes rencontres, j’essaie de m’opposer à cette conception, à cette contre-vérité, à cette abomination qui est la porte ouverte à tous les mensonges, les échecs et les pleurs futurs. Le Canada est un pays où il fait bon vivre, où la réussite est possible à qui s’en donne la peine mais n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais un Eldorado.

F comme Français

Quand je suis parti au Canada, je m’étais fixé une ligne de conduite, d’une stupidité abyssale : ne pas fréquenter de français. Partant du principe que les français sont tous des cons, que je valais mieux que les autres et que, de toute façon, je ne partais pas à l’étranger pour fréquenter des cons-patriotes, j’avais décidé de m’enfuir. Combien de temps à tenu cette résolution ? Dix minutes, le temps de rencontrer Virginie puis Pascale puis Nicolas puis mes amis québécois et de me rendre compte que certains clichés ne valent pas qu’on s’y intéresse plus de cinq secondes. Depuis, j’ai même découvert qu’il ne fallait pas avoir honte d’être français pendant un voyage…

G comme Greyhound

Un jour, je me suis dit “Et si au lieu de traverser le Canada en avion, je faisais autrement ? Et si je profitais de mon PVT pour prendre le temps, découvrir, vivre ?” C’était en 2009 et le monde du tourisme ne se branlait pas encore, à longueur de communiqué, sur des histoires de “Slow Tourism”. Ainsi, j’ai fait Montréal – Whitehorse en 7 jours, pour 100 dollars. Une semaine pleine en bus, en compagnie de PPDO, à se planter dans les correspondances, à découvrir des endroits improbables (Wawa, Prince Georges), à se balader dans les grandes villes (Ottawa, Edmonton) et à savourer l’arrivée inévitable de la destination finale, dans la nuit hivernale, à trois heures du matin !

greyhound

H comme Highway

Je ne compte plus les kilomètres qui ont pu défiler sur les compteurs kilométriques. Montréal – Whitehorse. Whitehorse Vancouver (via l’Alaska et les USA, 16 000 bornes au bas mot). Vancouver Montréal. Montréal Terre-Neuve. Les autoroutes d’Amérique du Nord furent mes meilleures amies pendant une année entière, gratuites, fiables et bien entretenues.

I comme Inuvik

Il y a des endroits où l’on va parce qu’il y a quelque chose à y voir, à y faire. Il y a des endroits où l’on arrive parce qu’ils sont là. Enfin, il y a des endroits qui constituent une frontière, une limite, une halte obligatoire. Quiconque ayant roulé sur la Dempster Highway sera d’accord avec moi : Inuvik est un but que l’on se fixe, la fin du chemin, le bout de la route. Chère, laide et sans réel intérêt, c’est une cité perdue dans la toundra arctique, où l’on survit plus qu’on ne vit. Entre une pauvreté aussi indécente que les prix de la vie, on en repart presque soulagé, en ayant une pensée pour les histoires tragiques du passé.

J comme Je reviendrai

A mon départ du Yukon, je me suis promis d’y retourner. Les aléas de la vie, les rencontres et les (très heureux) événements de ma vie depuis lors ont fait que ce voyage tant rêvé est constamment repoussé aux calendes grecques. Cependant, point de regrets car je sais intimement que ce voyage se fera et si ce n’est demain, ce sera alors pour plus tard !

K comme Kuururjuaq

Ma découverte du Nunavik sauvage se fit dans le parc naturel de Kuururjuaq. Trois jours de solitude, d’émerveillement, d’aurores boréales et de beauté brute. L’inaccessibilité du lieu est à la hauteur de la violence des émotions ressenties, des moments d’exceptions vécus et de la qualité des rapports humains. Je sais avoir de la chance de pouvoir voyager ainsi et j’en profite pleinement dans ces cadres précis.

Kuruurjuaq

L comme Liards Hotspring

Au sud de Watson Lake, se trouve un petit hôtel, quelques cabanes et des bisons. A gauche de la route, un petit chemin passe devant une guérite et s’enfonce dans la forêt. Après quelques minutes, une odeur d’œuf apparait et la température monte de quelques degrés : vous êtes arrivés aux Liards Hotsprings, un endroit parfait pour se baigner, se prélasser et s’amuser dans une eau aussi chaude que puante, accessible H24 et J7 !

