La mère veille, une !

Premier volet de cette nouvelle série (sans fin ou pas, c’est selon) consacrée aux merveilles, avec un petit voyage nostalgique vers mes terres de rêve, d’émotion, de génération futures, toussa toussa (copyright vousavékoi).

Tombstone – Yukon, Canada

Une route gravillonnée, fruit du labeur de l’être du nord pour relier un trouduku – Inuvik – au reste du monde. 650 bornes de caillasse démentielle, serpentant au creux d’une espèce de vallée préhistorique, dans le cœur d’un des plus beaux parcs du Canada.

J’ai attendu quasiment six mois pour y faire ma première excursion, accompagné des légendaires Pieréniko, sur le chemin de notre RT Nordique déjà légendaire.

Quelle baffe ! Le temps maussade, pluvieux, semblait n’exister que pour souligner la masse lourde et immuable de ces montagnes, où l’on devine sans les voir des chemins, des creux et des vallées oubliées depuis Rahan, où les noms eux-mêmes sont géologiques ou animaux: Grizzly Lake, Diamond Lake and co.

Le long de cette (auto)route, des lacs Moosesques où se baignent les animaux éponymes, regardant d’un oeil soupçonneux les voitures vomissant toutes portières ouvertes des flots de touristes photographes, éblouis par ces quadrupèdes somme toute très stupides.

Un Campground sert de lieu de base aux randonnées, vague espace où les humains se rassemblent autour d’un poêle, dans un shelter ouvert aux quatre vents.

TNP est une ode à la Nature dans sa splendeur, une invitation à la rêverie paresseuse, comme un voyage dans un temps incertain, loin de toute certitude de civilisation et de repères préprogrammés. On y accepte la fatalité de l’accident avec une relativité toute spéciale, on apprend à ne plus compter les kilomètres et à subir passivement les éventuels contretemps, sachant que les questions ne se posent pas en si mais en quand.

Tombstone, monument en péril, joyau menacé, souvenir éternel.