Devoir. Vouloir. Aimer.

Les clichés se bousculent dans ma tête pendant que je tente de trouver une approche correcte à cet article.

Je devrais, si j’en suis ma logique, écrire quelque chose sur l’Alaska et sur les coins à voir. Je devrais vous conter le bonheur d’errer en liberté sur les routes américaines, croisant de temps en temps des ours, des caribous ou tout autre quadrupède mis là par Dame Nature dans sa grande bonté. Je devrais vous narrer les longues randonnées dans les Parcs Nationaux se finissant au pied d’un glacier méchamment réduit par le fil des siècles (et autres causes non naturelles). Je devrais vous raconter le plaisir d’une bière savourée en douce compagnie dans un bar de Seward dans le Kenai.

Je devrais, je devrais, je devrais. Mais je ne le fais pas.

Je ne trouve pas les mots pour imager correctement ces pensées qui s’effilochent, ces souvenirs que je garde précieusement et dont les seules traces a-morales sont de biens vagues objets, un boulon, des cailloux, quelques paillettes d’or et les éternelles photos figeant l’instant de grâce.

Je voudrais vous parler de l’exaltation du départ, de ce sentiment de tout laisser derrière soi, de sentir le vent filer le long d’une Titine roulant sur les routes du Yukon. Je voudrais vous expliquer la joie de voir le soleil se coucher sur les Montagnes du Nord tandis que méandre la Yukon River tout autour de Dawson. Je voudrais vous dire cette tristesse qui étreint le cœur du voyageur quand s’annonce la fin, cette superficialité qui enrobe chaque journée d’un délicieux goût de farniente. Je voudrais discuter avec vous du kilométrage défilant, toujours plus insensé et des changements de route au jour le jour, des imprévus et des moins prévus, de l’imprévisible côtoyant le tout à fait prévisible.

Je voudrais, je voudrais, je voudrais mais encore une fois, je ne le ferais pas.

J’aimerais vous faire part de ma joie enfantine quand je courais avec des chiots autour de moi, de ma passion pour les randonnées to nowhere et mon immense gratitude pour tous ceux que j’ai pu côtoyer. J’aimerais expliquer comment se parle le Tagish, comment pêcher le saumon dans la glace et comment couper des arbres. J’aimerais pouvoir aller avec vous visiter Atlin, Whitehorse, Anchorage ou Denali, randonner en votre compagnie le long de sentiers centenaires et nous voir nous perdre au cœur de la plus touffue des forêts septentrionales

J’aimerais. Je voudrais. Je devrais.

Mais…