Dix conseils à suivre pour RATER votre voyage

Voyager, c’est bien. Voyager, c’est beau. Voyager, il parait que c’est une expérience qui vous fait sortir de votre zone de confort, vous permet d’explorer des horizons méconnus, loin des influences occidentales, du consumérisme latent de nos sociétés, dans un esprit éthique, équitable, citoyen et raisonnable. Parfois, voyager, ça peut aussi être une source infinie d’emmerdements, d’ennuis, de galères, de soucis, de problèmes. Beaucoup de blogs proposent des solutions toutes faites pour vous accompagner, vous aider, vous apporter leur(s) expérience(s) de baroudeurs expérimentés. Aujourd’hui, je propose exactement cela : DIX conseils à suivre ABSOLUMENT pour RATER votre voyage de la façon la plus LAMENTABLE qu’il soit !

Dix conseils à suivre pour RATER votre voyage

1) Suivez les guides de A à Z

Avant, lorsque je préparais mes voyages, ma priorité absolue, N°1 et indiscutable était de choper la collection intégrale des guides édités sur la destination où je partais. J’épluchais chaque ligne de chaque phrase de chaque paragraphe. Je surlignais, annotais, remplissais, cochais. Ma confiance envers les auteurs était absolue, aveugle, totale. J’aurais pu sauter du Golden Gate les yeux fermés avec un pingouin sur la tête et une chèvre dans les bras si ça avait été écrit et conseillé.. Mais ça, c’était avant. Avant que je n’apprenne certaines choses, que je ne découvre certaines pratiques et certaines réalités. Désormais, je préfère recouper les informations, demander des avis et prendre le temps, simplement. Les guides sont toujours mes amis MAIS…

2) Partez avec un programme minuté à la seconde

Une fois embarqués dans le Bus N°548-7 à destination de Bachibouzouk, correspondance avec la navette aéroportuaire N°44-XX qui dépose à l’arrêt HH-KJV4 où nous allons être récupérés par notre taxi (immatriculé XXXCHD-68) en direction de l’hôtel “Best Place on Earth” où  la chambre N°784 (5ème étage gauche, palier de droite) sera prête à 18 heures 57 (heure de Pékin). Nous aurons alors 78 minutes pour défaire les sacs avant d’aller visiter le musée des Lagopèdes Empaillés, partir en excursion sur le Mont des Pendus, déjeuner à l’Auberge des Pigeons Emplumés (Menu Entrée – Plat – Dessert à 23 Bouzeks). L’après-midi, excursion aux Chutes du Noyé et rencontre avec un éleveur de limace (dégustation de produits locaux et possibilités d’achats). Le soir, spectacle traditionnel de danse sur échasses par le groupe folklorique des Joyeux Lurons.

3) Emportez tout et n’importe quoi

OK. Vous partez dix jours chez Tata et Pépé. OK, c’est à Triffouilly, pas loin de Saint Bébért. OK, c’est la cambrousse profonde, avec plus de vaches que d’habitants dans les villages. Est-ce pour autant la peine d’embarquer le GPS, les raquettes de randonnées, le gilet pare-balle, le thermos de Chaï, les raquettes de badminton, assez de bouffe pour tenir un siège, 10 litres d’eau, les pastilles purificatrices, trois matelas, l’intégrale de la Pléiade, deux polaires, trois maillots de bain, le tout dans cinq valises, trois sacs à dos ? Notez que cela vaut aussi pour les Backpackers en mode “Survivor – Highlander” qui embarquent un sac de 80 litres pour un voyage de cinq jours aux Shetlands, comme j’ai eu l’immonde idée de le faire et qui m’a valu de subir le sourire narquois de Georginou himself pendant que je m’enfonçais dans la tourbe alors que lui bondissait aisement.

4) Partagez chaque millième de votre voyage

Être un enfant du XXIème siècle ultra-connecté, présent sur tous les réseaux sociaux passés, présents et à venir, c’est grave l33t. Avoir une présence numérique impactante permettant d’être considéré comme un influenceur 2.0 dont les tweets font et défont les réputations, c’est génial. Posséder une communauté nombreuse et réactive, acquise de façon organique et naturelle, toujours prête à liker, RT et partager les publications divers et variées, c’est frais. Pouvoir compter sur des milliers d’amis virtuels toujours au taquet pour aider, orienter, accompagner, c’est méga cool. Pour autant, est-ce une raison pour camper sur le premier réseau ouvert disponible, y passer trois heures, bouffer toute la bande passante, exploser le quota alloué, emmerder tout le groupe qui voyage avec vous, exposer votre dernière diarrhée à la vue de tous ? Je vous assure que se taper un détour de 150 kilomètres pour choper UNE barre de Edge et se retrouver à 8 dessus, c’est LOURD, surtout pour ne rien poster au final parce que “ça foutrait en l’air le natural-flow de mon feed, tu comprends”.

