Guide de survie en milieu hostile: la colocation

Suite à une discussion fortement intéressante avec une éminente partie de mon lectorat alsacien, il m’a été amicalement suggéré de quitter temporairement les eaux boueuses de la dépression post-retour pour reviendre sur le sol plus ferme du racontage de choses vécues.

La collocation: action de faire tenir plusieurs humanoïdes de sexe varié dans un espace restreint et ce dans un but essentiellement économique. Autrement dit, le plus qu’on est de fous, le moins qu’on va payer cher.

Il importe également de préciser que ledit espace peut être d’une taille acceptable (maison), tolérable (appartement) ou infernale (canapé dans un salon). Cela va jouer un rôle déterminant dans la viabilité de votre projet comme nous allons le voir de suite tous ensemble dans le petit florilège suivant:

1) Tes collocs soigneusement choisiras:

Dans notre cas, pas (trop) de problèmes. On a eu une alsacienne qui était sensé rester deux semaines mais qui a campé hanté le salon pendant six mois. On a eu un évadéo, des photographes, un Pierrénico, une Alexandra, deux Nico, une PPDA, un Georginou, des americains barbus et moustachus… Bref, une foule variée mais dont la présence était annoncée en amont et soumise à la Vox Populi de l’Assemblée des Colocataires qui se réunissait dès qu’il le fallait en session extraordinaire dans la chambre de Pascale dans le salon.

2) Tes factures soigneusement annoteras

On a tenté souvent au début, de faire des courses pour tout le monde. Motivés, gais et heureux, nous faisions une liste commune et un joyeux larron se motivait pour partir en expédition, dans le froid polaire, jusqu’au Canadian Superstore. Puis on comptait, divisait et tout le toutim des apprentis comptables. Autant vous dire que ça a pas fait forcement long feu: mes goûts en cheddar n’étaient pas forcement les mêmes que mes collègues, tout comme leur lait me faisait vomir (je suis lactophobe absolu).  Donc on a trouvé une solution alternative: acheter à l’instinct, mater le frigo avant de partir ou bien ne pas se prendre le chou du tout. Il est ainsi arrivé que les poissons gagnés par l’un finisse dans un barbecue géant, que la bouffe amenée/offerte/envoyée soit partagé et ainsi de suite. On avait plus ou moins défini au début un espace de rangement pour chacun mais ça n’a jamais vraiment tenu, en sachant qu’on arrivait toujours à savoir quoi était à qui (d’ailleurs si je chope un jour celui qui m’a fini ma dernière tranche de cheddar !).

Par contre, v’la le dawa avec le Net. Avec les arrivées et départs, les transits et les factures décalées, on n’a jamais su qui devait quoi. On se fiait donc à PPDO et ses calculs savants qui déterminait avec des équations à X inconnues divisées par le nombre de pattes d’un cafard manchot qui avait à payer quoi. Et des fois, ça tournait au Poker quand les billets changeaient de mains en mains autour de la table.

Enfin j’inclus le loyer qui se rattache à la partie Poker, quand approchait le jour fatidique et chacun devait vider ses fonds de poche pour rassembler la somme due. D’ailleurs j’insiste sur le fait qu’il faut se mettre d’accord très vite pour ne pas se retrouver avec des mauvaises surprises du genre “Hein ? Combien ? Mais on avait dit tant !” Et patatipatata.

3) L’intimité des autres, tu respecteras

Bon quand on dort dans un salon, c’est pas facile. Mais la règle d’or de “La porte fermée, c’est terminé” a toujours bien marché. Et toquer avant d’entrer, c’est pas mal aussi. De même que ne pas fouiner dans les placards des autres.

4) L’amitié, tu construiras

Faire des soirées Uno, se mettre des mines, bouffer un barbecue dans le jardin. Une colloc’ se construit aussi par des activités sociales partagées entre tous. Par contre, celui qui ne veut pas, aucun problème. On était pas chiants à ce point-là et presque tolérants par moments.

5) Le ménage tu feras

Quand j’étais le seul mec, je me faisais étripailler à cause de certains trucs dans la salle de bains. Quand le ND est arrivé, j’ai pu me cacher derrière lui et l’accuser à ma place. N’empêche, le PQ tombé dans la cuvette des Wc, c’était pas moi. Et tout ça pour dire qu’on a jamais fait de planning et que c’était à la bonne volonté de chacun selon le moment.

6) Le contact gardera

On a beau maintenant tous être partis aux quatre coins de la Terre (France), on se lâche pas. Et je suis sur que c’est ultra méga essentiel de ne jamais oublier ses collocs adoré(e)s avec qui on a passé de si bons moments.

Et pour finir en beauté, ma colloc’ idéale:

Une Pascalounette, une PPDO et un Evadeo, un ou deux Nico, des lapins et un grand jardin, la mer pas loin et des montagnes à côté, un frigo rempli de poutine et de cheddar, plein de caribous et de poissons au congélo, une connection internet démente (pour bien avoir de la bande passante), plein de grandes chambres (sauf pour qui vous savez), pas de télé (surtout pas !), un garage à vélo avec des vélos et c’est parti pour la Maison du Bonheur !