Bisons aux Liards Hotsprings

M comme Montréal

Montréal. J’ai tout d’abord fantasmé cette ville. Puis je l’ai haï. Avant d’avoir envie d’y retourner. Et, du coup, d’y retourner (justement). Pour quel résultat ? Des retrouvailles amies amères. Un sentiment de déjà-vu, déjà parcouru, atténué par la chaleur des gens, la beauté de certains coins reculés et le goût sans pareil d’une poutine dégustée en très bonne compagnie. Je n’arrive pas à aimer Montréal. Je n’arrive pas à détester Montréal. Pour le meilleur et pour le pire !

N comme Nunavik

Là-haut, c’est le vide, le froid, l’hiver presque éternel. Les Inuits y vivent depuis toujours et tentent de résoudre le dilemme le plus cruel qu’il soit, entre coutumes ancestrales et influence occidentale. Pendant cinq jours, j’ai été plongé dans un univers parallèle, violent, beau, froid et rugueux. J’ai pris une baffe démentielle et je ne redemande qu’une seule chose : recommencer !

aurores-4_1

O comme Ours

L’animal emblématique du Canada. Celui qui fait tourner les têtes, s’arrêter les voitures et crépiter les appareils photo. Un des prédateurs les plus féroces de la planète, trop souvent pris pour une adorable peluche pleine de poils qui donne envie d’être caressée. Chacune de mes rencontres avec ce mastodonte est marquée au fer rouge dans ma tête, que ce soit en Alaska, au Yukon ou sur l’île de Vancouver, pour une poignée de secondes ou pendant de longues minutes. Dégât collatéral de ces moments d’exception : je déprime dès que j’en vois dans un zoo ou au cirque…

Les ours

P comme PVT

Les années 2000 auront vu l’avènement du plus bel accord jamais inventé : celui du Permis Vacances Travail. Pouvoir partir une année entière à l’étranger, y faire ce que vous voulez, comme vous le voulez : le paradis fait voyage ! J’en suis un fervent défenseur, un amoureux récidiviste et je me lamente d’être désormais trop vieux pour pouvoir partir une nouvelle fois, après mes épopées au Canada et en Nouvelle-Zélande. N’empêche, mon PVT, ce fut un sacré moment !

Q comme Québec

J’ai, avec le Québec, une relation d’amour biscornu, un peu “Je t’aime moi non plus”, un poil  “Je te hais” et un tantinet “Mais Dieu que j’aime cette Province”. J’idolâtre la Poutine, le français de là-bas et les paysages. J’ai mangé la meilleure poutine de ma vie à Trois-Rivières et adoré mon premier séjour en 2007. Pour autant, jamais je ne pourrais y vivre et j’ai un mal fou à comprendre pourquoi est-ce que Montréal attire sans cesse plus de jeunes (et moins jeunes) candidats à l’expatriation.

R comme Réserve Faunique des Laurentides

Une colonie comme il existe des centaines. Un séjour classique, paisible… jusqu’à l’arrivée à la Réserve Faunique des Laurentides où j’ai découvert successivement trois choses essentielles. Tout d’abord, que la nature locale est splendide. Ensuite, que les castors ont un don merveilleux pour bâtir leurs barrages en plein sur le chemin de mon canoé. Enfin, qu’un ado qui fait une réaction allergique à une piqure de moustique au beau milieu de nulle part, ça fait de sacrés histoires à raconter !

S comment Saint John’s

Si je vous dis que la plus belle ville du Canada est la capitale de Terre Neuve et Labrador, que c’est une cité européenne, aux petits accents basques et irlandais, avec des maisons colorées, des rues emplies de pubs, un port actif, des montagnes, des phoques et tout ce qu’il faut pour être heureux, que j’ai adoré vivre là-bas et que je regrette ma collocation victorienne, mes 5 chats et mes 8 lapins et  que je donnerais beaucoup pour y retourner, que me dîtes vous ?