5) Croyez que tout ce que vous lisez sur internet…

Un proverbe dit qu’on ne ment jamais autant “qu’avant le mariage et en revenant de la pêche”. Si j’étais taquin, je pourrais rajouter, subtilement : “et en racontant ses voyages”. En effet, si je (je ne vais pas employer le “nous” ou le “on”, ce serait trop #troll) devais raconter exactement la vérité vraie véridique des voyages, Dieu seul sait combien nous nous emmerderons. Il est de bon ton (et de bonne guerre) d’enjoliver un tantinet soit peu les récits les plus banals, afin d’en faire des histoires un peu plus bankables et racontables. Ainsi, le caniche de Mémé Roberta va devenir un molosse enragé, la petite vague qui a trempé les chaussettes à marée basse va se transformer en Tsunami (et ainsi de suite). Du coup, quand vous lirez, à propos d’un panorama, qu’il s’agit “d’une vision sans pareille ailleurs, enchantant l’âme, ravissant les pupilles, éclairées des mille et une couleurs du bonheur et qui restera à jamais ancrée comme un chef d’œuvre d’une beauté inouïe que les mots ont du mal à décrire”, pensez juste à faire une petite recherche, juste au cas où…

6) … Et aussi que tout ce vous voyez

Je vous laisse lire cet article pour comprendre combien le besoin de Buzz peut amener certaines personnes à truquer des clichés afin de susciter du clic, du trafic, de la publicité, de l’argent. Rien à faire, qu’une fois sur place, la plage idyllique aux eaux turquoises soit en fait un dépotoir ou que la Statue Vénérée du Pilier Ardent n’existe pas.

7) Vouloir TOUT faire

Avant : 36 heures de voyage aller ET retour. 3 jours de présence effective sur place. 79 monuments recommandés. 12 restaurants étoilés où manger et 24 “bons plans” à tester. 8 personnes avec qui boire un verre. 5 conférences à ne pas manquer. Après : 87 kilomètres de couloirs de métro parcourus. 45 lignes de bus empruntés. 854 Bouzouks dépensés en frais de taxi. 7 ampoules sur chaque pied. 3 semelles défoncées au-delà de toute réparation. 754 photos prises (dont 79 selfies). 412 tweets postés. “Oui, oui, j’ai adoré mais j’suis fatigué, j’sais pas pourquoi”.

8) Parlez français. Partout

“Non mais sérieux, tu te rends compte ? Je sors de l’aéroport et y a un mec, en uniforme, qui me sourit. Du coup, je vais vers lui, OKLM, toussa toussa et je lui demande, pépére, comment qu’on va au centre-ville. Je prends mon temps, j’articule et lui me regarde bizarre. Je répète, à la fraiche, avec un grand sourire, total respect, zéro embrouille. Il me regarde toujours et me répond pas. Du coup, tu vois, je sens qu’il y a un truc pas net dans l’air quoi alors, je reprends, en ne parlant qu’avec des syllabes, façon Toi parler la France et lui – je te jure – il me baragouine un machin, sur la tête de Tata Yvette, j’ai rien compris. Tu t’rends compte ? Il parlait pas français le mec ! Ouais, je sais, à l’aéroport international de Vladivostok ! Du coup, je me suis foutu de sa gueule, j’ai fait un gros doigt et je suis parti… Ouais sinon, là, je viens de sortir de la cellule et j’embarque, ouais… D’ailleurs, je te raconterais comment je me suis fait embrouiller par un Québécois, un suisse et un belge… Qui aurait cru qu’ils comprenaient le français ces cons-la ?”

9) Ne préparez rien du tout

“Moi, je suis un fou. Un explorateur d’élite qui défriche les territoires urbains inconnus. Je vais là où les autres ne vont pas, faisant confiance à l’être humain, à la destinée, à ma bonne étoile. Je pars avec ZERO euros sur mon compte en banque, aucune assurance voyage et aucun bagage. Aujourd’hui Paris, demain la France, après-demain, l’Univers !”. D’accord. Mais l’imprévu, aussi paradoxal cela soit-il, ça se prévoit quand même. Donner la priorité à la liberté, c’est bien. Partir sans aucune idée spéciale en tête, c’est génial. Ne s’obliger à rien, c’est grand. Par contre, partir pour partir, sans aucune préparation, même minimale, je sais pas pourquoi, je dubite. Un tout petit peu.

10) Copiez-collez votre ici là-bas

Prenez votre vie, vos repères, vos habitudes. Transposez absolument tout dans votre nouvel univers (que ce soit pour une journée ou pour la vie). Savourez le retour du train-train quotidien, du métro-boulot-dodo et des routines si lassantes qui vous fatiguent mais dont vous ne pouvez pas vous lasser. Ne profitez pas du cadre exceptionnel dans lequel vous êtes pour tenter de changer quoique ce soit. N’allez pas à la rencontre de l’aventure, de l’inconnu. N’ayez pas de remords, juste des regrets.