La première bouchée…

Premier réflexe en reposant le pied sur le sol de l’Amère Patrie: essayer de comprendre la présence de deux policiers à la porte de l’avion.

Pourquoi sont-ils là ? Viennent-ils intercepter un dangereux terroriste qui aurait fait le vol Londres Paris avec moi ? Ai-je voyagé et risqué ma vie inconsciemment ? Avez-vous failli ne plus jamais lire la merveilleuse prose de votre (absolument pas) humble serviteur ?

Aucunement. Ces messieurs ont tranquillement attendu, tout en essayant de draguer une des hôtesses, la descente d’un passager particulièrement basané et que j’ai entraperçu encadré par deux armoires à glaces costardisées.

C’est quand même un beau symbole que j’ai vu là après mon année d’absence: ni fleurs ni trompettes mais une présence de l’Etat-Sécurité avant même de fouler le territoire. Le proscrit se voit remis aux mains de la Loi avant même de sortir de l’espace international qu’est un avion !

Ce qui m’amène à me demander en passant si un avion est un territoire national ou peut être assimilé à quelque chose de ce genre-là.

Mais si passe outre cet accueil viril et musclé, force m’est de constater après plus d’un mois de présence continue ici que rien ou presque n’a changé.

Le RMI est devenu le RSA. L’Anpe devient un Pôle Emploi et c’est toujours le même bordel dans la paperasse. Les Patrons ne daignent même plus envoyer des lettres de refus et encore moins accuser réception de la candidature. Les grêves se multiplient comme à tire l’arigot et la France passe ses nerfs sur Raymond le Maudit.

Mais dans ce marasme ambiant et dans la déchéance continue d’une société méchamment à bout de souffle (copyright Godard), il reste une valeur sure qui contribue à me soutenir moralement, toujours présent et disponible :

Le camembert dans le frigo !

PS: Si vous voulez entendre de vive voix un témoignage sur le Yukon, ça se passe par ici dans une émission de France Inter: Voyage au Yukon