Une sortie en famille: le GR54

Une fois n’étant pas coutume, j’ai délaissé, le temps d’une dizaine de jours, mon éternel costume de vieux baroudeur barbu et solitaire pour endosser un habit plus inhabituel (et dans lequel je n’ai eu aucun mal à rentrer, contrairement à certains détails que je ne vais pas dévoiler ici !). En très bonne et estimable compagnie, j’ai parcouru une nouvelle fois les montagnes de notre (Haute) Savoie nationale, d’Annecy et consorts et profité sans répit des merveilles offertes par une Nature généreuse, un soleil de bon aloi et une gastronomie parfaite. Dans le cadre d’une de ces échappées, Monsieur l’Organisateur en chef des Hautes Oeuvres a eu la riche, immense et terrifiante bonne idée de nous emmener randonner dans un coin parfait, avec nuit au refuge et jolie(s) balade(s) au programme. Un lieu parfait où trainer en famille, un cadre exceptionnel pour enchanter les petits et les grands: c’est l’objet de l’article de ce jour !

Titre

Randonner en famille le long du GR54

Pour ceux qui seraient fâchés avec les acronymes, les deux lettres GR renvoient à l’expression “Grande Randonnée”. Il se trouve que la France est parsemée d’un nombre assez incalculable des ces fameux “sentiers de grande randonnée”, permettant à tous de profiter des joies du plein air, des montagnes et des villes. Pour notre part, c’est le 54 “Tour de l’Oisan et des Ecrins” qui a retenu toute notre attention, et plus spécifiquement sa partie débutant du côté de Villar d’Arène et allant jusqu’au Col d’Arsine.

rando

Au programme des réjouissances: deux heures de randonnée facile, environ 379 mètres de dénivelé (sur une seule grosse côte) et des promesses de rencontres avec la faune du coin avant de passer une nuit au douillet refuge de l’Alpe de Villar d’Arène, présenté comme LE spot pour une première fois en famille…

La première partie (Grimpe, grimpe !)

Une fois passé le glacier de la Meije, enfoncez-vous dans la vallée, passez le camping municipal de Villar d’Arène et avancez en laissant le torrent à votre droite. Après avoir croisé un premier parking bien rempli, ne vous arrêtez surtout pas et foncez toujours tout droit jusqu’à arriver, finalement, au (vrai) lieu de départ de la randonnée, dans un cadre ma foi pas trop moche.

Début de la randonnée GR 54

Le chemin serpente gentiment (et assez platement) sur une première partie avant de commencer à se rappeler qu’il est alpin et montagnard et, donc, de tendre plus vers les 90° que les 180 ! Rien de bien tragique cependant, la montée se fait sans soucis du moment que l’on a toujours des semelles sous ses chaussures (car oui, une certaine #DeT de ma connaissance a réussi l’exploit de perdre les semelles de ses chaussures après 3 minutes de marche. Elle a du faire tout le reste du chemin avec une paire empruntée au père, deux fois trop grande pour elle et comblée avec des chaussettes).

Panneau début de la randonnée

Premier tronçon du GR54 vers le refuge de l'Alpe

Entre deux pauses pour se restaurer et se rafraichir (l’amplitude d’âge dans mon groupe étant quand même de 60 années, il fallait bien que chacun puisse aller à son rythme et je n’allais pas risquer de faire la Une des journaux en laissant les uns et les autres mourir de déshydratation, de malnutrition ou d’encore d’ennui…), on profite du beau paysage en se disant que la montée touche bientôt à sa fin !

chemin parcouru

Après une dernière (grosse) suée et avec l’aide des bâtons (pour certains), ladite montée est vaincue et le plateau offre à nos yeux émerveillés un spectacle d’une beauté sans nom: une ligne droite sans presque aucun dénivelé, promesse de repos et de gambadage parmi les hautes herbes et les bouses de vache !

La seconde partie (HLM pour marmottes)

Si vous avez été un enfant (cela arrive, même aux meilleurs), vous savez donc que certains animaux exercent un attrait surréaliste, teinté de mignontittude, de Kawaï et d’envie de gros câlins. Or, dans les Alpes, une bestiole remplit toutes ses conditions (et bien plus encore): la marmotte. Depuis son petit terrier, elle adore prendre le soleil, la pose et la fuite (dans l’ordre). Bien souvent, le touriste alpin égaré passe son temps à tourner la tête dans la direction des sifflets entendus plutôt que de voir la fameuse peluche en action…

Marmotte (trop mignonne)

Quand vous aurez gravi la pente et que vous serez arrivés sur le plateau, vous comprendre très vite quelque chose: c’est ici le Royaume des Marmottes. Elles sont partout à votre droite et à votre gauche, ont creusé des milliards de terriers tout au long de la route et semblent prendre un malin plaisir à vous guetter pour mieux déguerpir au moindre déclic d’un APN (ou Reflex). D’intéressantes parties de cache cache ont ainsi lieu entre les randonneurs et les locales, les uns tentant de prendre le cliché d’une vie tandis que les autres ne cherchent qu’à se débarrasser de ces gros lourdauds qui les empêchent de marmotter tranquillement.

Petit jeu alpin

Vous l’aurez compris: cette seconde partie est un plaisir pur. Les tintements des clarines résonnent dans l’air, les enfants s’amusent comme des petites fous et le paysage est vraiment, vraiment génial. Encadré par des massifs de toute beauté, le chemin trace tranquillement sa route, sans stress ni paillettes et constitue la plus belle des invitations possibles à la farniente alpine (si tant est qu’elle existe !).

