Lettre du Svalbard

Ma très chère Norvège,

J’espère que tu vas bien. Comme tu le sais (ou pas), je suis parti récemment explorer un petit bout de terre paumé au nord du nord, une île au nom barbare, un territoire aussi froid que renommé : le Svalbard. Il parait que cette région est à toi (ou du moins en partie). C’est étrange car je n’arrive pas à tout bien saisir. Pourquoi ai-je du passer par la zone internationale pour y aller ? Pourquoi des villes russes, des missions tchèques, des bases chinoises dans ce bout de ton pays ?

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En tout cas, laisse-moi te dire que le voyage pour y aller est sacrément beau et sacrément long. Moi, je suis parti d’Oslo et j’ai rejoint Longyearbyen de nuit. J’avais un rendez-vous secret avec quelqu’un, dans cet avion. Oui. Avec quelqu’un que je n’avais pas vu depuis 5 longues années. Une dame qui ne se montre que dans certaines régions, dans certaines conditions et dont le souvenir est impérissable. Je crois que tu la connais bien, aussi, vu qu’elle prend souvent ses quartiers d’hiver chez toi. Tu as deviné de qui je parlais, bien sur. Boréale. Aurore Boréale et sa robe verte chatoyante qui change de couleur au gré de ses caprices. J’ai réussi à l’observer furtivement pendant qu’elle faisait la belle pour ses admirateurs. D’ailleurs, elle n’a plus adressé la parole jusqu’à ce que je parte à Tromsø. Étrange non ?

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En tout cas : tu ne t’es pas moquée de moi avec ces deux journées au Svalbard. Si le temps a été franchement maussade (pour ne pas dire plus), les expériences que j’ai eu la chance de pouvoir vivre resteront des moments forts dans ma carrière de blogueur-voyageur-rédacteur. Bien souvent, je ne recherche pas la petite bête pendant ces voyages. Je me contente de humer l’air du temps, de vivre (dans le sens le plus physique du terme), de ressentir et de m’approprier au mieux les émotions pour ensuite pouvoir les retranscrire le plus fidèlement possible via ma plume via ce blog.

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Et bien, je vais te dire une autre chose : je n’ai pas réussi. Le Svalbard a brouillé mon réseau neuronal, a perturbé ma perception et a aboli mon objectivité. Je crois pouvoir affirmer, presque honnêtement, que le coin est superbe et qu’il faut y aller. Mais qu’est ce que je possède pour dire ça ? Une balade dans les montagnes, une matinée à faire du traineau à chien, de longs moments passés à contempler le décor majestueux et à écouter les histoires des locaux.

Le Svalbard

Mes souvenirs sont des flashs, des instantanés, des polaroids auto-developpés dans ma mémoire. Je me revois grimper et ahaner dans le blizzard alors que la température tombait à -25°C. Je me revois rentrer dans cette caverne de glace et me demander dans quels boyaux souterrains je m’aventurais. Je me revois sourire béatement devant la beauté incertaine des stalactites. Je me revois me rendre compte que je suis à quinze mètres sous terre, dans une Ice Cave au Svalbard et que je trouve cela normal. Je me revois jurer et m’essouffler en ressortant de la et en me mangeant une bonne rafale de vent dans la tête.

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D’ailleurs, tu sais que cette couverture blanche dont tu aimes te parer, je la trouve drôlement froide, pour une couverture. Quand elle vient t’entourer, se glisser autour de toi, c’est pour mieux te geler, te refroidir, te tuer. La fièvre blanche, la lente agonie vers le doux et éternel sommeil. Bien sur, les risques pour moi de mourir dans ce cadre précis étaient infimes. Par contre, quel pourcentage de chance que je me fasse attaquer par un ours blanc, ceux-la même qu’on voit partout, en panneaux, en peluche, empaillés ?

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Bientôt, je vais t’écrire d’autres lettres. Je vais te raconter en détail ce que je fais et comment je l’ai fait. Je te montrerais des photos, des vidéos et nous rigolerons ensemble, ta tête posée sur mon épaule, devant un bon feu de cheminée. Je te ferais vivre mes frissons, mes humeurs, mes rigolades. Mais ce sera plus tard.

A bientôt, ma Norvège
(Et merci pour tout !).

Ce billet constitue l’introduction à quelques récits concernant le voyage #NorwayOfLife réalisé en partenariat avec Visit Norway, pour le compte de la Team Givrés, entre le Svalbard et Tromsø, en mars 2015.