Saint Jean

T comme Terre-Neuve

Quand je regarde sur une carte mon année de PVT, mon doigt s’arrête sur trois endroits : le Yukon, Vancouver et Terre-Neuve. En 2009, quand je suis arrivé là-bas un soir de 30 décembre, en pleine tempête de neige, je crois que j’étais le seul PVTiste dans un rayon de 500 kilomètres, le seul assez maboul, tordu, pervers, vicieux pour oser aller s’aventurer sur cette île perdue, battue par les vents et les marées, où les vikings vinrent se balader un tantinet. Je regrette, aujourd’hui, de ne pas y être allé plus tôt et de ne pas avoir pris plus de temps pour m’y installer et tenter d’y construire quelque chose. En tout cas, une chose est sure : j’ai passé mon screechin’ et je suis un vrai newfie !

U comme Unique

Unique : c’est l’adjectif qui décrit le mieux ce que j’ai pu ressentir. Mon expérience, mon vécu, mes émotions n’appartiennent qu’à moi. J’ai beau les partager, en parler, elles restent miennes, uniques. Il en va ainsi de même pour chacun.

V comme Vancouver

LA métropole nord-américaine dans toute sa splendeur, rutilante, brillante, polie comme une pierre précieuse, géométriquement correcte, avec ses petites villes satellites, son grand parc et son coût de la vie exubérant. Lorsque je suis rentré du roadtrip de ma lifetime, j’ai décidé de me poser quelques temps à Vancouver, sans idées préconçues. J’ai trouvé une collocation, un boulot et un rythme de vie. J’ai appris à apprécier les quartiers ethniques (Pendjab Market, China Town), l’efficacité des transports en commun et mon travail (professeur de tennis). Pourtant, dès que PPDO m’a proposé de partir avec elle pour traverser les USA, j’ai littéralement tout plaqué et suis parti. Encore aujourd’hui, je me demande : pourquoi ? Quelle serait ma vie si j’étais resté ? Je crois que mon PVT ne pouvait simplement PAS être placé sous le signe du métro-boulot-dodo…

W comme Whitehorse

Quand j’ai annoncé à mon entourage que je partais vivre au Yukon, je me rappelle une question récurrente : “Où ça ?”. La capitale du Territoire du Yukon est une petite ville de 11 000 habitants, sans charme particulier. Pourtant, les 7 mois que j y ai passé comptent parmi les plus moments de mon existence. C’est d’ailleurs la seule et unique fois où j’ai pleuré en quittant un lieu, en me rendant compte de ce que je laissais derrière moi. C’est la force des instants vécus et partagés qui a donné un sens à ces larmes, qui ne sont jamais revenues depuis.

X comme X

L’inconnu est la plus belle chose qui puisse arriver. Si vous décidez de partir en PVT au Canada, vous trouverez tout ce qu’il faut pour préparer au mieux votre voyage. Cependant rien, absolument rien, ne va vous préparer à la vie réelle et au terrain. Vous pourrez baliser au maximum votre chemin mais pourquoi ne pas vous laisser entrainer sur les voies de traverses, les Terra Incognita qui regorgent de surprises ? Le Canada est un pays plein d’inconnues qui ne demandent qu’à être explorées, découvertes, vécues !

Y comme Yukon

Cinq petites lettres qui ont changé le cours de ma vie : ni plus ni moins. En décidant de quitter Paris pour m’installer à l’autre bout de l’Amérique du nord, j’ai fait un choix d’une puissance insoupçonnée, dont les conséquences agissent encore aujourd’hui, alors que j’écris ces lignes. Un lien d’amour d’une solidité absolue s’est tissé entre le Yukon et mon cœur, que le temps renforce au lieu d’atténuer. Le plus endroit de la Terre !

Frontière entre le Yukon et les TNO sous le soleil de minuit

Z comme Zen

Si vous cherchez du travail, que vous vous engagez dans des discussions un peu périlleuses ou encore que vous souhaitez débattre d’un sujet tendancieux,  vous découvrirez très vite que les canadiens sont zen. Appelez-ça comme vous le voulez : lâcheté, fuite, politiquement correct, bisounours attitude… Dans tous les cas, les locaux n’aiment pas les grandes envolées lyriques et préfèrent le calme à la furie.