Un torrent sur fond montagnard

Une vallée, des chemins

A proximité du refuge, de nouvelles rencontres se produisent, assez inévitables à une telle altitude. En effet, si Yellowstone a ses bisons, les Alpes ont les vaches. Icône incontournable, ces paisibles ruminants passent leur temps à paisser, ruminer, paisser, bouser, ruminer, meugler, bouser et, de temps à autres, à se faire traire (par un homme ou un veau, c’est selon). Les alpages étant leur Empire, elles possèdent un droit de regard absolu sur tout les bipèdes piétinant leur herbe et elles ne manquent de se placer au beau milieu du passage, pour bien signifier les choses !

Une vache

Le pire, c’est qu’elles ont très bien compris que l’union fait la force et il ne vaut mieux pas, dans ces conditions là, risquer de fâcher Madame, au risque de se voir enfourché d’un vaillant coup de tête zidanesque !

Coup de corne à venir

Enfin, après toutes ces rencontres aussi périlleuses qu’attendrissantes (1 heure de marche à tout casser hein…), voici venu le temps de se réchauffer et de déguster un repos bien mérité puisque le refuge tant attendu apparait à l’horizon !

Le refuge de l'Alpe

La troisième partie (Miam, Zzzz)

Dormir et manger dans un refuge est une expérience étonnante. Bien qu’ayant fréquenté de nombreuses auberges de jeunesse tout au long de mes voyages (et rencontré ainsi de bien curieux spécimens humains), rien ne m’avait vraiment préparé à ce que j’ai vécu cette nuit là. Tout d’abord, il faut savoir que ce refuge est situé dans un espace-temps différent qui risque de faire craquer le premier geek venu: le téléphone ne capte pas et il n’y pas d’internet à disposition. De plus, les dortoirs ne sont pas éclairés, les douches sont chaudes seulement quand il y a du soleil et, enfin, le lever se fait impérativement à 7.30 (alors que le couvre-feu est à 21.30).

Le lieu

Alors du coup, mes chers amis, que faire pour rester vivant sous un joug pareil ? Et bien tout simplement retrouver des réflexes ancestraux et revenir aux bonnes vieilles traditions du vingtième siècle: des livres, des rencontres humaines, des discussions et de simples moments de silence avec un âne, à regarder le soleil se coucher et à écouter les vaches meugler entre deux bouses.

La lune s'est levée sur la montagne

Loin d’être un moment de souffrance, cette soirée fut surtout l’occasion de profiter d’un vrai moment familial, au sens le plus noble du terme. Le refuge, qui regorge de jeux de sociétés, est THE place to be pour ceux qui cherchent à se trouver, se retrouver, se découvrir ou se faire plaisir. Les rires des enfants égaient la salle commune sous le regard débonnaire des papas et mamans fatigués. Les sourires rayonnent sur les visages, la nourriture servie à table simple et solide et tout appelle à une belle et bonne nuit de sommeil.

Pour ceux qui ne connaissent pas les quelques règles de base à respecter dans de tels lieux, en voici quelques uns à noter précieusement pour ne pas vous faire avoir. Le “sac à viande” est obligatoire pour dormir, les lits étant des matelas recouverts de (grosses) couvertures et partagés deux à deux (un grand matelas pour deux personnes), le tout dans des dortoirs mixtes pouvant accueillir beaucoup de gens. Une lampe de poche (type frontale) est essentielle car les lieux ne sont pas éclairés la nuit. Quelques vêtements chauds seront les bienvenus, de même que du bons sens... et du silence, histoire de ne pas réveiller tout le monde en explosant de rire à minuit ! Le respect des autres est impératif dans une pièce où la promiscuité est réelle. Enfin, la réservation est obligatoire, sous peine d’avoir à passer la nuit dehors…

Croyez le (ou non) mais, en tout cas, à 10 heures pétantes, je dormais comme un loir, à peine éveillé par les cris de la famille de psychopathes qui dormait en dessous et du petit con qui est sorti huit fois dans la nuit pour pisser sans sa lampe torche par les bruits des boulets voisins de chambrée. Le réveil du lendemain, un peu tumultueux et le petit déjeuner qui a suivi, copieux et parfait, sont une fin parfaite et un début idéal pour partir à l’aventure vers de nouvelles randonnées !

Pour aller plus loin

Le site officiel du Refuge de l’Alpe de Villar d’Arène comporte toutes les informations que vous avez besoin de connaitre pour y passer une nuit (ou toute la vie). Vous y apprendrez qu’une nuit coûte basiquement 19€40 et que les repas, non obligatoire, sont facturés 18€ par personne. La grille tarifaire explique toutes les finesses et éventuelles réductions auxquelles vous pouvez prétendre ! Si vous avez du temps à passer en plus, n’hésitez surtout pas à solliciter l’aide du gardien André (et de son staff), il ne manquera pas de vous orienter vers les activités les plus adaptées à votre personne/groupe/envie.

Situé en plein alpage, le refuge de l’Alpe vous accueille, petits et grands, pour une randonnée à la journée, une première nuit en refuge, une étape sur le GR54 ou vers un autre refuge (Pavé, Planchard). Les enfants pourront courir, grimper, se rouler dans l’herbe… A eux la liberté ! C’est aussi le point de départ de courses en montagne vers différents sommets (Agneaux, Neige Cordier, Chamoissière, la Pyramide…)
Source

La page “Randonnées pédestres” propose de nombreux chemins très sympas. A titre personnel, je recommande chaudement de monter, en une vingtaine de minute, sur un second plateau rocheux où les possibilités de jouer à l’aventurier Indiana Jones sont un terreau incroyablement fertile pour l’imagination des p’tits (et des grands, preuve j’en suis) !

caillous

Pour les autres, le chemin peut se poursuivre au cœur du Parc des Écrins, pour de longues et nouvelles heures de marche, en n’oubliant surtout de respecter les consignes bien connues…

L'entrée du Parc des Ecrins

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