Le temps d’un été

Il est étrange ce début de mois d’août au Yukon.

Cela fait maintenant six mois que je suis en PVT dans ma contrée nord canadienne et jamais les choses ne se sont enchainées aussi vite, d’un road trip alaskaien à l’arrivée d’un nouveau colocataire en passant par mes nouvelles attributions professionnelles d’aide bucheron.

Comme un piaf basique, je commence à sentir en moi des envies de changement, de décollage.

J’ai l’impression que j’ai fait mon temps ici à Whitehorse, Yukon…
Et pourtant ! Je continue chaque fois à découvrir de nouvelles choses, de nouveaux endroits. Ainsi, j’ai enfin vu Carcross et Emerald Lake, bijou aquatique aux allures de lagune paumée.

De nouvelles rencontres, toujours et encore dont beaucoup n’auront pas de lendemain, comme à l’habitude. Il faut dire aussi que je ne fais pas, plus autant d’efforts qu’à une certaine époque pour essayer de créer des liens solides d’amitié. Peut-être est-ce du à une relative superficialité, peut-être est-ce l’atmosphère des habitudes canadiennes qui déteint sur moi… Qu’en sais-je ?

Malgré tout, mon anglais n’a jamais été aussi bon, je retrouve un équilibre financier et m’éclate physiquement parlant avec ce nouveau taf’ en plein air. Mais se plaindre est mon credo, mon art de vivre. Et je sens pertinement que c’est la fin d’une époque par ici et qu’il sera bientôt temps de refaire les valises et de partir vivre quelque chose d’autre dans ce Canada dont je connais que peu de choses au final.

En septembre arrivera Georges et ce sera alors le moment du départ. Je laisserai à ce moment-la beaucoup de choses derrière moi, des choses que je n’oublierai jamais.

Mais ainsi suis-je, pas sédentaire pour un sou, la blague foireuse au bout des lèvres, toujours prêt pour une idée alakon.

En attendant tout ça, je retourne dès lundi couper des branches et les broyer, regarder Darryl cuire des steaks au lance flamme, déjeuner des sandwichs cheddar/jambon et tirer au 22 long rifle sur des saucisses crues (que je dégomme à dix mètres d’ailleurs).

C’était le post mi-figue mi-raison d’un Cedric yukonnais, barbu et chevelu, ex Grocery Clerk et nouvel apprenti bucheron !