How would you like your T ?

Tongue, nom très évocateur en soi, est cité dans le Routard comme un charmant petit lieu de villégiature, situé à proximité d’un délectable estuaire et dotés, de surcroit, de la superbe ruine d’un non moins formidable château.

Kyle of Tongue

Vu que le plan savamment orchestré par DeT s’est avéré être une belle cagade (pour plus d’infos, relisez le billet précédent), nous nous sommes réfugiés dans l’auberge la plus proche du coin, une bâtisse de fort bel aloi, tenue par une demoiselle aussi piercée que sympathique et qui nous a chargé environ 40£ pour deux personnes en dortoir… séparés !

Car oui, aujourd’hui, au XXIème siècle, il n’est pas possible que des personnes de sexe opposé puissent partager le même espace de repos, cela serait beaucoup trop indécent, immoral, choquant, dangeureux (et j’en passe) et pourrait même – horreur et damnation! – donner lieu à des scènes de coït bestial, des ruts animaliers, de la reproduction gang-bangesque Xrated.

J’ai donc eu le droit de partager ma modeste chambre avec trois autres mâles pendant que Médème avait une pièce immense pour elle toute seule, vu qu’elle était la seule cliente de l’auberge ce soir-là… On m’y reprendra !

Kyle of Tongue V2

Le lendemain, nous nous sommes acheminés vers le spot touristique du coin: le fameux Varrich Castle, qui tiendrait son nom d’une circonstance inconnue datant d’une époque indéterminée. Moi, je penche pour l’histoire de la belle mère remplie de varices (ou d’avarices) et qui aurait fait construire ce truc pour pouvoir se retirer en paix, d’où l’appellation de Varrices Castle, déformé avec le temps en Varrich.

Faisant fi de ses considérations néo-linguistiques, force est de constater que du dénommé Castle, il ne reste guère plus d’une gaillarde tour surplombant avec virilité le fameux Kyle local. Le chemin pour y accéder est aisé, peu pentu, rempli de moustiques et se fait en une gentille vingtaine de minutes.

Ladite Tour

Sur le chemin du retour (oui nous avions laissé nos sacs à l’auberge, histoire de bien galérer, quand on est des boulets, on assume jusqu’au bout), mon regard s’est arrêté vers un bien sibyllin petit signe: “Cake and Coffee”, accroché à la grille du cimetière local.

Confiant autant en mon instinct qu’en mon appétit, j’ai suivi les flèches, pénétré dans l’église puis dans une salle puis dans une autre salle et enfin atteint le lieu de réunion du cercle paroissial local où j’ai été accueilli par une dizaine de mamies ravies de voir une tête inconnue apparaitre dans l’ouverture de la porte. Sourires, exclamations et  un superbe buffet de gâteaux, tout cela dans une ambiance d’Inspecteur Barnaby, avec des tables recouvertes de toiles cirées, des bouquets de fleurs artificielles et un service à thé victorien (au moins) : nous avions l’impression d’avoir sauté dans le temps et d’être arrivés dans une autre époque, faite de douceur, volupté et veuves de guerre.

DeT et moi nous sommes donc lancés dans une belle aventure culinaire, à base de Carot Cake (pour elle) et de Chocolate Cake (pour moi). Trois parts, une cafetière et 7£ plus tard, nous repartons le ventre rempli… jusqu’à ce que Médème se mette à se tenir le ventre, à pousser des râles aiguës, à tituber et à menacer de régurgiter tout ce que son ventre contenait (beaucoup de choses en vérité).

Encore aujourd’hui, nul ne sait ce que contenait ce gâteau : sulfure de potassium, cyanure, acide décarbonisé, vitriol, carottes pas fraiches ou œufs périmés mais le fait est que j’étais sur le point de devoir la transporter sur mon frêle dos pour la sauver des affres de la mort (et j’exagère à peine).

Finalement, tout est rentré dans l’ordre et nous avons gagné notre lieu suivant de HitchHiking pour tenter de rallier Thurso.

Next Step

Tout d’abord, c’est un monsieur en camionnette qui s’est arrêté en nous proposant de nous embarquer à Inverness, offre que nous avons refusé (avant de se rendre compte que c’aurait été en fait une très, très bonne idée !).

Puis, une milady néozélandaise originaire d’Invercargill nous a donné un petit lift de 5 bornes jusqu’à la boite postale locale où elle était sure que nous serions pris rapidement… chose qui s’est avérée exacte puisqu’une demoiselle passant par là, attirée par le rouge drapeau canadien de mon Sakado (ou par la beauté indécente de DeT, allez savoir !) nous a demandé d’attendre  le temps qu’elle aille poser ses courses.

Dur !

Une ride d’une heure plus tard, c’est en vie que nous sommes arrivés dans le Trouduku des Highlands et objet du prochain article : Thurso la maudite !